dimanche 21 novembre 2010

Simone et la réalité palpable





- Bouge un peu sur ta droite chérie...

- mmmm... qu'est-ce que tu fais Raoul...

- J'adore te prendre au réveil

- Oui, bah attends un peu, parce que je n'en suis pas encore au réveil là, mais juste un peu avant... tu vois ? Et puis je ne suis pas photogénique le matin...

- Tu plaisantes ? Ce mot a été inventé pour toi, pour définir le génie que tu imprimes sur toute pellicule qui voudrait te garder en souvenir !

- Oh j'ai un fait un rêve incroyable tiens ! Il me revient à l'instant...

- Raconte !

- On était chez mes parents, avec Paulette, Charles, toi et moi, un dîner familial quoi. On parlait du charisme des gens, Paulette me dit qu'elle a moins de charisme que moi. Alors je lui réponds que c'est dû à sa pudeur, que si elle ouvrait parfois un bouton de son col pour faire respirer le trait divin qui annonce la naissance pulpeuse de la douceur, tout en suggestion, elle s'en trouverait bien plus charismatique. Mais je lui dis ça en toute légèreté complice, tu vois ?

- Et ?

- Et alors évidemment elle le prend mal et elle m'agresse. Elle me dit :
"Oui, ah bah toi c'est sûr que si on juge ton charisme à ton décolleté, tu es très populaire ! Arrête de faire ta fausse modeste Simone, avec les seins que tu as, même sans ouvrir un seul bouton, tu attires les regards de tous les alpinistes du monde ! Même Charles ne peut pas s'en empêcher !"

Là, Charles se défend :
"M'enfin chaton, je ne regarde jamais les seins de ta soeur !"

Toi :
"Et bien je t'invite à continuer Charlie ! Ceci dit, tu rates quelque chose..."

- ça m'étonne pas de moi tiens...

- Moi non plus, d'ailleurs, je te reprends de volée, et Paulette en fait de même avec Charles :
"De toutes façons, je vois bien tes yeux qui roulent quand tu regardes un film avec la Sofia ! J'en ai marre de toutes ces femmes qui dictent la loi du désir, et toi Simone, tu n'as pas plus de charisme que moi, tu as juste de plus belles jambes, de plus beaux seins et une bouche parfaitement dessinée, c'est avec ça que tu attires les regards, moi c'est quand je chante du Piaf, c'est moins glamour, mais c'est plus profond !"

- Wouaouh... Et alors ?

- Bah j'ai dégoupillé... :
"Mais ma pauv' paulette, tu as le charisme d'une endive, tu as autant de profondeur qu'un dé à coudre, tu pourrais avoir les seins de Sofia Loren, les jambes de Julie Christie et la bouche d'Anita Ekberg que tu resterais aussi transparente que ton mari !

Charles :
- M'enfin Simone !

- Ah tu es là Charles ? Pardon, je ne t'avais pas vu... Paulette, quand tu te décideras à arrêter d'être jalouse de moi, à aimer vraiment ton mari pour ce qu'il est et pas pour l'amour que tu attends qu'il te donne, quand tu te décideras à arrêter de fermer tes cols jusqu'au cou, à croire que montrer ses genoux c'est se condamner à s'y mettre, quand tu chanteras "Nous sommes des soeurs jumelles" plutôt que "L"hymne à l'amour", quand tu arrêteras de mettre des gants pour te mettre de la crème solaire, ou de changer de chaîne quand tu sens qu'un baiser de cinéma électrise ton corps, tu pourras peut-être envisager d'avoir du charisme, mais pour l'instant, tu es plus près de la chenille que du papillon !

- Oui, et bien moi au moins, je ne butine pas de fleur en fleur !"

Raoul :
- Oh la conne...

- Comme tu dis. La boulette. J'ai pris le fraisier sur la table, et je lui ai écrasé en pleine figure ! Et j'ai un peu tourné dans le sens des aiguilles d'une montre, pour bien l'imprégner de ma réponse...

- Et ?

- Et je me suis réveillée ! C'était incroyablement réaliste cette scène... C'est fou les rêves, quand on en sort à peine, c'est vraiment étrange, ce sentiment de réalité palpable et pourtant impossible à toucher dans la conscience retrouvée...

A ce moment-là, le téléphone sonne, Raoul répond :

- Oui ? Ah bonjour... Oui, ça va... Elle se réveille. D'accord... Très bien, je lui dis. Au revoir, oui, bonne journée à toi aussi, merci.

- C'était qui ?

- C'était Paulette. Elle voulait te dire que les tâches de fraise ne partent pas sur sa robe blanche à col Mao qu'elle a payé 2000 francs...

- Quoi ?? Tu veux dire que...

- Que parfois la réalité d'un rêve est aussi palpable que le visage de sa soeur à travers une grosse épaisseur de crème !

- haaaaannnnn... Mais c'est terrible ça ! Mais arrête de rire Raoul ! Raouuul !!! Arrête de rire immédiatement ! C'est dramatique !

- T'aurais vu les yeux de ta soeur, noirs de rage rentrée, qui contrastaient avec la chantilly immaculée ! Deux petites billes d'incompréhension qui roulaient ! Et toi qui me raconte ton rêve à moitié endormie, le sourire aux lèvres ! ahahahaaaaaa ouhouhouuuuuu !!! J'en pleure !

- J'ai tout oublié avec le champagne...

- Ceci dit ta soeur n'a jamais eu autant de charisme qu'avec ces fraises dans les cheveux...

- Raoul !!!

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