mardi 29 mars 2011

Soleil trompeur


- C'est incroyable cette vue... Si j'avais su que te chanter "Fly me to the moon" suffirait à ce que tu me prennes au mot...

- Simone, la lune, je te l'avais déjà décrochée. Pour te surprendre encore, il fallait que je t'y emmène.

- Par contre, il fait un peu frisquet là, j'aurais dû te chanter "Mexico"...

- Simone...

- Je plaisante mon chéri... Tu as vu ce volcan ? Que c'est beau quand la terre gronde... Tu crois que c'est dangereux ?

- Non. Quand l'Homme fera gronder la Terre, là, ce sera dangereux.

- Parce que tu crois qu'un jour on serait assez cons pour faire un truc pareil ?

- Imagine qu'on invente des téléphones portables, des ordinateurs, des écrans plats, que tous ces objets, tout comme les profits des entreprises, aient besoin d'une énergie aussi dangereuse que difficilement contrôlable pour prospérer...

- Oui ?

- Et bien je suis certain qu'ils n'hésiteront pas une seconde. Ils choisiront le profit personnel plutôt que la sagesse collective.

- Ils pourraient donc faire exploser la planète en toute conscience ?

- Je ne sais pas. Avant qu'on fasse une bêtise aussi profonde, j'espère qu'il se passera des siècles... Mais ce qui m'inquiète, c'est l'égoïsme aveugle de l'Homme.

- Raoul, si ça arrive, tu me promets qu'on viendra habiter ici ?

- Tu n'auras pas froid ?

- Si ça continue, on aura un nouveau soleil... Et celui-là, on pourra expliquer sa naissance à notre enfant. Enfin, est-ce qu'on pourra d'ailleurs...

- Tu le sens bouger ?

- Oui, il me donne des petits coups... Raoul, je veux qu'il connaisse l'océan, les parfums de la nature, le soleil qui se couche, le nôtre, le plaisir des fleurs, la lumière du petit matin, et tout ce qui fait la vie...

- Moi aussi, chérie...

- Dis... Tu crois que tu pourrais me décrocher la Terre si jamais certains la maltraitent ?



© Franck Pelé – 2011

Ecrin noir pour nuit blanche


- Simone, quand tu remontes tes bas comme ça, je monte en température, une espèce de fièvre espagnole...

- Et si mes dessous étaient rouges, tu taperais du pied dans le sable en fumant des naseaux ?

- Tes dessous sont rouges ?

- Va savoir...

- Dis donc chérie, je me posais une question...

- Oui ?

- Pourquoi vous vous dessinez souvent un trait sur le mollet ?

- Pour laisser à penser à l'œil vagabond...

- Vous voulez nous faire croire que vous portez des bas ?

- Peut-être...

- Mais si nous arrivons jusqu'à vos cuisses, grâce à l'attrait du trait, nous découvrons forcément le pot aux roses ! Et nous comprenons alors la tromperie sur la marchandise...

- Sur l'emballage, Raoul ! Sur l'emballage ! Parce que, grands enfants que vous êtes, vous craquez d'abord sur l'emballage. Systématiquement. Vous êtes ainsi faits, pour découvrir un diamant, il faut que l'écrin vous tape à l'œil.

- Et tu penses vraiment que je vais boire cette théorie ?

- Oui. D'un trait...

- Il y a loin de la coupe aux lèvres.

- Ah oui ? Ce serait quand même dommage d'avoir découvert le pot aux roses et de ne pas venir en cueillir une seule...



© Franck Pelé – 2011

Longueurs et pointes


- Simone !!! Pourquoi tu as cadenassé les ciseaux ?

- Pour que tu arrêtes de me couper la parole !

- Qu'est-ce que c'est que ces conneries ?

- Et pour laisser la liberté flotter sur les longueurs...

- Si tu pouvais m'éclairer là, je serais ravi.

- Je veux de la longueur Raoul ! De la richesse ! J'en ai marre de cette société qui veut tout couper ! Je ne veux plus qu'on me coupe les cheveux ni qu'on me coupe au montage ! Je ne veux plus qu'on coupe court aux rumeurs, qu'on coupe les vivres ou qu'on coupe la poire en deux ! Je suis pour la liberté des gens et des choses !

- Mais si on laissait tout faire, on ne s'en sortirait jamais ! On n'aurait le temps de rien ! Il faut du rythme, de la vie, que chacun ait le temps de répondre, que les cheveux se régénèrent dans la repousse, que la poire satisfasse toutes les parties pour qu'on n'en fasse pas un fromage ! Et les coupables, il faut bien leur couper la tête aux coupables, tu ne crois pas ?

- Non ! Je ne veux plus qu'on coupe la tête aux coupables ! Ni qu'on coupe une trajectoire ou qu'on me coupe dans mon élan comme tu es en train de le faire ! Je veux de la longueur Raoul ! Je veux que ma vie soit un éternel printemps, sauvage, fleuri, et qu'on arrête d'intervenir sur la nature des choses ! Parce que si ça continue, l'Homme va se couper lui-même l'herbe sous le pied ! On dirait qu'il est pressé de s'éteindre, c'est quand même dingue !

- C'est dommage... J'avais prévu une nuit d'amour à couper le souffle...

Simone fait la moue, réfléchit, s'énerve sur sa chaise, et lance :

- Bon. La clé est dans le tiroir de la table de jeux, mais je te préviens Raoul, c'est juste pour la nuit, et si tu m'as menti, je te coupe l'électricité.

- Tu ne ferais pas ça.

- Ah tiens ! Et pourquoi ?

- Parce que tu t'éteindrais toute seule...



© Franck Pelé – 2011

Chaud devant !


- Alors là... En trente ans de carrière, je n'avais encore jamais vu ça...

- Moi non plus Monsieur l'agent... Et pourtant, en trente ans de mariage avec Simone, j'en ai vu, vous pouvez me croire...

- Elle a raté sa marche arrière ?

- Même pas.

- Quoi alors ?

- Vous ne me croiriez pas...

- Dans mon métier, on entend l'impossible tous les jours mon cher Raoul !

- Dans mon mariage, l'impossible existe tous les jours Monsieur l'agent...

- C'est bien Simone qui conduisait, n'est-ce pas ?

- Oui. En fait, j'étais au bureau, elle m'a appelé pour me dire que le moteur de la voiture chauffait. Je lui ai dit qu'il fallait absolument qu'elle trouve du liquide de refroidissement sinon le moteur allait fumer.

- Et alors ?

- Elle en a trouvé...



© Franck Pelé – 2011

Jeu de jambes


- Raoul, tu viens jouer ?

- Simone... Tu vas encore me faire perdre tous mes moyens...

- Arrête... je sais que tu as de la ressource.

- J'avoue que dans cet imper, tu me donnes envie de jouer tapis.

- Chiche...

- Bon, Simone, c'est pas le moment là, j'ai mes mots croisés à finir.

- Raoul, ne me dis pas que la paire de jambes que je te propose n'arrive pas à te convaincre de décroiser mes maux !

- Tu as mal aux jambes ?

- Non, mais elles donnent tant de mal de tête à tous ceux qui les regardent... Je comprendrais difficilement que mon doux cruciverbiste, le seul qui ait les cartes pour remporter la mise, préfère passer son tour...

- Ok, j'arrive... Qu'est-ce que tu as ?

- Une paire.

- Tu es bien modeste... Tu bluffes d'entrée ?

- Je ne vais pas dévoiler immédiatement mon jeu...

- Passe l'imper et banque...

- Les jeux sont faits... rien ne va plus...



© Franck Pelé – 2011

Soleil couchant


- Raoul...

- Dis-moi...

- J'ai mal à la vie, j'ai mal à l'humanité toute entière...

- Moi aussi Simone.

- Pourquoi la nature peut-elle frapper si violemment ? Tu y vois un message philosophique ou juste l'implacable réalité des éléments ?

- La nature semble se moquer profondément du cœur ou de la raison de ceux qui l'aiment ou la piétinent. Pourtant quand on regarde la photo de cette vague juste avant qu'elle ne frappe, on ne peut s'empêcher de penser qu'une volonté a donné de l'élan à ce poing.

- Une volonté ? Tu veux dire que que la nature serait douée de raison ? Ou plus encore, que Dieu nous parlerait à travers elle ?

- Je suis agnostique Simone. Je crois en une seule chose. Nous ne sommes pas équipés intellectuellement pour avoir les réponses aux questions essentielles. Ce serait trop facile. La Foi ne serait plus un pari, ni une question de confiance. On n'aurait plus besoin de croire puisqu'il n'y aurait plus de questions. Non, je crains la fin d'un cycle, comme pour les dinosaures. Des vagues comme celles-ci, de plus en plus, jusqu'au poing final...

- Mais qu'est-ce que tu peux être pessimiste quand tu t'y mets mon vieux ! Moi je te dis que c'est une énorme claque qui devait arriver. Je suis comme les japonais, fataliste, et confiante. Regarde comme ils sont dignes, la même chose en France, et c'était la panique du siècle ! Il fallait ce drame pour mettre fin au nucléaire, on va se remettre à la lampe à huile et puis c'est tout !

- Tu sais que si c'est ça, tu pourras dire adieu à toutes tes habitudes, ta clim dans la voiture, ton sèche-cheveux douze vitesses, tes séjours en thalasso high-tech, tes voyages en business avec connection wi-fi, tes séries sur la télé à la demande, la mise en scène lumineuse de notre maison, ton GPS, ta...

- D'accord ! Bon, finalement, c'est juste un accident, rien de plus. Faut pas s'emballer non plus, si ? C'est peut-être pas parce que ça a pété dans une centrale qu'il faille tout remettre en question.

- Simone, tu vois que tu deviens égocentrique sur un problème humanitaire...

- Ah non ! Moi, je ne suis pas comme tous ces voyeurs qui se foutent du drame vécu par tous ces gens, brisés du jour au lendemain ! Je suis consciente, à chaque minute qui passe, du traumatisme des enfants, de toute une génération, de plusieurs même, de l'immense peine de ces gens qui ont tant perdu, et je ne regarde pas ces images comme on regarde une émission de télé. Je les vis ! Je souffre avec eux ! Je me mets à leur place chaque jour un peu plus ! Je suis bien plus concernée que tous ceux qui ne pensent qu'à regarder la météo pour être sûrs qu'il n'y aura pas de retombée radioactive chez eux !

- Tu sais que s'il y a un nuage, il pourrait être chez nous dans dix jours ?

- C'est vrai ? ... mais y sont malades aussi ces mecs de construire des centrales nucléaires sur un pays qui a une telle activité sismique !!! Faut pas qu'ils s'étonnent non plus !

- Simone... Ton empathie...

- Oui. Pardon... Chéri. J'ai envie d'adopter un petit japonais...

- C'est une belle idée.

- Tu as bien fermé les fenêtres de la maison avant de partir ?

Toqué le Raoul


- C'est Raoul avec la toque ?

- Oui...

- Qu'est-ce qu'il fait sur cet engin ?

- Son restaurant vient de perdre une étoile et il a décidé de la récupérer tout seul.

- Mais il a déjà réussi à faire une chose pareille ?

- Il a décroché la lune pour Simone l'année dernière...

- Ah, dans ce cas, respect...

Simone ne manque pas d'air


Simone, à l'intérieur :

- Dis donc Raoul, tu pourrais rouler un peu moins vite s'il te plaît ? J'ai trop d'air dans la chambre !

- Tu trouves pas que tu pousses le bouchon un peu loin là Simone ?

- Bah quoi ? C'est toi qui as dit que l'essence était trop chère et que tu voulais en profiter pour cultiver ta ligne !

- Oui enfin faut pas non plus déconner chérie ! Je ne vais pas adapter ma vitesse en fonction des courants d'air ! Et puis je ne vais pas vite au point de faire bouger ta permanente !

- Ah si ! Je suis sûre que si je mets une bougie à la fenêtre, elle s'éteint.

- Bon, Simone, ça suffit ! Allonge-toi, dors, je te réveillerai quand on sera arrivés !

- Je ne peux pas dormir à cette vitesse !

- Mais je fais du vélo avec une tonne à tracter, t'arrêtes ton cinéma oui ??? Je vais pratiquement aussi vite qu'un coureur à pied !

- Hey dis donc, tu sais ce qu'elle te dit la tonne à tracter ?

- Je parle de la caravane évidemment !

- Bon... Je vais m'allonger...

Après une minute de silence :

- Raoul ?

- Quoi !!!

- Fais gaffe aux radars quand même !

mardi 15 mars 2011

L'empreinte


- Mademoiselle, plus je vous regarde, plus j'ai d'histoires à vous raconter...

- Racontez-moi toutes vos histoires Monsieur... Je prendrai le temps d'écouter chacune d'elles.

- Ce sera long.

- Je veux prendre ce temps.

- Je veux surtout vous raconter celle-ci. Cette histoire que jamais nous ne vivons et que toujours nous attendons. Nous y rêvons sans cesse. Cette histoire qui naît d'une rencontre. Une rencontre qui n'en est pas encore tout à fait une, qui n'en sera jamais complètement une, mais qui laissera une empreinte aussi forte que le désir que l'on s'interdit.

- Est-ce à dire que vous êtes aujourd'hui le fruit de toutes ces empreintes Monsieur ?

- Exactement comme vous en êtes la fleur Mademoiselle.

- Quelle est cette "presque" rencontre dont vous parlez ?

- Vous l'avez vécue mille fois, comme moi, comme tout le monde. Cette rencontre, c'est celle d'une âme, d'un cœur, qui pétillent dans un regard, un sourire, une voix, parfois même une silhouette, une démarche, un parfum. N'avez-vous jamais croisé un homme dont la seule présence dans votre instant n'ait suspendu votre temps à force de charme et de séduction ? Ne vous êtes-vous jamais dit, en voyant cet autre, en ressentant la magie de son âme, l'alchimie de vos fièvres : "Je suis certaine qu'il pourrait être un homme de ma vie" ?

- Oui, ça m'est arrivé, plus d'une fois. Je l'avoue sans peine.

- Vous en étiez certaine, et il vous a filé entre les doigts, comme le temps qui passe, comme tous ces moments de certitude future que l'on croise, et qui, parce qu'on les dépasse et qu'on les laisse derrière soi, deviennent à cette seconde même des fantasmes, des envies déjà fanées, des mystères d'une autre vie.

- Je connais ces rencontres Monsieur. Mais qu'arriverait-il si nous nous arrêtions pour les vivre ?

- Nous deviendrions fous d'amour. Et nous nous lasserions probablement de tuer le mystère, d'éteindre la magie qui aveugle la routine, souvent tapie dans l'ombre de l'exceptionnel.

- Mais l'exceptionnel existe, n'est-ce pas ? Et vous Monsieur, vous est-il arrivé de vous arrêter pour vivre une de ces rencontres ?

- Oui. Une fois. Mais je ne me suis pas vraiment arrêté.

- Que voulez-vous dire ?

- Elle m'a emporté. Dans l'élan de sa beauté. Exceptionnelle beauté. C'était à l'exact moment où j'ai pris votre main. Mademoiselle, je ne veux plus jamais m'arrêter de danser avec vous.

- Monsieur, au moment où vous avez pris ma main, j'ai su que vous sauriez m'aimer comme personne n'a encore osé l'écrire.

- Comment s'appelle cette femme qui me transporte et que jamais je ne laisserai derrière moi ?

- Simone, Monsieur...

Une ombre au tableau


- Qu'est-ce que tu fais Raoul ?

- Je cherche à savoir ce que ça fait quand on n'est plus que l'ombre de soi-même.

- Tu déprimes ?

- Non, mais j'en ai marre qu'elle me suive depuis que je suis né, j'ai décidé de l'affronter. Je suis sûr qu'on a des choses à se dire tous les deux.

- Pas sûre que tu sois son genre...

- Il suffit de s'accorder.

- De s'accorder ?

- En genre et en ombre...

- Bon, quand tu auras fini de défier ton côté obscur, tu me feras signe ? Parce que la pièce va commencer et je préférerais que tu conduises si ça ne t'ennuie pas !

- Vas-y sans moi Simone, je préfère rester dans l'ombre...

- Tu sais Raoul, si tu continues à ne penser qu'à toi, même ton ombre pourrait te quitter !

- Mais je ne pense pas qu'à moi, je fais enfin face à celle qui s'exprime toujours dans mon dos ! J'attends des éclaircissements ! Et puis c'est impossible qu'elle me quitte, elle me suivra toute ma vie, sans l'ombre d'un doute.

- Sauf si tu perdais ton soleil !

- Alors ça c'est petit...

Simone fait tinter les clés, Raoul baisse les bras, souffle, se retourne, et d'un pas résigné avance vers Simone. Il la regarde dans les yeux, et lui dit :

- Tu vois, si le fait que le doute n'ait pas d'ombre le rend aussi puissant qu'une certitude, j'aimerais assez tenter le combat... Tu imagines si j'arrivais à me débarrasser d'elle ?

- Oui, tu serais aussi imbuvable qu'une certitude. Et plus aucun jardin, plus aucun secret, n'auraient l'espoir de trouver un coin de fraîcheur sous l'insupportable et brûlante chaleur du zénith éternel de ta sur-puissance égocentrique !

- Dis donc, toi, quand t'as pas envie de conduire...

La journée de la femme


- Bon, Simone, tu veux bien jouer autre chose là...

- Je fais ce que je veux, c'est la journée de la femme...

- Oui d'accord mais là ça fait cinq heures que tu souffles dans ce truc !

- Et alors ? Toi, tu as tous les autres jours de l'année pour me jouer du pipeau et me faire croire que c'est la journée de l'Homme à chaque fois que tu ouvres la bouche ! Alors tu vois, aujourd'hui, je m'entraîne, et va savoir si demain je ne connaîtrai pas la musique...

Tout est écrit


- Pourquoi tu ne regardes pas le spectacle chéri ?

- Aucun autre spectacle que le tien ne peut me donner autant de frissons...

- C'est adorable... Mais on a payé cher pour voir cette pièce...

- Moi j'ai donné ma vie pour être aux premières loges de ton délice, laisse-moi y goûter encore... Ne t'occupe pas de moi, regarde si tu veux...

- Oh bah oui, c'est pratique tiens... embrasse-moi encore comme tu viens de le faire... ?

- ...........

- Tu as raison finalement chéri... Quand on est bien placé, c'est quand même autre chose... Le spectacle est... différent... On ne rate rien... C'est comme si on faisait partie de ce monde inventé pour notre plaisir, on jurerait presque que tout a été écrit pour nous...

- Va savoir Simone... Peut-être qu'en ce moment même, quelqu'un a écrit qu'il fallait qu'on s'embrasse, et nous, on s'embrasse...

- Sans savoir que tout notre bonheur est écrit...

- Quand je te dis que tout est écrit...

lundi 7 mars 2011

This is the end

Avant de partir libérer Paulette, Steve s'était fait arrêter dans le désert par ce flic. Il avait marché à ses côtés pendant huit heures, jusqu'au poste de police. Bizarrement, le pilote de l'avion, qui les accompagnait, n'était pas menotté alors qu'il avait quand même poursuivi un homme avec son appareil en menaçant de le tuer. Steve avait compris que le flic était corrompu par la mafia. Il l'avait définitivement compris quand, en réponse à ses questions, dans le désert, le pilote lui avait mis une droite sur le nez, couvert par le flic qui faisait mine de ne rien voir. Une fois en garde à vue, Steve décidait de la jouer cool. Son surnom de Mister Cool allait naître au cours de cet épisode.



- Monsieur McQueen, voudriez-vous arrêter de faire le pitre ?

- Monsieur l'agent, pourquoi n'avez-vous pas arrêté le pilote de cet avion ?

- C'est moi qui pose les questions ! Où est le couple qui était avec vous et qui est parti avec ma voiture ?

- Aucune idée

- Comment s'appellent-ils ?

- Aucune idée

- Vous me répondez encore une fois "aucune idée" et je vous envoie dans un camp de prisonniers ! Vous avez une idée de la vie là-bas ?

- Aucune idée



- Je vais m'évader Hendley...

- Comment tu comptes t'y prendre ?

- On a creusé un tunnel à la petite cuillère, on a fini, c'est pour ce soir. Une fois de l'autre côté, je pique une moto, et je me fais la belle.

- De qui tu parles ?

- C'est une expression Hendley...



Le plan se déroule à la perfection. Steve s'évade, pique une moto, et retourne à l'endroit où est encore séquestrée Paulette. C'est là qu'il croise Harrison, à qui il raconte son histoire de dingue. Harrison en a pourtant entendu de belles dans sa vie, mais l'histoire de Steve lui paraît tellement dingue qu'il lui promet de lui ramener un dinosaure en hélicoptère si tout ce qu'il dit est vrai. Steve lui propose de l'accompagner pour délivrer la sœur de Simone. Ford accepte. Tous les deux, ils arrivent à pénétrer dans la villa, trompant la vigilance des gardes. Ils ne trouvent pas Paulette. Ils allaient partir quand ils découvrent enfin, dans le cellier, une femme attachée.







- Paulette !!!

La femme fait non de la tête. Steve lui enlève le sparadrap collé sur sa bouche, et elle répond :

- Ah non, moi c'est Annie.


- Qu'est-ce que vous faites là ? On vous retient prisonnière vous aussi ?

- Ah pas du tout, on joue à un jeu avec les gars. Ils sont partis chercher du miel, et ensuite ils vont découper mes vêtements et...

- Où est Paulette ???

- Dans la pièce du fond, après le bureau. Elle est beaucoup mieux attachée. Elle bougeait beaucoup. Mais dépêchez-vous, les gars ne vont pas tarder à revenir. Ils sont en train de se maquiller.

- C'est une vraie maison de fous ici !

Steve et Harrison foncent vers la pièce du fond. Paulette est là, attachée en mille points par une corde tellement tendue qu'elle ne peut plus bouger un cil.



- Paulette !

Ils la libèrent.

- J'ai cru que vous ne viendriez jamais ! Où est Simone ? Et Raoul ? Quelqu'un a-t-il prévenu mon mari ? Où est-il ? Où est Charles ?

- Simone et Raoul nous attendent sur un parking, dans le Nevada. On sort, et on fonce les rejoindre. Charles n'est encore au courant de rien, on n'a pas voulu l'inquiéter.

- Et vous, qui êtes-vous ?

- C'est Harrison, un ami qui a une bonne étoile, il est venu pour nous aider. Et puis il ne croyait pas à mon histoire, alors j'ai voulu lui prouver que je disais vrai...

Ils sortent tous les trois de la villa, courent jusqu'à un taxi, et foncent vers le garage dans lequel sont cachés Simone, Raoul, et l'or, à cent cinquante kilomètres, dans le Nevada voisin. Pendant le voyage, Paulette raconte à Harrison toute l'histoire, et confirme tout ce que Steve lui avait déjà raconté. Harrison les quitte à mi-parcours, il dit à Steve qu'il tiendra sa promesse, ce qui fait sourire Steve, souhaite bonne chance à Paulette, et part rejoindre l'Indiana, où il compte devenir professeur en archéologie. Steve et Paulette arrivent dans le garage, enfin. Le parking est immense, des centaines de voitures sont garées. Après quelques recherches, ils se retrouvent enfin. Simone saute dans les bras de Paulette, Steve tape dans la main de Raoul, qui l'invite à se pencher au-dessus du coffre d'une voiture. Il est blindé d'or...


- Et ben mes cochons... Tout ça pour ton fils ?

- Oui. Mais surtout pour prouver à Simone que je pouvais faire l'impossible pour la mettre à l'abri, et lui offrir une vie en or...

- Tu n'as quand même pas peur Raoul... Piquer l'or de la mafia... Tu sais qu'ils ne vont jamais te lâcher...

- Si je n'avais pas fait ce coup, c'est Simone qui ne m'aurait jamais lâché... Et je peux te dire que la mafia, à coté, c'est "pipi of the cat" !

- Pardon ?

- Du pipi de chat, c'est peanuts quoi ! C'est une expression de chez moi...

A ce moment-là, un bruit de moteur déchire le silence de l'endroit, le bruit vient du ciel. Une scène hallucinante se produit. Raoul hurle :

- Mais qu'est-ce que c'est que ça ???

Steve le rassure, en criant à cause du bruit :

- C'est un ami qui tient ses promesses !

La guerre des étoiles


- Bouge pas !

- Wow... ça va... ça va... doucement...

- Qui es-tu ?

- Steve McQueen

- Bien sûr... Et moi je suis Harrison Ford...

- Mais nan, je te jure, je suis vraiment Steve McQueen !

- Prouve-le...

- Ok, je te raconte ma journée : Je reviens du désert, où Raoul vient de récupérer une partie du butin après avoir été poursuivi par un avion. Le butin, c'est de l'or, que Raoul a piqué à la mafia dans le sous-sol d'une bijouterie maquillée en librairie, pour offrir une vie de rêve à son futur enfant et prouver à Simone son amour en même temps que son investissement paternel. Simone c'est une copine, elle a pris un bain avec moi un soir d'hôtel, et a fait le tour du monde pour me retrouver sur la canonnière, en Asie. J'adore cette femme, on n'a rien fait, mais on prend des bains ensemble, souvent. Bon, on a fait de la mousse et des bulles... Quand on se voit, c'est champagne entre nous, c'est comme ça... Mais l'homme de sa vie, c'est Raoul. Raoul a décroché la lune pour Simone, du coup, j'ai fait pareil pour Faye, ma femme. Elle en a fait un chapeau qui lui va pas mal mais bon... bref. Raoul a fait son coup avec Paulette, la sœur de Simone, qui rêve de se faire refaire son charisme, et que j'ai su convaincre. Mais Simone et Paulette ont été enlevées après le casse, j'ai pu faire évader Simone, mais pas Paulette. On est partis avec des sacs plein d'or, le reste, Raoul était déjà parti avec. On devait le rejoindre dans le désert, mais quelqu'un a dû nous entendre parce que Raoul n'était pas seul sur le bas-côté de la route, enfin de l'autre côté, pas du bon côté quoi... bref.

- Dis donc, tu plaisantes quand tu dis bref ?

- Non, non...

- Continue...

- ...Raoul a planqué l'or dans le coffre d'une voiture, sur le parking d'un grand garage qui fait aussi casse-auto, dans le Nevada, donc le pilote de l'avion n'a rien pu trouver. Le mec s'est finalement posé, il n'avait plus de carburant à force de chasser Raoul qui est assez hallucinant, ce mec court super longtemps ! J'ai mis deux trois baffes au pilote pour lui expliquer qui c'était Raoul, et là, la police est arrivée, sortie de nulle part. Un agent, seul. Il a libéré le pilote, et pendant ce temps, Simone et Raoul ont piqué la voiture de police et sont partis en trombe, en me hurlant qu'on se retrouvait au parking. Du coup, j'ai mis deux trois baffes au flic, histoire de lui expliquer qui c'était Raoul...

- Il avait pas compris la première fois ?

- Et non, il était pas encore arrivé lui !

- Ah ok...

- Forcément, le flic était pas hyper content, donc il m'a menotté et m'a dit qu'il m'emmenait au poste. Problème, il n'avait plus de voiture. On a donc marché pendant huit heures avec le flic et le pilote, puis ils m'ont mis en garde à vue, puis dans un camp de prisonniers à l'ancienne. Là, avec mes potes, on a creusé un tunnel, et je me suis évadé en moto. J'ai pris la direction de la maison où est encore retenue Paulette, et là, j'allais passer par le jardin avant de te croiser...

- T'es complètement barge...

- C'est vrai au mot près !

- Si ce que tu racontes est vrai, je te ramène un dinosaure en hélicoptère...

- Et ben on n'a pas fini de s'amuser mon Gerald !

- Harrison s'il te plaît ! Gerald c'est mon père. Enfin je crois, j'ai toujours eu un doute finalement. Je suis une star, comme toi, alors un peu de respect, j'ai une étoile sur Hollywood Boulevard.

- Ah toi aussi ?

- Oui, et elle brille un peu plus que la tienne d'ailleurs.

- Bon, allez, viens avec moi chercher Paulette, on ne va pas faire la guerre des étoiles en attendant de savoir qui est ton père parce que là, c'est de la science-fiction !

L'amour aux trousses


- Regarde là-bas, Simone ! On dirait Raoul non ?

- Oui, c'est lui, c'est Raoul ! Accélère Steve, il a l'air d'avoir des ennuis !

- Chassé par un avion dans le désert, ça ressemble à des ennuis oui...

- Alors c'est ça un avion de chasse ? Je voyais ça plus racé.

- Quelqu'un a dû nous entendre quand nous avons parlé du lieu du rendez-vous... ou toi... ou Raoul...

- Oui bon bah c'est pas le problème mon vieux, le problème c'est que mon mari a besoin d'aide là.

- Et d'amour ! Parce que le pilote qui essaie de lui faire la raie sur le côté, il a pas l'air aimable ! Tu crois qu'il va s'en sortir tout seul ? Si on y va, on prend le risque de se faire braquer l'or dans le coffre...

- Dis donc l'apollon, t'as pas l'impression d'être un peu gonflé là ? Moi mon or, il est en train de courir dans le désert avec un avion aux fesses, alors on va le chercher, on le fait grimper et on détale !

- J'étais juste persuadé qu'après autant d'années passées ensemble, il s'en sortirait sans problème.

- Pourquoi ?

- Parce qu'il a l'amour aux trousses depuis qu'il te connaît, et qu'il a toujours su en extraire le meilleur...

Le bon côté des choses


L'homme d'en face à Raoul :

- Qu'est-ce que vous faites là ?

- J'allais vous poser la même question... J'ai choisi un endroit où il ne devait y avoir personne, et il y a quelqu'un... Étrange non ?

- Changez de côté.

- Non, je suis du bon côté.

- Pourquoi seriez-vous du bon côté ? Vous êtes juste de l'autre côté de la route, c'est tout...

- Ah non, c'est vous qui êtes de l'autre côté. D'ailleurs, tout à l'heure, j'étais à votre place, de votre côté et...

- ... mais pas à mes côtés...

- Bah non, vous n'étiez pas encore arrivé... je disais donc, j'étais de votre côté, enfin sur le côté de la route où vous êtes actuellement, et je me suis dit que ce n'était pas le bon côté.

- Pourquoi ?

- Parce que si j'arrivais maintenant, et que je vous voyais debout sur un côté, et que je vous demandais où se trouve l'autre côté de la route, vous me répondriez, c'est en face. N'est-ce pas ?

- Et alors ?

- Alors j'en viens et on m'a dit que c'était là.

- Mais qui vous a dit ça ?

- L'homme à côté de vous

- Mais je ne vois que vous !

- Voilà ! Et moi aussi je ne voudrais voir que moi !

- Mais c'est quoi cette embrouille ?

- Tu te fous de moi ? T'es un mafieux c'est ça ? Et t'es au courant pour le rendez-vous ?

- Mais pas du tout, j'attends le bus ! De quel rendez-vous parlez-vous ?

- Au km 137 ? En plein désert ?

- Il va bien en passer un, non ? En tout cas il faudrait, parce que je marche depuis deux heures, et je ne peux plus marcher...

- Pourquoi ?

- J'ai un point de côté...

- Où ça ?

- Là ?

- Changez de côté

- On ne peut pas changer de côté son point de côté !

- Non, changez de côté sur la route, et remontez la route dans l'autre sens, avec un peu de chance, vous allez rééquilibrez votre corps et mettre toutes les chances de votre côté...

- C'est une très bonne idée Monsieur. Merci infiniment.

- Je vous en prie. Il faut toujours voir le bon côté des choses...

Cluedo


- Alors Paulette, où est partie ta sœur ?

- Elle est partie rejoindre Raoul.

- Et où est parti Raoul ?

- Parti rejoindre ton or.

- Et où est mon or ?

- Parti rejoindre ma sœur ! Dis donc, t'es pas terrible en syllogisme Professeur Violet !

- Très bien Mademoiselle Rose... Vous voulez jouez... Vous aimez le Cluedo alors... Ça ne vous dérange pas si je choisis mon arme ?

- Fais ta vie l'ami ! Par contre, un truc... Ne me rate pas. Parce que le Colonel Moutarde à côté du plat épicé que je vais te servir en représailles, c'est Maya l'abeille !

Le syndrome de Stockholm


- Ah quoi tu penses Simone ?

- Au syndrome de Stockholm.

- C'est quoi le syndrome de Stockholm ?

- C'est la propension des otages à tomber sous le charme de leurs geôliers...

- Et alors ?

- Bah alors ça ne doit concerner que les suédoises parce qu'avec les miens, je suis tombée plusieurs fois, mais jamais sous le charme...

La grande évasion


- Cours Simone !

- On va où ?

- Il faut qu'on rejoigne Raoul sur une route perdue dans le désert, à un point précis et à une heure précise. Lui de son côté, il aura trouvé une voiture dont il aura bien garni le coffre...

- Tu parles de l'or ?

- Oui, il en a déjà emporté plein !

- Il aurait pu tout prendre, parce que c'est super lourd ! Et Paulette ?

- On reviendra la chercher, avec notre butin, on trouvera largement de quoi acheter les services d'une pointure.

- Faut qu'il chausse du combien pour qu'il soit bon ?

- C'est une expression Simone...

- Et pourquoi le désert ? Tu ne crains pas le guet-apens ? Et si Raoul s'était fait doubler ?

- Je suis spécialiste du guet-apens, crois-moi, et puis Raoul n'est pas le genre à se faire doubler... si ?

- Bah ça va dépendre de la voiture qu'il va "trouver", mais en général, pour le pousser de la file de gauche, faut attaquer sévère...

- Simone... Tu es...

- Quoi ?

- Rien... Allez, dépêche ! Dépêche !!!

- Je suis à fond Steve ! Dis donc, on pourra s'arrêter dans un motel avant de prendre la route du désert ?

- Simone...

- Mais non, ce n'est pas ce que tu crois, même si je prendrais bien un bain là, tout de suite, mais non, non, c'est juste que ce soir, c'est les Oscars ! Tu n'y vas pas cette année à propos ?

- Si j'étais toi, je changerais de sujet Simone ! Tu as laissé un souvenir sur scène l'année dernière qui a tout emporté sur son passage, y compris mon nom. Surtout mon nom en fait...

- Je suis désolée Steve...

- Pas grave. De toutes façons, je vois bien Jack Lemmon gagner cette année...

- Steve, si Faye et toi vous étiez un Oscar, lequel seriez-vous ?

- Meilleure adaptation. Et pour Raoul et toi ?

- Meilleur montage, meilleurs effets spéciaux et meilleur scénario !

- Il en a de la chance ce Raoul... Allez, cours !!!

Le sens de l'amour


- Steve ! Mais qu'est-ce que tu fais là !

- Chuuuuuuut ! Tu vas nous faire repérer ! Parle doucement...

Simone, chuchotant :

- Comment m'as-tu retrouvée ?

- Raoul m'attendait devant chez vous, il était caché en haut du chêne qu'on voit de ta chambre, il a attendu cinq heures sans bouger.

- Qu'a-t-il attendu ?

- Que les mafieux qui planquaient sur le trottoir d'en face partent se ravitailler.

- Cinq heures ? Il a pas attendu le chêne pour être perché mon Raoul...

- Raoul m'a dit qu'il avait laissé une partie de l'or dans des sacs, dans une petite maison au bord du lac, ça te dit quelque chose ?

- Oui, c'est la maison des gardiens, à l'entrée de la résidence. Mais il faudra passer par derrière, et faire vite.

- Allez, on se bouge !

- C'est marrant que ce soit toi qui m'enlèves la corde au cou...

- J'adore ton sens de l'humour Simone, mais là, on n'a pas le temps ! Et puis tu es enceinte, on ne peut plus faire dans la légèreté insouciante.

- Et alors ? Je connais mes priorités, Raoul est l'amour de ma vie, et même s'il fait de moi un instrument à corde pour m'offrir une symphonie en or majeur, j'ai le droit d'aimer plaire à un autre musicien. A un homme qui sait toujours tirer les ficelles pour que le corps de l'instrument révèle sa beauté à l'état brut. Voilà, toutes les femmes connaissent des hommes qui les rendent plus belles que d'autres, et ce n'est pas pour cela qu'elle trompent leur mari avec. Elles prennent juste le temps d'aimer, de l'intérieur, sans faire de choix. Parce que mon seul choix, le vrai, l'unique, l'évident, c'est Raoul. Tant que nous n'avons pas couché ensemble, on peut jouer avec les mots, les sous-entendus, et même les bien entendus, non ?

- J'adore ton sens de l'amour Simone, mais si tu continues à m'exposer ta philosophie en douze tomes, tes nouveaux amis vont tellement tirer les ficelles que plus aucun son ne sortira de ta bouche !

Le silence est d'or


- Pour la dernière fois, où est Raoul ?

- hummmpf... hummmmmmpf !!!

- Très bien. Demandons à ta sœur... Où est Raoul ? Où est notre or ?

- hummmmmmmpfff !!! mmmmmmmmmpfff !!!

- Ah vous ne voulez pas parler...

Son acolyte, derrière :

- T'es givré ou quoi ? Elles sont bâillonnées ! Il faudrait peut-être que tu les retires pour écouter leur réponse, tu crois pas ?

- Bah voyons ! Pour qu'elles parlent !

- Mais c'est toi qui veux qu'elles parlent !

- Oui, mais je veux qu'elles ME parlent, pas qu'elles SE parlent !

- Et ben tu leur interdis de se parler !

- Parce que tu crois que tu peux empêcher deux sœurs de se parler toi ? Déjà, quand elles n'ont rien à se raconter, elles peuvent tenir une heure, alors imagine aujourd'hui ! Non, non, je ne veux pas les entendre...

- Alors arrête de leur poser des questions !

- Dis donc René, tu commences à me courir sur le haricot là, tu sais ça ?

- Arrête de leur poser des questions je te dis... Et puis réfléchis... Plus elles vont se taire, plus on aura de chances de redevenir riches...

- Ah bon ? Et par quel miracle ?

- Le silence est d'or non ?

- René, fais-moi plaisir, trouve un moyen de les faire parler ou j'en trouve un de te faire taire...

- Je les fais parler de quoi ?

- Je ne sais pas moi... et si tu leur demandais quel était leur chanteur préféré ?

- Ça t'intéresse vraiment ça ?

- René, dégage de cette pièce !

- Bah quoi ?

- Sors !!!!

La corde au cou


- Ce n'est pas la peine de crier Simone. Nous sommes dans un souterrain, personne ne peut vous entendre.

- J'ai appelé un ami il y a peu, vous feriez mieux de me libérer, il n'est pas du genre à discuter.

- Vous parlez de Monsieur McQueen ? Il ne trouvera personne quand il sonnera chez vous.

- Mais ? Comment...

- Vous étiez sur écoute depuis ce matin. On a noté la plaque de la voiture de Miss Dunaway, et une certaine Paulette à fait tomber un ticket de tombola nominatif dans l'entrepôt qui nous appartient et qu'ils ont vidé. Nous sommes donc remontés tout naturellement jusqu'à vous.

- Sur écoute ? Mais c'est la police qui met sur écoute ?

- L'or a cette faculté de séduire les plus grands réseaux, nous avons des amis partout...

- Paulette... On dirait qu'elle a touché le gros lot alors...

- Ne plaisantez pas avec notre argent Simone. Conseil d'ami. Je crois surtout que vous avez gagné le droit de faire connaissance avec nos méthodes, grâce à l'étourderie de votre sœur...

- Faites attention à ce que vous dites sur ma sœur, ou alors gagnez du temps, préparez votre sérénité future, et ôtez-moi le souffle maintenant.

- Vous ôtez le souffle ? Vous n'y pensez pas, une beauté comme vous... Je retiens le mien quand je vous regarde... Non, je vais juste serrer un peu plus la corde, toutes les cinq minutes... La corde au cou, personne ne résiste longtemps...

- T'as raison Gaston, je vais fêter quinze ans de mariage, alors question corde au cou, j'ai une maîtrise mention très bien !

Tout ce qui brille


- Steve ?

- Oui... Simone ? C'est toi ?

- Je sais qu'il est tard, pardonne-moi mais Raoul n'est pas rentré depuis deux jours, et Charles, mon beau-frère vient de m'appeler, il cherche ma sœur partout, elle non plus n'a pas donné signe de vie depuis mardi.

- Quoi ? Mais Faye aussi s'est volatilisée depuis mardi ! Comment était-il avant de partir ? Il t'a dit où il allait ?

- Il était très bien. En fait je venais de lui annoncer une grande nouvelle, et il est parti en me disant qu'il allait me rapporter tout l'or du monde ! Je pensais qu'il plaisantait, et finalement, je me demande si il n'a pas fait une connerie...

- Et Faye est partie avec la voiture et le matos ! C'était quoi la grande nouvelle ?

- Je vais avoir un bébé...

- Un bébé... Simone, il faut qu'on les retrouve. Je passe te prendre et on part à leur recherche !

- Tu crois qu'il leur est arrivé quelque chose ?

- Je ne sais pas, mais pour un enfant de toi, je sais que moi aussi, j'aurais eu envie de t'offrir tout ce qui brille...

Une femme sous influence


Raoul et Paulette sortent par derrière avec un chariot rempli de sacs, eux-mêmes remplis de lingots d'or. Une femme les attend.

Paulette :

- C'est elle la femme de ton ami ?

- Oui

- Mais... tu connais Steve ?

- Je l'ai croisé en Asie. Il avait assez marqué Simone pour m'être redevable de ne pas avoir trop analysé l'empreinte...

- Il est au courant pour l'or des mafieux ?

- Non. Mais il a bien voulu me donner les coordonnées de sa femme. Je lui ai dit que j'avais besoin d'un chauffeur qui connaissait parfaitement Los Angeles et San Francisco pour les faire visiter à ma belle-soeur. J'ai mis Faye dans la confidence de notre coup, elle a accepté immédiatement. Elle semblait très heureuse de savoir Simone enceinte et je pense qu'elle a vu d'un bon œil l'éventualité que le souvenir de son mari s'évanouisse sous les reflets dorés de l'avenir que je réserve à ma femme.

- Dis donc, elle a pas l'air commode...

- Non, ça, c'est quand elle fait ses yeux de Laura Mars, mais c'est pour maintenir les curieux à l'écart. Parce que Faye, c'est un peu comme Simone, c'est le genre de femme pour laquelle on pourrait décrocher la lune...

Pour tout l'or du monde


- Paulette...

- Quoi...

- Je crois que je vais pleurer...

- J'avoue que ma gorge se noue un peu.

- A part dans mon lit, je n'ai jamais vu autant d'or de ma vie...

- C'est pas Charles qui me dirait un truc pareil.

- Nos vies vont changer Paulette...

- Mais à qui appartiennent tous ces lingots ?

- Officiellement à un banquier respectable, officieusement à des politicards véreux, mafieux et corrompus, de mèche avec ce blanchisseur d'argent sale.

- On va avoir la mafia sur le dos ?

- On va surtout avoir le cœur sur la main. Et on va mettre notre descendance à l'abri pour longtemps.

- Ah ça y est ? Vous y pensez ?

- On y pense oui, on y pense...

- Simone va être aux anges !

- Tu ne dis absolument rien à Simone pour l'instant, et ce jusqu'à nouvel ordre. Promis ?

- Promis...

Masques


- Ok. A mon signal, tu te jettes par terre, et tu hurles.

- Mais pourquoi moi Raoul ?

- Paulette... Tu te plains depuis des années de ne pas avoir de charisme, tu as toujours envié celui de ta sœur, c'est le moment où jamais de montrer ce que tu as dans le ventre...

- Mais ça n'a rien à voir avec le ventre, je dis simplement que Simone a bien plus de charisme que moi parce qu'elle a plus de poitrine !

- Oui, et bien avec la part que je te réserve, tu pourras faire pâlir de jalousie toutes les actrices de Russ Meyer...

- Il y a tant que ça dans ce coffre ?

- Plus que tu n'as jamais imaginé...

- Qui t'a donné ce plan ?

- Un ami.

- Et comment va-t-on s'enfuir ?

- Sa femme nous attend dehors. Elle est armée. Et elle conduit comme personne.

- Tout ça ne me dit toujours pas pourquoi moi...

- Parce que tu es la dernière personne à laquelle Simone pensera ! Et la dernière qu'on interrogera. Et si on essaie de la faire parler, elle ne pourra donc pas donner ton nom.

- Si on essaie de la faire parler ? Mais Simone, c'est pour la faire taire qu'il faut la menacer !

- Elle ne dira rien. Elle a changé ces derniers temps. Elle a... arrondi ses angles.

- C'est pas trop tôt... Et pourquoi tu as choisi ces masques ?

- Parce que les employés vont croire qu'on s'entend comme chien et chat, ils vont miser sur notre manque de solidarité...

- Pffff... n'importe quoi...

- Tu vois que tu es bien plus fine que tu veux bien le croire !

- Raoul, arrête de me prendre pour une conne s'il te plaît.

- Si je te prenais pour une conne Paulette, tu ne serais pas là.

- Tu veux dire que c'est parce que tu m'estimes que tu me fais prendre le risque de finir ma vie au trou en m'affublant de ce masque ridicule avec un casse impossible à réaliser ?

- Paulette, on en reparle dans quelques heures. Puis dans quelques années. Charles sera raide dingue de sa pulpeuse et richissime moitié...

- Tous les mêmes... Il ne pourrait pas m'aimer pour ma beauté intérieure ?

- Dis donc, tu es jalouse de la beauté intérieure de ta sœur ou du volume de sa séduction extérieure ?

- Bon, c'est quoi ton signal...

- Je vais crier "Paulette !!!" et tu te jettes par terre.

- Hein ? Tu vas crier mon nom ?

- Vous avez quand même quelques points communs avec ta sœur...