lundi 31 janvier 2011

L'habit ne fait pas le moine



- Regarde-moi tous ces beaufs là... Ils viennent s'agglutiner sur leur mètre carré de sable, les uns contre les autres, ils lisent des conneries toute la journée, avec leurs mômes qui hurlent, les maris matent certaines nanas en douce, les femmes matent les autres, celles qui les rassurent, ils vont se baigner dans une mer presque verte à force de laisser les petits, et quelques grands, se soulager dans le grand bleu, les femmes engueulent les maris qui continuent de mater les seins nus en oubliant d'être discrets, et immédiatement après les avoir engueulés, elles remettent discrètement leur mèche et leur décolleté en place devant le regard d'un charmant inconnu qui en est à son troisième coup d'œil appuyé, un inconnu qui nourrira leurs rêves interdits et avivera leurs regrets que le temps passe si vite.

- Raoul...

- Puis ils s'engueulent comme si ils étaient dans leur chambre, regardent de travers ceux qui les regardent de travers parce qu'ils hurlent comme si ils étaient dans leur chambre, ils sortent les sandwiches de la glacière, ça pue le pâté et le camembert, ils mangent une pomme dont ils enfouissent le trognon avec les mégots du matin, ou ceux fumés par un toxico la veille, ils secouent leur serviette et s'excusent après avoir balancé une tonne de sable alors qu'ils savaient très bien que le voisin était dans le sens du vent, et ils vont mettre une heure pour rentrer dans leur F2 qui coûte un rein parce qu'ils partiront, comme toute l'année, à l'heure où tout le monde part, à la minute où il n'y a plus ce soleil qui les oblige à se mettre une tonne d'après-soleil le soir, les rendant luisants comme des gros vers, affalés sous les spots de ce bar, sur la terrasse duquel ils vont s'asseoir, sans se parler, pour mater les mêmes que ceux qu'ils ont maté toute la journée à la plage.

- Raoul...

- Et ils bossent toute l'année pour vivre ça ! C'est quand même le summum de la beaufitude, non ?

- Parce que toi, avec ta chaussette blanche, dans ta belle sandale en cuir, du haut de ton grand sens critique, tu te sens au-dessus de cette beaufitude ?

- Ah excuse-moi mais rien à voir chérie ! Nous, on a un matelas à 50 euros la journée, on paie le droit de mater les mêmes beaufs que les beaufs matent, mais nous, on mate confort ! On mate luxe ! On s'offre du rêve ! Et on mate intelligent, on est dans l'analyse sociologique ! Et puis la chaussette blanche, ça repousse le soleil, si j'avais mis une noire, j'aurais hyper chaud au pied. Et la sandale c'est pour protéger la chaussette, le sable ça marque un peu, ça colore.

- Et pourquoi tu te mets pas pieds nus directement ? Comme tout le monde ?

- Parce qu'on a la classe ou on l'a pas Simone ! Je ne suis pas tout le monde ! Bon, allez, finis tes mots croisés parce que j'ai un apéro-pétanque à 18h avec Charles, et je dois faire le plein de la GS avant que tous ces beaufs aient la même idée en même temps.

- Et ce soir, on fait quoi ?

- Comme tu veux, si tu veux qu'on reste peinards, y'a Intervilles à la télé, sinon, on peut se prendre une glace au port ou boire une bière au bowling.

- Tu me fais rêver mon amour...

- Quoi ? Ah ça y est... Tu vas nous sortir tes goûts de luxe, c'est ça ? Tes randonnées en montagne, tes musées à Madrid et tes châteaux de la Loire ? Faut choisir Simone, à Madrid, t'auras pas de matelas à ce prix-là, et ailleurs, t'auras pas le bronzage que tu veux pour faire pâlir tes collègues à la rentrée ! Et puis la pétanque en montagne, c'est vraiment pas pratique...

A ce moment-là, Simone hurle, tellement fort qu'elle se réveille toute seule, juste après avoir réveillé son mari :

- Qu'est-ce qui se passe chérie ?

- J'ai fait un rêve atroce... Le pire des cauchemars possibles...

- Bon, tu me raconteras demain...

- Tu as des sandales en cuir Raoul ?

- Pardon ?

- Est-ce que tu as des sandales en cuir...

- On peut pas parler de ça demain ?

- Non ! J'ai besoin de savoir maintenant !

- Pffff... écoute, non, je ne crois pas, non...

- Il faut que tu sois sûr !

- Non, je n'ai pas de sandale en cuir ! On peut dormir maintenant ??

- Tant mieux... Promets-moi que tu n'en achèteras jamais...

dimanche 30 janvier 2011

Psychose


Simone, dans la salle de bains :

- Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah !!!!!

Raoul, dans le salon en bas, affolé :

- Qu'est-ce qui se passe Simone ???????

- Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaahhhhh !!!! Au secouuuuuuurs !!!

Raoul monte les marches du grand escalier blanc, quatre à quatre :

- Mais qu'est-ce que c'est que ces poils partout dans le lavabo !! Raoul, j'en ai marre de passer derrière toi sans arrêt ! Et tes chaussettes au pied de la baignoire ! Mais c'est pas possible Raoul !!!




- Attends... c'est pour ça que tu hurles comme ça ?

- Je te le dis douze fois par semaine depuis dix ans, alors puisqu'il faut apparemment marquer ton esprit pour que tu fasses ce tout petit effort de rincer ton lavabo après que tu te sois rasé, ou de ramasser deux pauvres chaussettes pour éviter de les laisser traîner, je le marque ! En exagérant un peu le trait...

- C'est pour ça que tu hurles comme ça !!! Mais je rêve ! Tu exagères un poil oui ! Si moi, je hausse un tout petit peu le ton parce que je trouve une rayure sur la voiture, parce que tu as effacé mon match pour enregistrer ta série à la noix ou parce que tu as laissé un kilo de cheveux dans la baignoire, je suis invivable, et toi tu hurles à la mort pour quelques malheureux poils dans le lavabo ? Et je dois trouver ça normal ??

- Arrête Raoul... Tu sais très bien que les cheveux, je peux pas faire autrement, que je suis une caricature de la femme au volant et que j'y connais rien à tous ces réglages vidéo... Alors que toi, à chaque fois qu'il y a un truc à faire que je ne supporte pas, on dirait que tu fais exprès de mettre tes meilleurs neurones sur le coup !

- Simone... Si les Jeux Olympiques de la mauvaise foi existaient, tu serais déjà une légende en tant que tenante du titre depuis vingt-quatre ans...

vendredi 28 janvier 2011

Simone et la petite mort


Simone, sans se retourner :

- Tu peux éteindre Raoul s'il te plaît ?

- Ce n'est pas Raoul... mais je viens pour éteindre, effectivement...

Simone se retourne, brusquement :

- Qui êtes-vous ?

- Bah je suis la Mort, ça se voit pas ?

- C'est toi Moderato ?

- Vous connaissez mon petit frère ?

- Il a la même tête que vous ! Mais vous avez tous des têtes de mort dans la famille alors ?

- Bah oui, forcément...

- Et il n'y a rien d'autre qui vous plaisait dans la vie que de l'étouffer ou même de l'enlever ?

- Moi j'aimais bien le jardinage, alors j'ai commencé par faucher, et puis ça m'a plu. J'ai longtemps hésité entre Géographie et ça, mais y'avait plus de place en géo, alors je me suis inscris en faux. Et mon petit frère s'est mis à la cisaille. Et puis, un jour où il n'avait pas le moral, il a fait une répression nerveuse. Depuis, il réprime, tous les jours, et il se complaît là-dedans. Et moi je fauche.

- Vous savez que faucher c'est aussi voler ? Vous êtes un voleur de vie mon vieux ! Vous vivez ça bien ?

- Mais je ne vis pas moi, je suis la Mort !

- Qu'est-ce que vous foutez dans ma chambre si vous ne vivez pas ???

- Vous êtes sur mon listing des gens que je dois ramener, je dois couper votre lien aujourd'hui.

- Mon lien ? Quel lien ?

- Celui que vous ne pouvez voir, qui vous lie à la Terre, à l'amour, à la vie. Chacun a un lien propre.

- Pas de pot tête de mort, mon lien à moi, il est tellement fort qu'on peut le voir, il fait un arc dans le ciel, si tu essayais de le couper, tu provoquerais un big bang de couleurs, tu ferais jaillir de la vie, de l'amour, partout sur la planète, c'est quand même pas ta mission première de faire la sage-femme du bonheur, si ?

- Bon, ne discutez pas, il faut vous rendre à l'évidence, il y a toujours un moment où il faut éteindre, quand on a consommé toute son énergie, on s'éteint, c'est comme ça...

- Dis donc faux-frère ! Je te dis de vérifier ton listing ! Parce qu'il y a forcément une erreur, j'ai encore assez d'énergie pour faire tourner le monde dans l'autre sens et remettre les grains du temps écoulé dans le sablier ! Assez d'énergie pour revenir jusqu'au moment où Eve t'a donné la vie en croquant la pomme ! Et pour lui révéler que c'est le fruit de sa faute qui va la faucher !

- Comment savez-vous pour ma mère ?

- En croquant la pomme, elle a connu une espèce d'orgasme, c'est là que tu es apparue, la petite mort. Et puis tu as grandi, et puisque ta mère est devenue mortelle en croquant le fruit défendu, elle a été la première que tu as dû éteindre, la première de ton listing sans fin. Tu as éteint ta propre mère, t'as pas honte ??

- Mais, je n'y peux rien, c'est la vie, c'est comme ça, elle avait croqué la pomme... Si elle ne l'avait pas croquée, il n'y aurait pas eu de petite mort, et donc pas de grande...

- Mais on l'a toutes croquée la pomme ! La pomme c'est l'amour ! Croquer la pomme c'est devenir vivant ! C'est renoncer à être une perfection divine pour vivre tous les secrets imparfaits et délicieux créés par la Nature ! Et la Nature, c'est notre mère à tous ! Tu es un homme ou une femme ?

- Un peu les deux...

- Alors je vais m'adresser à la femme qui est en toi. Il faut absolument que tu te spécialises. Il faut que tu reconsidères ton profil. Occupe-toi des gens tristes, en fin de vie, qui ont déjà renoncé, qui sont prêts pour le grand sommeil, pour la grande tablée divine. Mais laisse briller tous ceux qui sont encore pleins de vie, d'amour, d'envie, tu as déjà croqué le fruit défendu toi ?

- heu... non...

- Et ben voilà ! Alors va voir Raoul dans son bureau un de ces prochains jours, demande-lui de t'en parler, et emmène ton petit frère, ça lui fera du bien... Par contre, change-toi, mets un peu de couleurs, parce que là, il va flipper... Quand Raoul t'aura parlé du paradis du fruit, tu auras envie de changer de métier, et tu pourras abandonner ce costume lugubre. Qui te grossit d'ailleurs...

- Ah bon, tu trouves ?

- Ah oui... Tu pourras éteindre en sortant ? La lampe je veux dire...

- Heu... oui, d'accord.

- Merci ma grande. Allez, bonne route. Et rappelle-toi, ne fauche que les fruits trop mûrs ou trop secs, ceux qui sont tombés de l'arbre, les autres, laisse-les sur les branches, laisse-les s'ériger vers le soleil, se colorer, se gonfler de saveur, ou croque-les. Et tu retomberas en enfance...

L'hiver en pente douce


- Alors ce shopping ?

- Parfait ! Je me suis trouvé une petite jupe bleu ciel qui va faire pâlir de jalousie Paulette, et des bas qui vont t'emmener très haut !

- Et avec la voiture, ça s'est bien passé ? Tu as fait attention ?

- Oui, oui, aucun problème...

- Bon...

- Dis donc chéri...

- Quoi ?

- On n'a toujours pas de pente de garage nous ?

- Non pourquoi ?

- Non, non, pour rien...

mardi 25 janvier 2011

La gourmandise est un vilain défaut


- Simone, tu es le plus beau cadeau dont un homme puisse rêver... Il n'y a absolument rien ni personne qui puisse t'arriver à la cheville, c'est tous les jours Noël quand je te regarde...

- Bon Raoul, t'en as pas marre du romantisme là, ça dégouline à force ! Alors ma cheville, tu la prends, tu me la mets sur l'épaule et tu me décores comme un sapin de Noël, en me parlant des vrais cadeaux que tu voudrais me faire, avec des guirlandes de caresses et la magie de...

- ...mais qu'est-ce qui te prend d'un seul coup ? Tu ne peux pas me dire que je suis ton plus beau cadeau moi aussi ?

- Mais non ! Non, je ne peux pas te dire ça, non ! Parce que je t'adore mais une petite robe Chanel, un voyage aux Maldives ou une suite au Ritz avec accès au Spa pendant une semaine, c'est aussi un beau cadeau, et tu as beau être l'homme idéal, tu ne peux pas m'offrir l'équivalent avec tes sentiments et tes mots les plus doux !

- T'en as jamais assez Simone, tu me gonfles ! Je connais des milliers de femmes qui adoreraient entendre ce que je viens de te dire au pied du sapin !

- Et moi je connais toutes les autres, qui adorent les compliments, mais qui ne voyagent pas, ne se parfument pas ou ne s'habillent pas avec des mots ! Et ça fait des millions !

- Ok, je vais boire un coup avec Charles, je reviendrai quand tu seras redescendue dans le même monde que moi !

- Tu me poses un lapin là ?

- Oui ! Un beau lapin de Noël, t'as qu'à rêver à tes goûts de luxe au pied du lapin !

Simone prend alors Raoul par la taille, le serre contre elle, et fais mine de l'embrasser dans le cou. Là, elle lui glisse discrètement, en chuchotant à peine :

- Raoul... Tu es le plus beau cadeau dont une femme puisse rêver, mais là, tu vois, il y a le Père Noël qui nous regarde depuis un quart d'heure à travers la fenêtre du salon, et si jamais je t'avais dit ce que tu voulais entendre tout à l'heure, il serait parti immédiatement. Il aurait compris qu'aucun cadeau n'aurait pu nous satisfaire ou nous rendre plus heureux que ce qu'on s'offre déjà, tous les jours, depuis toujours...

Raoul marque un temps. Puis repousse Simone et lui lance :

- Parce que tu crois que tu es la seule à avoir des goûts de riche ? Toi non plus tu ne peux me satisfaire totalement avec tes mots ! J'ai beau adorer piloter sur tes courbes, tu ne ferais pas le poids avec le bruit du V12 Ferrari ou la douce musique d'une Jaguar Type E ! J'adore jouer les prolongations avec toi, jusqu'aux tirs au but, mais l'ivresse d'une Coupe du Monde au Brésil avec le voyage qui va avec serait incomparable, et un costume Gianfranco Ferre à 5000 pourrait me donner largement autant de classe que ton regard d'adolescente transie !

- Ah d'accord... Ah D'accord !!! C'est moi qui vais boire un verre avec Paulette !

- Tu me poses un lapin toi aussi ? C'est pas hyper original...

- Comme ça ils seront deux, ils pourront se grimper dessus, le Père Noël pourra mater et il pourra rentrer chez lui à l'heure ! Remarque, il n'aurait pas perdu beaucoup plus de temps s'il nous avait regardés nous...

Raoul, comprenant que sa femme devient sérieuse :

- Mais Simone, je ne comprends pas, j'ai fait exactement comme toi et...

- ...sauf que toi quand tu le dis, y'a cette espèce d'accent de vérité qui me hérisse le poil ! Alors va conduire ta bagnole au Brésil avec ton costard, et ne viens plus jamais me faire le coup du prince charmant !

Là, Simone sort, met une gifle au Père Noël et lui balance :

- Toi, t'es comme le Prince Charmant, t'existes pas ! T'es venu pour quoi, pour nous cambrioler ? Y'a plus rien à voler mon pote, la seule chose de valeur ici c'était mon coeur, et tu viens de le faire pleurer avec tes conneries ! Alors tu prends ton traîneau et tu dégages !!!

Le Père Noël, tremblant d'effroi, siffle alors ses rênes, fonce sur son traîneau et disparaît dans le clair de lune et les nuages, laissant Simone bouche bée...

Raoul, qui a assisté à la scène sur le perron, lui lance :

- Ah bah bravo, t'as intérêt à te satisfaire du peu que je t'offre maintenant, et pour un bout de temps, parce que vu qu'il a le même âge depuis la nuit des temps, je suis pas sûr qu'il y ait des élections dans les mois qui viennent...

Simone saisit alors une bûche et, le regard assassin, fond comme un aigle sur sa proie en hurlant sa rage ! Raoul l'évite, et se met à courir autour de la maison, dans un mètre de neige, poursuivie par sa femme qui, toute sa vie, regrettera d'avoir été trop gourmande...

Le lien


- Pardonnez-moi Madame... Vous n'auriez pas vu Simone et Raoul ?

- Ils se sont disputés... Chacun a menacé l'autre de partir, et chacun l'a fait. Simone est partie à droite et Raoul à gauche.

- Et ça vous fait sourire ?

- Regardez le ciel... Comment ne pas sourire quand deux êtres vous donnent la preuve que l'amour est aussi divin que la nature... Ils pourraient s'engueuler pour n'importe quoi, prendre une machine à remonter le temps pour se prendre la tête en noir et blanc, se reprocher tous les défauts de la Terre, rien n'y ferait, ils sont faits l'un pour l'autre, et le ciel a décidé de l'avouer...

- Mais c'est juste un arc-en-ciel...

- Ah non cher Monsieur, c'est un chemin fleuri, c'est une évidence multicolore, une éternité absolue ! Ce lien entre deux âmes qui jamais n'est visible vient d'iriser le ciel et d'arroser pour longtemps les mille questions que posait ma foi amoureuse, des questions qui commençaient à sécher sérieusement dans ce désert de réponses. Ce n'est pas juste un arc-en-ciel, c'est l'oasis après le sable, la lune derrière la dune, c'est l'incomparable palette de couleurs d'une promesse tenue !

dimanche 23 janvier 2011

Traitement de fond



- Il faut vraiment que je les prenne ?

- Par les temps qui courent, c'est plus prudent Simone. Certains en veulent à ton succès apparemment...

- Tu parles de Moderato ? Avec le programme que je lui ai réservé, on n'est pas près de le revoir...

- Il t'a embrassée ?

- Il a essayé oui, mais je l'ai habillé pour l'hiver, façon "mode des râteaux". Et puis avec sa petite tronche toute en biais, son petit menton et ses petites dents grises, il n'avait de toutes façons pas les moyens de ses ambitions !

- Ce fourbe... Il passe pour l'impitoyable shérif du village et il n'est qu'un pitoyable chétif du visage...

- Bon, c'est quoi ces pilules Raoul ?

- Avec la première, tu garderas toujours ce côté fleur bleue qui fait ton charme, avec la seconde, tu n'arrêteras jamais de combattre l'hypocrisie, de dire tout haut ce que les autres pensent tout bas, de vivre les choses jusqu'au bout du rêve, d'aimer à en perdre la raison, d'être toujours plus acide face à l'étroitesse de la pensée, bref, tu garderas ton esprit, en vert et contre tout.

- Et tu crois que je pourrais perdre ces valeurs si je ne les prenais pas ?

- Non, mais on ne sait jamais avec les censeurs, certains voudront tellement te mettre en Sainte qu'en prenant la pilule, tu ne prends aucun risque.

vendredi 21 janvier 2011

Moderato sur le culte


- Que faites-vous dans cette tenue ?

- Je porte ton deuil Moderato. Tu ne vas quand même pas m'empêcher de montrer mon culte ?

- Comment ça vous portez mon deuil ?

- Je vais passer la nuit avec toi...

- ah... ah bon ?

- J'ai prévu une petite lessive pour toi, du genre programme couleurs, basse température, puis lavage à 90 degrés, histoire de te montrer que moi aussi je sais souffler le chaud et le froid, puis un joli programme essorage. Au petit matin, quand je te libèrerai, tu courras tellement vite pour ne plus jamais me croiser que tes amis t'appelleront Allegro. A moins que ce ne soit ces voisins qui t'encouragent à perdre ce gros ventre qui t'a rendu aigri. Tu cours depuis longtemps finalement Moderato, tu fuis le plaisir depuis toujours, tu fuis le sourire, le bonheur collectif, l'élan généreux, tu es un anorexique du Bien. Arrête de courir Moderato, arrête de fuir le plaisir, prends un peu de gâteau, prends du champagne, nourris-toi du bonheur des autres, et tu verras, tu arrêteras vite de paraître aussi âme aigrie...


 


(cet épisode a été créé en réaction à la suppression des interdits de Simone sur facebook, et à la suspension temporaire du compte John Lemon. Moderato étant l'incarnation de tous ces esprits sombres de Big Brother, et de ceux qui collaborent avec l'ennemi. Vous pouvez toujours retrouver Simone ici et me retrouver là-bas. Simone vivra aussi longtemps que ses admirateurs en auront besoin...)

Merci à tous

Franck

Le banquet


L'homme, avec les lunettes, derrière Simone et Raoul :

- Madame, laissez-moi vous dire mon plaisir de revoir l'éclat de votre splendeur inonder cette pièce !

Simone, en regardant Raoul :

- C'est à ce magicien que vous devez vous adresser... C'est un cuisinier hors pair, d'un fruit, il vous propose un banquet...

- Un banquet ? Comme celui de Platon ?

- Ah non, celui-là n'avait rien de platonique ! Mais ceci dit cher ami, permettez-moi de voir quelques points commun entre Raoul et Platon...

Raoul :

- Plaît-il ?

L'homme à lunettes :

- Pardonnez-moi mais avec tout le respect que je dois à votre mari, Platon était un grand philosophe qui a invité chacun de nous à réfléchir à la véritable nature des choses. Il nous a appris que connaître une chose consiste à en connaître l'essence, grâce à l'allégorie de la caverne notamment.

- Oui, et bien tiens-toi bien mon Raymond...

- Mais je ne m'appelle pas Raymond...

- Tiens-toi mieux !

- Comme ça ?

- Voilà... Tiens-toi bien donc, parce que figure-toi que Raoul, en plus d'être passé maître dans l'art du délice fruité est aussi un spécialiste de l'allégorie de la caverne ! Et cet homme connaît tellement les sens qu'on peut avancer sans trop se tromper qu'il connaît toutes les choses de la vie !

Raoul :

- Tu vois cette femme resplendissante Raymond...

- Mais je m'appelle pas Raymond !

- Tu la vois ou pas ?

- Bien sûr, elle est si belle votre dame...

- Et bien il y a trois heures, elle était au fond de cette caverne, enchaînée à sa perte, persuadée qu'elle ne me plaisait plus, vidée de sa confiance. Le monde de ses idées était triste, et la nuit tombée sur elle semblait définitive.

- Et alors ?

- Alors nous nous sommes mis à table, le feu a jailli, les ombres ont dansé, les murs ont tremblé, fruits et fleurs ont été cueillis dans un écho délicieux, et le jour s'est levé. Encore... Et vous savez ce qui était le plus étrange mon bon Gustave ?

- Appelez-moi Raymond finalement, je préfère...

- Ce matin était étrange, il semblait être lui-même le fruit de notre extraordinaire odyssée, comme un cadeau. Il n'était pas le début d'un jour de plus. Non... Il était suspendu, comme un cadeau du ciel, un signe. Comme si quelqu'un nous avait offert une nuit, que nous avons vécue mais sans perdre une seule seconde de notre temps. Comme si le temps avait voulu nous remercier de l'avoir accepté, et compris. Une nuit qui jamais ne sera comptée sur nos souches, mais dont le parfum, toujours, restera sur nos bouches...

De la naissance du fruit


- C'est comme ça que tu vas repeindre cette triste scène Raoul ? Avec ta douceur musicale ? C'est comme ça que tu vas transformer le vide en plein ? Que tu vas camoufler l'absence, avec les notes d'un bonheur qui vient d'ailleurs ?

- Mais qu'est-ce que tu as Simone ce soir ? Quel vide ? Quelle absence ?

- La tienne Raoul ! Ton absence ! Tu n'es pas là, tu ne me vois plus, je n'existe plus, tu passes à côté de moi et rien ne vibre ! Je suis comme un vieux tableau dans ton salon, tu l'as accroché parce que tu l'adores, mais tu n'y fais plus attention ! Je ne brille plus à tes yeux, j'aurais un casque d'or que je ne brillerais pas plus ! Je ne te plais plus c'est ça ? J'ai vieilli ? J'ai grossi ? Mon corps te laisse froid à ce point pour que tu préfères écouter Miles Davis plutôt que de m'emmener au septième ciel ?

- Mais qu'est-ce que tu racontes ? Qu'est-ce qui te prend ? Cette musique fait partie de l'ambiance, laisse-moi le temps, on va y aller dans les hautes sphères, laisse-toi prendre par cette musique, tu vas monter doucement et...

- C'est un ascenseur pour l'échafaud oui ! Je vais monter doucement, doucement, et arrivée en haut, si j'y arrive, je serai toute seule sur le palier pendant que Monsieur rêvera dans l'escalier à des marches de velours et à un festival de connes !

- Mais t'es givrée ma chérie ! Pourquoi tu balances des choses pareilles ?

- Arrête hein ! Depuis que tu as tourné avec la Loren, elles te tournent la tête toutes ces actrices, tu n'es plus le même.

- Heu... moi au moins, je ne fais pas le tour du monde pour retrouver un acteur avec lequel j'ai pris un bain...

- Rien à voir !

- Ah d'accord... AH D'ACCORD !!!

Raoul hausse sévèrement le ton :

- Depuis des mois tu es comme ça, depuis des mois tu fais tout ce que tu me reproches, et ça n'a jamais rien à voir !! On vieillit Simone, tous les deux, et je ne vois pas pourquoi il faudrait que le temps vieillisse les cœurs en plus des corps. Moi aussi j'ai grossi, j'ai vieilli, mes traits suivent des courbes crépusculaires, mes cheveux vont m'abandonner plus vite que les regards que j'attirais, mais jamais je ne me dis que tu ne m'aimes plus ! Tu veux que je te dise ce que je crois ? Je crois que c'est toi qui refuses de vieillir, et comme tu ne peux pas hurler sur le temps, tu hurles sur moi, je cristallise toute ta colère, tu ne veux pas supporter plus longtemps de voir ta jeunesse fuir sans bruit, alors toi, tu en fais du bruit, comme pour prévenir tout le monde, pour appeler au secours, mais on ne peut rien y faire, la seule chose possible, c'est d'aimer, et moi je t'aime, comme au premier jour.

- Mais tu n'as plus envie de moi comme avant, tu es... loin. Presque absent.

- Je ressens la même chose. Quand tu es partie courir après ton fantasme, j'ai énormément culpabilisé. Et puis je me suis dit que ça n'avait rien à voir, que ta quête était légitime. Je me disais, si elle m'aime, elle reviendra plus forte, et il suffira d'attendre la fin de ce cycle difficile, celui où l'on se rend compte qu'on est déjà dans ce cycle qui nous paraissait si loin il y a quelques années encore, pour reprendre notre route.

- La fin de ce cycle difficile ? Mais ça va être de pire en pire !

- Non, au contraire. Dès que tu vas accepter que l'enveloppe puisse se froisser un peu, tu vas t'ouvrir, définitivement, et tu ne peux pas savoir comme ce sera bon de faire l'amour à la lettre qu'elle contient. Je t'ai choisie pour la richesse de ton être tout entier, pas pour tes seins ou pour tes cuisses, et...

- Ah bon ? Ils ne te plaisent plus mes seins ?

- Bien sûr que si, je les adore toujours autant, et quand ils redeviendront aussi sensibles que ta libido, tu comprendras que les cercles qui font l'âge de la souche importent peu, c'est la saveur du fruit qui compte. Et jamais le temps n'a pu faire quelque chose contre la fraîcheur d'un fruit naissant.

- Je ne suis plus vraiment un fruit naissant si tu vois ce que je veux dire...

- C'est une métaphore Simone ! Tu le fais exprès ou quoi ? Peu importe nos années, c'est la force de ce qui coule dans nos veines qui fera que chaque baiser, chaque caresse, chaque explosion sentimentale et sensuelle sera un fruit naissant ! Je vais être de plus en plus comme un arbre vieillissant, mais je te donnerai toujours les fruits les plus savoureux du monde, les plus amoureux, les plus.... qu'est-ce que tu as ??

- Je crois que j'ai quelque chose qui me...

Simone commence à passer doucement ses mains sur ses cuisses...

- Oui, c'est ça, je crois que je sens un fruit naître doucement... Raoul vient le cueillir... Je revis Raoul ! J'ai faim ! Je vibre ! Raoul, emmène-moi sur ta branche la plus haute !!! Mets ton 33 tours et fais m'en faire autant !!!

Simone marquise des anges


- Chérie, tu as vu ce que tu as dans le dos ?

- A force de compliments ça devait arriver...

- Oui d'accord m'enfin t'es quand même loin d'être un ange !

- Ce sont probablement les ailes du désir alors...

mardi 18 janvier 2011

Simone compte pour des prunes


- Où sommes-nous ici chérie ?

- Dans la bibliothèque de Prune, mon amie d'enfance. J'ai retrouvé une lettre d'elle hier soir, une lettre où elle se confiait, elle me parlait de cet homme qui lui avait laissé tant de blessures, des traces de son passage dans sa vie qu'elle croyait indélébiles à l'époque.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

- Elle est montée tout en haut de son insouciance amoureuse, sans même comprendre qu'elle était aussi haut, et quand elle est arrivée au sommet, il en a profité pour partir. Elle a ressenti alors un vertige insoutenable qui l'a rendue malade pendant longtemps. Elle l'a vraiment pris dans le buffet celui-là...

- Qu'est ce qu'elle a fait pendant tout ce temps ?

- Elle lui a écrit. Enfin, pas tout à fait... Elle a écrit, sur lui, sur eux, pour elle. Elle a vomi toute sa rancoeur sur du papier, toutes ses incompréhensions, tous ses regrets, tous ses remords.

- Et qu'est-ce qu'elle a fait de tous ces écrits ?

- Ils sont là...

- Tu veux dire que tous ces livres...

- Oui. Tous. C'est la bibliothèque de Prune. Ce sont les feuilles de son automne.

Raoul, abasourdi... :

- Il a dû en prendre un peu pour son grade le fuyard !

- Prune l'a mis quelque fois à l'amende oui... Mais il y avait aussi de belles lettres, l'insoutenable légèreté des lettres, qui la replongeait à chaque fois dans ses tristes abysses...

- Tu as gardé la lettre d'hier soir ?

- Oui. Tu veux que je te la lise ?

- Si ce n'est pas indiscret, j'aimerais beaucoup...

La lettre, écrite quinze ans plus tôt et envoyée à Simone, Prune s'adresse à son amant :


"Un jour, tu sais, y’a …Je sais plus combien de temps…Je t’ai croisé. Dans la rue.
Tu étais sur l’autre trottoir. Je ne pense pas que tu m’aies vue.  J’ai hésité, j’ai voulu traverser, mes pieds ont résisté, et je me suis dis, c’est pas tes pieds, c’est ton cœur qui t’empêche d’y aller. C’est ton cœur qui en marre d’être obsédé. C’est ton cœur qui veut se dégager.
Et tout est remonté, comme un noyé du fond de son marais, gorgé d’eau et de saletés. Gonflé du temps qui l’a aspiré. Et cette interrogation, toujours, qui ne veut pas me lâcher, la même, éternellement.
Je t’ai cru indifférent. J’ai cru qu’on était amis, amants, qu’on partageait des instants, que te dire que je voulais plus, que je t’aimais autrement, que je ne disais pas tout, que je ne montrais pas tout, j’ai cru que me dévoiler, ça allait nous paumer.

T’as dit que tu m’aimais. J’ai dit…Vraiment ?
Et tout a foutu le camp. C’est peut-être moi qui ai déconné, j’aurais pu, du, m’accrocher, ne pas m’enfoncer dans ma fierté, cherché à te retrouver…J’ai pas pu, paralysée, tétanisée que tu me dises de te lâcher. Qu’un soir en parlant les mots se sont trompés. Que c’était pas vraiment ça, qu’aimer…Aimer après tout c’est vrai, on peut aimer à fond, on peut aimer et que ça retienne la respiration, on devient comme un poisson qu’est tout au fond, au fond d’un bocal sans eau, une dernière bulle, et ciao.

Peut-être que tu ne me voulais que comme amie. Une amie qui t’offrait son cul quand on n’en pouvait plus. Oh merde, je sais plus, je sais plus et ça recommence, et faut que je me lance, je veux pas savoir, je peux pas entendre que j’étais tes coups d’un soir quand tu savais plus comment avoir chaud, quand t’avais besoin de moi contre ta peau, de moi ou de quelqu’un, je veux pas entendre que l’histoire était comme ça.

Au final, c’est toujours les mêmes questions. Au final, on a peur de tout dire, on a peur de rien dire, on veut savoir si l’autre a des sentiments, on se paralyse avant, avant de lancer l’interrogation, on se dit qu’il faut du temps, que c’est à l’autre de s’exprimer, qu’un ça va aller, c’est déjà ça, et l’on interprète un mot, un geste, un silence, une complaisance, et on s’aime et on se déteste, on se guette et on se jette, on fera pas le premier pas, on est trop fier pour ça, et puis l’autre n’a qu’à parler, si rien n’est dit c’est que rien n’est pensé, et l’on est là à tourner en rond, cage aux lions, immense arène où l’on se fait bouffer, mauvais gladiateurs, y’a encore des cœurs à dévorer….

Laisse moi pleurer, me regarde pas, y’a mes larmes qui vont couler, me demande pas pourquoi, me demande pas ce que je voulais, si pour toi ça le valait pas, c’est plus à moi de me déclarer, pourquoi t’as bousillé tout ça, pourquoi je t’ai pas cherché, enlève-toi de moi, enlève-moi cette fois, une fois encore une dernière fois, se retrouver sans se blâmer, si tu me touches je vais hurler, si tu me touches je vais céder, je vais encore y croire, ça sera juste un soir, et puis tu vas t’évader, libère-moi, libère mon amour qui a trop rêvé, t’en vas pas, je sais pas, je sais plus…

Je relève la tête. Je te regarde. Et je pleure."

Prune Victor


- C'est poignant. Mais tu sais Simone, les hommes ne sont pas égaux devant l'amour, ni devant la transparence, la sincérité ou la remise en question. Je vais te dire ce que m'inspire cette lettre, et ce que j'aurais répondu à Prune si j'avais été son confident à cette époque.

- Je t'écoute...

- C'est fou comme l'amour a ce pouvoir de n'exprimer que le beau quand le soleil est au plus haut, et celui de dire ses maux les plus obscurs, avec un regard parfaitement précis, quand il est au plus bas. Comme si aimer c'était un peu mentir ou ne pas avouer, par peur de perdre l'équilibre. C'est fou comme l'amour à ce pouvoir de masquer la lucidité à l'endroit des choses qui pourraient gêner quand le soleil est au plus haut, et comme il peut se fissurer quand il est au plumard. En train de se décliner en vers sur une amie à l'envers, qui offrirait son cul, comme une serrure de son coeur, à quelqu'un qui n'a pas forcément eu l'envie de le visiter ce coeur, encore moins de s'y installer. Il était sûr d'avoir la clé de son propre plaisir, mais pour que la fête soit belle, il a peut-être osé la folie de promettre qu'il avait aussi la clé de toi. Pour te toucher au plus profond. Sauf que sa fin à lui, c'était le début de ton infini. Et le vide qu'il laisse est forcément à la mesure de sa promesse. Quand l'histoire est finie, et qu'on a cru à l'infini, la femme se sent peut-être vide, elle ne sait pourtant pas encore que c'est l'infâme qui en plein. 

Dire les choses, toujours, au risque de déplaire, un peu. Dire les choses, même un peu, et plaire, toujours, même après la nuit.


- Raoul... J'aurais adoré que tu sois son confident à cette époque...

- Qu'est-ce qu'elle devenue ? Ne me dis pas qu'elle est encore sous le joug de cette histoire ?

- Elle est heureuse depuis des années. Elle a su se servir de cette blessure pour renaître plus forte encore. C'est en retrouvant ses racines qu'elle a retrouvé l'air libre. Tu vois cet arbre dans cette bibliothèque ? C'est tout un symbole. La nature a repris le dessus, l'arbre a percé le plafond, par la seule force de ses racines. Parce que sans les racines, point de ciel palpable. Je me demande si ce n'est pas un prunier d'ailleurs...


lundi 17 janvier 2011

Rumeurs


- T'es au courant pour Simone et Steve ?

- J'en ai entendu parler oui...  Quel est ton avis toi... Elle l'a embrassé alors ?

- Je ne sais pas comment elle était habillée quand elle l'a retrouvé mais si elle avait ton décolleté, j'imagine qu'il a pris les choses en main...

- Pffff... Tous les mêmes... Parce que tu crois que c'est le genre de décision qu'on prend à partir d'un choix de garde-robe toi ? Tu crois que si une femme fait le tour du monde pour te retrouver, et qu'elle se présente en col roulé, ça suffit pour empêcher toute tentation buccale ? Retourne-toi, regarde là-bas, j'ai l'impression que ta femme te cherche...

- Et alors, je peux discuter avec une collègue non ? Elle n'est pas obligée de penser que je regarde ton décolleté. On n'est pas des bêtes !

- Non... Ceci dit, puisque toi comme moi savons que tu te noies dedans, difficile de penser que Steve n'a pas plongé dans celui de Simone, qu'il n'a pas nagé dans son bonheur et qu'il n'a pas pris le soleil sur ses lèvres... Parce que la Simone, c'est pas le genre à arriver en anorak au moment de retrouver l'été de son insouciance !

- Donc tu penses qu'il s'est passé quelque chose...

- Franchement je ne sais pas. Elle aime profondément Raoul, Simone est une femme capable de faire le long voyage qu'elle a fait uniquement pour aller au bout de son idée, retrouver celui qui était devenu comme une obsession, retrouver son parfum, sa réalité. Pour casser le mythe. Pour lui dire son amour, certes, mais sans forcément le goûter. Elle avait peut-être besoin de le retrouver pour se retrouver elle, pour être sûre. On a parfois besoin de retrouver quelqu'un pour le perdre en douceur, de se souvenir pour oublier, de partir pour revenir. C'est peut-être en partant à la recherche du temps perdu qu'elle a retrouvé la jeunesse du sentiment qui lui a fait épouser l'homme de sa vie.





- Vous pensez qu'elle l'a embrassé ?

- Je finis mon livre et je vous réponds. J'ai besoin de me nourrir du sujet et de le maîtriser parfaitement avant de me prononcer.

- Pardonnez-moi mais que fait cette balle de tennis sur votre table ?

- C'est à Chang, un ami de Simone avec qui je sortais depuis une semaine. Il n'arrêtait pas de me parler de passing shot et de l'importance du service, et n'en pouvant plus, au bout d'une heure de jeu, je lui ai dit qu'il m'ennuyait avec ces histoires à deux balles. Du coup, il en a repris une et il est parti, en me disant que celle-là, c'était la balle de break. Pour que je me souvienne de notre rupture. Et il a ajouté que je regretterai mon audace quand il sera célèbre...

- Vous croyez qu'il sera célèbre Chang ?

- Je ne sais pas mais s'il joue comme il mange, il n'ira pas très loin ! Il a servi à la cuillère pendant tout le repas...






- Je vais te dire Freddy, pour moi, il ne l'a pas embrassée.

- Qu'est-ce qui te rend aussi sûr de toi Mike ?

- The girl is mine...

- Pardon ?

- The girl is mine Freddy ! Mc Queen qui séduirait la femme de mes rêves ? Im-po-ssible !

- Physiquement, il est quand même beau gosse, tu peux pas le nier...

- Dis donc Freddy, tu serais pas un peu homo toi ?

- Et alors, ça te poserait un problème ?

- Absolument pas mais... Aaaaah c'est pour ça ! Tes déguisements de femme... Tes talons hauts... Tes valises de maquillage ! C'est pour ça que tu adores que les hommes draguent Queen !

- T'as tout compris Bambi ! On a tous nos petites folies non ?

- Oui... Moi, par exemple, je vais me faire blanchir la peau, je vais me faire refaire le nez, les pommettes et le menton, jusqu'à ressembler à Steve le plus possible. Et là, Simone sera obligée de beau voir.

- De beau voir ?

- Oui, de me voir beau quoi.

- T'es un poète toi... Et si ça foire ?

- Et ben je...

A ce moment-là, MJ marche dans un bout de tarte aux pommes qui traînait par terre. Pour nettoyer ses semelles, il essuie ses pieds en glissant vers l'arrière, l'un après l'autre. Freddy hallucine :

- Hey Mike, mais il est incroyable ce pas !

- Voilà, et ben si ça foire, je deviendrai danseur, et je lui décrocherai la lune avec cette danse,  avec ce pas, je vais l'appeler le Moon Walk tiens... et si Simone ne veut pas de ma lune, je la décrocherai pour ceux qui aiment ma musique et ma façon de bouger !

- We are the champions, my friend !







- Je veux savoir si elle l'a embrassé, Capitaine Stubbing ! Alors, c'est oui ou c'est non ?

- Mais je n'étais plus sur le pont à ce moment-là ma pauvre dame...

- Ma pauvre dame ? Je suis une drôle de dame vous savez, alors ne la jouez pas sur ce ton avec moi !

- Oh mais elle va se calmer la petite brune là ! Ici la croisière s'amuse mon petit, alors tu ranges ton jouet et tu viens de détendre dans ma cabine parce que tu me sembles bien excitée là !

- Je veux ressembler à Simone...

- Vous voulez toutes ressembler à Simone ! Mais il n'y a pas de secret, il faut juste être soi-même ! Elle, c'est une vraie drôle de dame, et vous savez pourquoi ? Parce qu'elle n'a jamais eu peur d'être elle-même, d'aller contre les pensées toutes faites, la société bien-pensante, les regards condescendants, la politesse feutrée et hypocrite ! Allez, posez ça  et venez dans ma cabine. Je suis déjà en train de former une jeune femme, une jeune actrice débutante qui a un regard de feu et une délicieuse fossette qui se creuse quand elle sourit...

- Farah ? Une blonde gaulée comme pas possible ? Je la cherche depuis une heure, c'est ma coloc!

- Gaulée comme pas possible ? Et bien vous avez du boulot avant d'espérer concurrencer l'élégance de Simone ! Oui, c'est elle, et vous voyez, elle apprend très vite, elle sera bientôt une drôle de dame cette petite. Elle embrasera l'écran ! Je lui ai d'ailleurs trouvé son nom de scène : Farah Fossette. Mignon non ?





 - Alors Lieutenant, qu'est-ce que vous en pensez ?

- Ma femme met toujours ce rouge à lèvres, très discret, quand elle va à un rendez-vous important. Le même que celui qu'on a retrouvé sur la serviette abandonnée par Simone dans l'hélicoptère. Il faudrait que quelqu'un puisse me retrouver le verre à dents de Steve. Si on retrouve des traces du même rouge à lèvres, il n'y aura pas de doute possible.

- Et si Steve aimait se maquiller parfois ? Les voyages peuvent être longs dans la Marine...

- Ah oui mais alors là, ce n'est plus de mon ressort, ça concerne les moeurs. Quelle drôle d'idée quand même... Vous aimez vous maquiller vous Docteur ?

- Mmmm... ça m'arrive, oui...

- Bon, bah je vais y aller moi...






- Alors chouchou, t'en penses quoi toi de cette rumeur ?

- C'est une rumeur Starsky... Impossible qu'elle ait cédé à la tentation, Raoul a la classe internationale !

- Dis donc, tu ne l'avais pas croisée dans ce magasin de lingerie Simone, toi ? Le mois dernier, à l'angle de la 5ème et de la 42ème ?

- Oui, c'était le jour où je t'avais acheté le string que tu portes aujourd'hui...

- Ah ! Alors ça change tout, parce que si elle portait ce string, il n'y absolument aucune chance qu'il ait pu résister le Mc Queen !

- Il te gêne pas pour courir d'ailleurs ?

- Non écoute, je suis au top là !






- Excuse-moi Jessica mais je n'y arrive pas...

- Tu penses encore à Simone ?

- Oui, je n'arrive pas à croire qu'elle ait pu embrasser un autre homme...

- Mais tu n'es pas un homme toi...

A ce moment précis, la bête balance violemment la belle dans le château gonflable prévu pour sa chute et hurle :

- Mais quelle connasse celle-là, c'est pas vrai ! On peut pas rêver deux minutes non ? T'as le charisme d'une endive asthmatique et tu veux apprendre aux vieux singes à faire des grimaces ? Tu lui arrives pas à la cheville à Simone !!!

- On m'avait dit que t'étais un gros Kong, mais à ce point, on frôle l'obésité !





- Voilà, ça y est, elle l'a embrassé...

- Vous êtes sûrs ?

- Aucun doute. Un tel Big Bang a une seule origine, Dieu, et deux conséquences possibles : la naissance d'une planète et celle de l'amour orgasmique et alchimique. Et puisque la planète, c'est déjà fait...

- Mais si Dieu est à l'origine de ce Big Bang, ça ne saurait être Simone...

- Simone embrasse divinement bien. Et personne ne connaît les natures des âmes tant que nous sommes de chair...

- Mais alors Steve aurait embrassé la Foi ? Je croyais qu'il n'était pas croyant ?

- Quand tu embrasses Simone, tu sais que le Paradis existe...

- Excusez-moi les machos, mais rien ne nous dit que ce Big Bang est le résultat d'un baiser entre Steve et Simone, c'est peut-être au contraire le baiser de ses retrouvailles avec Raoul, le seul, le vrai ! C'est pour que le système solaire et toutes les galaxies possibles voient à quel point l'explosion sentimentale de deux humains qui s'aiment et qui se retrouvent est pleine de grâce et de magie !

Leïa était comme hypnotisée par le spectacle...

- Alors toi, faut que t'arrêtes d'être aussi fleur bleue hein... Et puis tu vas t'abîmer les yeux là, tu regardes trop les feux de l'amour, allez, on va manger...

- C'était quoi le truc qui vient de passer là ?

- Quoi ?

- Comme une forme qui fonçait vers la lune !

- C'était noir ?

- Pas tout à fait non...

- Blanc ?

- Non plus...

- Il a laissé tomber quelque chose sur la vitre... D2, tu peux analyser ça ?

- Bien sûr....   ....   .... ....    c'est de la tarte aux pommes.

- Très étonnant...

samedi 15 janvier 2011

La fleur de mon secret


- Je sais ce que tu veux me demander Raoul...

- J'ai besoin de savoir

- Pour calmer ta curiosité ou ton ego ?

- Pour te connaître encore mieux...

- ...ou pour t'autoriser ce que tu t'interdis ? Si mes lèvres s'étaient posées ailleurs que sur les tiennes, ça justifierait que tu embrasses tes multiples projets, n'est-ce pas ?

- Tu es mon seul projet Simone, je serai l'architecte d'une seule oeuvre majeure.

- Oui, on dit tous ça, et c'est souvent vrai, mais ce n'est pas pour ça qu'on ne visite pas d'autres monuments. Créer le beau ne doit pas empêcher pas d'y goûter.

- Tu y as  donc goûté...

- Je n'ai pas dit ça Raoul. Et qu'est-ce que ça change ? Je suis là, avec toi, tu es mon choix, ma plage, mon lit, ma destination préférée à la fin d'un tour du monde, pourquoi serions-nous obligés de souffrir d'être parfois instinctifs ? Tu ne sauras jamais si je l'ai embrassé ou pas, ce n'est pas important.

- Comment tu as rencontré McQueen ?

- Nous étions dans le même hôtel, j'adore le cinéma comme tu sais, et quand j'ai su qu'il était là, j'ai voulu me plonger dans sa culture, je me suis mise dans le bain, rien de grave non plus...

- Bah si ça n'avait pas été dans le sien, non, effectivement...

- Tu m'en veux ? Tu as été très jaloux ?

- J'ai juste fait des heures de golf, d'hélicoptère, de planque dans les archives du Ministère, le tout en armure, pour passer de chevalier servant à chevalier moderne et romantique, à l'américaine quoi, dans le seul but de te plaire, de provoquer ton admiration. Tu ne serais pas jalouse si je te disais que j'avais pris un bain avec Sofia Loren ?

- Tu as pris un bain avec elle ??

- Va savoir... Tu es jalouse ? Pourtant, si tu es ma plus belle réussite, rien ne devrait m'empêcher de visiter les plus beaux monuments...

- Bon, d'accord. C'est compliqué l'amour Raoul, c'est tout. Parfois je me dis qu'on n'a pas le droit de tromper la confiance de celui qui vous aime, parce que si on le fait, on trompe des valeurs, les siennes, les nôtres, on trompe nos choix, une certaine éducation amoureuse, celle-là même qu'on transmettra, on trompe une innocence, on favorise les blessures, les ruptures, les cicatrices, on brise la confiance, aussi fragile que du cristal, en sachant très bien que la moindre fêlure l'empêchera de retrouver sa pureté originelle. Et puis quand la magie vous éclaire, au détour d'une rencontre, je me dis qu'on n'a pas le droit de fermer les yeux, qu'on peut très bien composer, prendre ce que la décence permet de prendre, goûter sans avoir besoin de digérer, embrasser le secret et le laisser au jardin. Raoul, tu sais comme moi que tous les jardins du monde sont fleuris de secrets, et que c'est souvent la raison pour laquelle les maisons prennent de la valeur...

- Ce n'est pas une raison pour passer de maîtresse de maison à maîtresse de jardin. Il y a des limites à la culture florale !

- Raoul, je t'aime, tu es le seul que j'ai cueilli, à la base de la tige, sans rien abîmer. Ne me reproche pas d'avoir respiré le parfum d'une fleur, celle de la liberté. Ma liberté, je te l'ai offerte, à toi seul, et jamais je ne pourrai te donner plus belle preuve de mon amour. Il ne s'est rien passé avec Steve, juste une attirance mutuelle, quelque chose d'alchimique, probablement, mais qui est resté très cérébral, et finalement très respectueux. Comme tu as dû le sentir en croisant une autre femme que moi, un jour, qui aura suspendu ton horloge biologique, le temps d'un regard, d'une voix ou d'un contact furtif. Je me suis posée sur une fleur, c'est vrai, mais pas une seconde je n'ai oublié d'où je venais, et qui m'attendait, en rentrant. Il est fou amoureux de sa femme, j'aime autant mon mari, comme toi tu aimes ta femme, et comme tu continuerais à l'aimer, même si tu devais un jour sentir le parfum de l'interdit et t'y abandonner le temps d'une ivresse salvatrice.

- Va essuyer tes ailes du miel de ton voyage, viens voler à la maison, vole-moi dans les plumes, fais-moi bourdonner... et ferme la fenêtre, l'automne arrive, c'est la saison des secrets qui fanent...

Nous ne vieillirons pas ensemble


Steve :

- Qu'est-ce que tu prends Simone ?

- Un Martini

Le patron du bar, à sa femme :

- Tiens, comme le français tout à l'heure ! C'est marrant ça, pas un Martini vendu depuis trois semaines, et là, deux coup sur coup, et à deux français ! J'ai toujours été fasciné par la loi des séries...

- Oh oui, il était drôle ce Raoul avec son histoire de chevalier moderne...

Simone :

- Pardon ??? Il était comment ce Raoul ?

- Un très bel homme, il nous a raconté qu'il était venu chercher sa femme, qu'il avait voyagé autour de la lune pour la séduire et qu'il voyageait autour de la terre pour la reconquérir. Je ne sais pas qui est cette femme, mais elle doit avoir quelque chose pour avoir un homme pareil à ses trousses...

A ces mots, Simone tomba de son tabouret. Steve se précipita à son secours et l'invita à se relever. Pendant leur lente remontée, dans leurs yeux, ils se disaient tout, ils savaient. Chacun savait où était la vie de l'autre, le coeur de l'autre, le choix de l'autre. Chacun savait aussi que la flamme qui palpitait en eux était née de plusieurs braises.

Steve :

- Vas-y... Cours le rejoindre.

- Merci

- Si j'écris mes mémoires un jour, il y aura un long paragraphe intitulé "La fille sur le pont"...

- Nous ne vieillirons pas ensemble Steve, mais j'ai adoré ces quelques rides que tu as fait naître en si peu de temps, et qui me marqueront à jamais, du sceau de l'insouciance, aimante et légère, de la complicité, profonde et évidente. Je vais retrouver mon soleil, j'ai adoré notre éclipse...

- C'est drôle... Notre histoire a commencé en mousse, dans ce bain que tu as fait de jouvence, et elle se termine en mousse... enfin surtout pour moi...

- J'avoue que retrouver le célèbre "king of cool" en uniforme de marin après avoir plongé pour la première fois ensemble, dans une baignoire , c'était le pompon !

Ils souriaient comme des enfants de ces brèves de comptoir, pour ne pas penser comme des adultes, qui cicatrisent toujours moins vite. Cette histoire était comme suspendue dans le temps, personne ne pouvait dire si elle avait vraiment existé, si elle n'était que profondément cérébrale ou superficiellement charnelle, ou l'inverse.

Seules quelques rides heureuses avaient creusé l'empreinte d'une parenthèse absolument idéale. De celles qui sont indispensables pour donner tout son sens à un coeur qui ne saurait mentir.

jeudi 13 janvier 2011

Le pont des soupirs


- Steve ?

Avant de se retourner, Steve avait déjà reconnu cette voix. Il ressentait un mélange d'agacement et d'enthousiasme qui lui était très difficile à analyser. Il voulait répondre immédiatement, mais il dût prendre quelques secondes pour dénouer sa gorge. Certaines cordes vocales vous marquent tellement qu'elles peuvent vous étrangler d'émotion lorsqu'elles reviennent vibrer à vos oreilles...

- Qu'est-ce que tu fais ici Simone...

- Ah bah ça fait plaisir ! Je viens de faire le tour du monde avec Redford en avion, en hélicoptère et en voiture amphibie, j'ai survolé tous les océans du monde pour te retrouver, et c'est tout ce que tu trouves à m'offrir comme accueil ?

- Je suis parti au bout du monde pour t'oublier, figure-toi que tu n'as pas fait un bien énorme à ma carrière avec ton discours aux Oscars ! Et tu as introduit un sacré doute dans ma Faye !

- Je n'ai rien introduit dans aucune Faye, j'ai assez à m'occuper des miennes !

- Bon. Je t'écoute...

A ce moment précis où il accepta de l'écouter, il se retourna et se mit face à elle. Il avait oublié comme sa France était belle... Il se rappelait alors de tous ses détails, de ses plages, de ses dunes, de son goût, de son parfum... Mais il restait impassible dans le regard qu'il proposait.

- Ta mère cherche son petit gilet mauve partout. Elle veut absolument que tu lui rapportes. Au revoir Steve.

Et Simone de tourner les talons, énergiquement, marchant d'un pas lourd et ostensiblement énervé, laissant sur le pont l'empreinte sonore de sa contrariété. Steve la rattrape.

- Attends ! Simone !! C'est pour ça que tu as fait tout ce voyage ? Pour me dire que ma mère cherchait son gilet partout ?

Simone se retourne, les yeux dans les yeux :

- Dis donc, ça te réussit pas les uniformes de marin, tu deviens con comme une huître ! Evidemment que ce n'est pas pour te dire ça que j'ai écumé mes jours !

- Très belle expression...

- Merci, ça vient des Vian, leur fils, Boris, a une plume extraordinaire. Il paraît qu'il boit à la source du jardin depuis tout petit, et qu'il y puise toute son inspiration.

- J'ai entendu dire que l'eau des Vian était particulièrement pure, oui...

- Je suis venue jusqu'à toi pour m'excuser ! Je suis désolée pour ce discours, mais l'occasion était trop belle de tendre un miroir à la face de tous ces artifices, dans la salle et devant leur écran. Je n'ai pas pensé aux conséquences, et je te présente mes plus sincères excuses. Et je voulais aussi être certaine de ne pas t'aimer comme ton absence me le hurlait chaque jour un peu plus. Parce que j'aime Raoul, mon amour de ma vie, et qu'il m'était insupportable de le tromper, même par la seule pensée ! Tu peux comprendre ça ?

- Simone, les Oscars et ma dispute avec Faye ne sont pas les seules causes de mon départ... Je suis parti parce que depuis notre rencontre à l'hôtel, ta marque, en moi, est indélébile. Tu es une femme incroyable, qui pourrait résumer à elle seule toutes les qualités du genre, et je n'avais d'autre choix que la grande évasion.

- Steve, j'ai toujours été fidèle. Mais j'ai toujours été persuadée que l'amour était pluriel. Ce sentiment est trop naturel pour qu'un contrat, un engagement, aussi moral soit-il, puisse avoir raison de ses fleurs. Et celles qui ont éclos à ton soleil ne font pas partie de ma décoration domestique, ni même de mon jardin, elles sont sauvages, comme toi. Je ne t'épouserai jamais, je ne t'aimerai même jamais comme j'aime mon mari, et pourtant, en te disant je t'aime, en m'ouvrant comme cette rose que le poète disparu invite à cueillir sans attendre, je sais que je ne trompe pas l'amour, je l'honore. Je ne veux pas assouvir un désir, sexuel ou sensuel, un caprice, une gourmandise, non... Je veux simplement vivre un peu de cette magie, de cette alchimie que la vie propose si rarement.

- Tu as pris un bain avec Robert ?

- Jamais.

- Embrasse-moi...

mercredi 12 janvier 2011

La croisière jaune



- Simone, j'ai deux nouvelles, une bonne et une mauvaise, on commence par laquelle...?

- La bonne.

- On est arrivés en Asie. Là-bas, c'est la Chine. On a fait toutes les mers du monde, tous les fleuves, Steve ne peut qu'être ici.

- Et la mauvaise ?

- On est à sec, il va falloir continuer en bateau.

- Ok, merci pour tout Robert, posez-moi près de ces rizières, je continue seule.

- Mais ?

- Y'a pas de mais Robert ! Nous allons perdre trop de temps à deux. Et puis je connais quelqu'un ici, il est garagiste, un véritable artiste de la tôle et de la mécanique, il pourra me prêter une voiture. Mais s'il me voit arriver avec un homme, il se fermera comme une huître, je le connais.

- Vous connaissez quelqu'un ici ? Comment est-ce possible ? Et puis une voiture ne vous sera d'aucun intérêt pour descendre les fleuves !

- Je connais quelqu'un dans ces rizières oui, je l'ai rencontré avec un jeune reporter avec qui j'ai fait le tour du monde, c'était incroyable cette expérience, il avait un petit chien, je m'en souviens parfaitement, son chien et son pantalon de golf... C'était il y a longtemps, mais c'est comme si c'était hier. Mon ami s'appelle Chang. Il maquille des voitures, il les bricole, il en fait ce qu'on veut. Par exemple, si je lui demande une voiture qui peut aller dans l'eau, il me la fabriquera. Je me souviens qu'il avait une lotus, bleue, qui pouvait être transformée en américaine amphibie. Il l'a peut-être gardée...

- Je vous souhaite le meilleur Simone, j'ai été ravi de vous emmener autour du monde moi aussi.

- Merci Robert, merci pour tout, je n'oublierai jamais ce que vous avez fait pour moi. Bon retour en Afrique, embrassez Miss Blixen de ma part. Mais ne lui dites pas qu'on a dormi ensemble à la belle étoile, sinon elle pourrait vous mettre "out of Africa" pour de bon !

- Très drôle... Au revoir chère amie... Soyez prudente.



Simone avait une mémoire d'éléphant. Elle avait immédiatement reconnu le village de Chang. Il était revenu s'installer dans cette région, sa femme lui avait donné un fils, Michael, qui, à 6 ans, était déjà très doué au tennis. Après quelques étages de rizières, grimpés tout en se demandant comment ils faisaient pour arriver à une telle architecture, elle trouva la maison de Chang, et le garage mitoyen, dans lequel il travaillait. Il la reconnut immédiatement :

- Simone !!! Qu'est-ce que tu fais là ?

- Chang !!! Comment vas-tu mon ami ?

- Mais je vais formidablement bien ! Quel bon vent t'amène jusqu'ici ?

- Je n'ai pas beaucoup de temps Chang. Je suis venu retrouver un ami acteur, un américain, il se serait engagé dans la Marine, et serait dans le coin...

- Steve McQueen ??? Tu le connais ?

- A peine, on a pris un bain ensemble, mais la mousse a bien pris... Mais comment sais-tu pour Steve ?

- Tout le monde parle de lui ici ! Il est sur la canonnière américaine, sur le Yang-Tsé !

- Chang, tu as une voiture qui peut faire terre et mer ?

- Bien sûr ma chérie...

- Mais pas trop bridée, j'ai besoin d'aller vite !

- J'ai une tête à faire des voitures bridées ?

- Pardon...

- Voilà, c'est la bleue là-bas...

- C'est pas vrai, ne me dis pas que...

- Si. C'est la Lotus. Elle n'a plus rien d'une lotus à l'extérieur, mais à l'intérieur, elle a toujours son âme indestructible, elle t'emmènera loin. Dès que tu arrives sur l'eau, tu appuies sur ce bouton, là, le petit rouge, et elle va commencer à te mentir avec classe.

- A me mentir ?

- Oui, elle continuera de se présenter comme une voiture, mais elle te mènera en bateau jusqu'à la fin...

C'est ainsi que Simone continua son voyage. Arrivée à la mer, elle appuya sur le bouton rouge, et comme par magie, la Lotus voguait parfaitement. Après son interminable périple dans les airs, Simone pouvait enfin se détendre. Elle restait muette devant tant de beauté sur ce fleuve encore mystérieux. C'était ambiance Lotus et bouche cousue...

A cette époque après-guerre, dans les mers de Chine, on pouvait croiser beaucoup de stars en vacances. Simone fixait un couple sur un bateau. Elle enlevait ses lunettes pour être certaine...




C'est Monsieur et Madame Kennedy ! Elle avait connu JFK, quand elle l'avait surpris avec Marilyn, dans cette chambre. Elle n'avait jamais vu sa femme.


- John !!! Houhou !!! Johnny !!! C'est moi, Simone !!!



- Qui est cette fille John ?

- Je te jure que je ne sais pas chérie!

- Elle aussi elle t'a chanté Happy Birthday Mister President ? Mais tu as combien de groupies célèbres John ?

- Mais arrête Jackie ! Je te dis que je ne connais pas cette femme, je l'ai peut-être croisée une fois ou deux mais nous n'avons jamais rien partagé !

Simone :

- Bonjour John ! C'est moi Simone, vous vous souvenez ?

- Bonjour ! Non, je ne me souviens pas pardonnez-moi !

- Je cherche Steve McQueen, l'auriez-vous croisé aujourd'hui ?

- Ah oui, mais ça fait bien deux heures, il remontait en amont, il s'est engagé comme mécanicien sur la canonnière !

- Parfait, merci John ! Et bonne chance pour Dallas !

- Merci Simone ! Oui, mes conseillers ont opté pour une parade en décapotable alors je soigne mon teint !

Un peu plus loin, un autre visage connu, oui, c'était lui...



- Excusez-moi mais vous êtes cet acteur en vogue n'est-ce pas ?

- Je ne suis jamais aussi en vogue que derrière la barre de mon bateau... Vous êtes ?

- Simone, et vous ?

- Vous plaisantez ?

- Pas plus que vous non...

- Pourtant, Alain Delon est une star en Asie !

- Bah vous voyez, tout arrive, vous êtes une star en Asie, moi sur le reste de la planète, et aucun de nous n'a reconnu l'autre... Je cherche Steve McQueen, un ami, vous l'avez vu ?

- Ah mais oui, je vous reconnais ! Vous êtes la Simone des Oscars !

- Entre autres évènements marquants cette année, oui...

- Steve vient de passer, le bateau doit s'arrêter pour ravitailler, vous pourrez le rattraper, et y monter à ce moment-là.

- Merci Alain.

- Je vous en prie... Vous pouvez vous décaler un peu parce que je suis en plein soleil là et j'ai du mal à vous regarder sans cligner des yeux...

- Rien à voir avec le soleil mon ami, aucun homme n'a jamais pu me regarder fixement très longtemps sans cligner. Il est des charismes éclatants que voulez-vous...

- Dites donc, un peu d'humilité ne vous ferait pas de mal vous !

- Comme quoi, la prétention, dès qu'elle est en plein soleil, peut vite déteindre... Mes hommages cher ami !

Simone reprenait son voyage au long cours, et deux heures plus tard, enfin, elle arrivait au bout du bout de son interminable périple. Elle était là, face à la canonnière ! En grimpant sur le bateau, elle croisait le Capitaine qu'elle apostropha immédiatement :

- Capitaine !



- Oui mon petit ?

- Je cherche Monsieur McQueen !

- Il est sur le pont, mais parlez-moins fort, les mousses font la sieste... Et vous savez ce que c'est, quand on réveille le mousse, le mousse tique, et quand le mousse tique, le mousse pique !

- Il pique quoi ?

- Une grosse colère !

- Je serai très prudente, et très silencieuse.

- Dois-je le prévenir ?

- Non, non, s'il vous plaît, laissez-moi lui faire la surprise... Je viens de très très loin.

- Il vous attend ?

- Pas vraiment non.

- Et bien ça va lui faire du bien de voir une femme qui le connaît, ça va le remettre dans le bain !

- Vous ne croyez pas si bien dire...

mardi 11 janvier 2011

Un chevalier dans les archives


- Mc Carthy...  Mc Enroe... McFly...Mc Intosh... Mc Laren... Mc Mahon... McQueen !

- Dépêche-toi Raoul, on va finir par se faire repérer là...

- Il est en Chine ! A bord d'une canonnière, sur le Yang-Tsé... Tu parles chinois Charles ?

- Quand je suis bourré, peut-être, mais sinon rarement...

- Tant pis, on improvisera... Allez on fonce !

Simone on tour


- Allez-y doucement Robert...

- Vous croyez vraiment qu'il peut être à Paris ? Je le verrais plutôt dans le Pacifique, ou en Asie, pas ici.

- On ne sait jamais, puisqu'il faut faire tous les cours d'eau du monde, autant commencer par là, et puis ici, on a la magie de cette tour, et la Seine. Si la Marine locale a proposé à Steve d'être mis en Seine sous une tour, infernale de beauté, il n'a pas pu refuser !

- Au contraire Simone, si vous voulez mon avis...

- Non.

-...

- Bon, d'accord. Mais pas longtemps.

- ... je pense que depuis votre rencontre, il n'a plus du tout envie d'entendre parler de tour, qu'elle soit infernale ou pas.

- Vous avez raison... Cap sur l'Asie !

- Je reviendrai ici moi... Je monterai une agence de voyages avec survol de Paris en hélico, vous m'avez donné une idée de nom absolument parfaite...

- Ah oui, laquelle ?

- Tour de magie sur Seine...

- Pas mal... Allez Majax, on se réveille, on file au Bourget reprendre ton avion, et on survole les océans !

Pulp fiction


- Bonjour Madame, je voudrais faire une déposition

- Je vous en prie, installez-vous. Que s'est-il passé ?

- Voilà. Hier soir, j'ai organisé une soirée déguisée chez moi. Vers deux heures du matin, tout a dégénéré, j'ai attaché ma belle-mère au ventilateur, on l'a mis en marche et...

- Votre belle-mère ?

- Non, le ventilateur. Et pendant qu'il tournait, avec Micheline au bout, on lui mettait une petite claque sur les cuisses chacun notre tour avec des raquettes de Jokari, vous savez les raquettes en bois là...

- Oui...

- On rigolait bien, quand soudain le ventilo s'est décroché du plafond et la belle-mère a été smashé violemment dans l'étang du voisin. Elle s'est alors introduit chez lui, trempée et pleine de vase, a ouvert tous les tiroirs, le frigo, puis elle est revenue à la maison avec une courgette dans chaque main. Là, elle a commencé à frapper les nains, je crois qu'elle devenait folle en fait...

- Les nains ?

- Oui, c'était une soirée déguisée et ma cousine était venue avec les enfants qu'elle gardait, elle les avait déguisés en nains puisqu'elle était venue en Blanche-Neige. Entre nous, il valait mieux qu'elle se déguise, sinon tout le monde l'aurait félicité pour son maquillage de sorcière et elle l'aurait mal pris. Donc on commence à maîtriser Micheline, et d'un seul coup, elle s'échappe, elle pique toutes les chaussures - oui on fait toujours des soirées déchaussés chez moi, à cause de la moquette - et elle les jette dans le barbecue. Ma femme voit ça, elle fonce avec le jet d'eau vers la voiture de sa mère, l'introduit par la fenêtre...

- Sa mère ?

- Non, le jet d'eau ! ...et remplit la R16 jusqu'au toit ! Autant elle s'en fout qu'on attache sa mère au ventilateur pour rigoler, autant si on touche à ses chaussures, même si vous êtes sa propre mère, c'est déclaration de guerre immédiate ! Là, dessus, sa mère lui lance :

"- bagarre dans l'eau ?

- bagarre dans l'eau."

Elles courent se changer, reviennent avec palmes et tuba, et se mettent des peignées dans la voiture en vidant leurs sacs vieux de trente ans de non-dits !

- Et elles se comprenaient avec les tubas dans la bouche ?

- Non, mais de toutes façons, elles ne se comprennent jamais, au moins là, elles se dépensaient.

- Mais comment sont-elles entrées sans faire sortir l'eau par les portes ?

- Par le toit !

- Mais la R16 n'est pas décapotable.

- Non, mais on a un ouvre-boîte sensass !

- Continuez...

- Voilà, et donc, à ce moment-là, la police arrive. Un agent, seul. Il voit deux femmes en train de se battre dans soixante litres de flotte à l'intérieur d'une voiture, il met la sirène et frappe à la vitre du véhicule en demandant les papiers. Ma femme répond :

- Mais t'es con ou quoi ? Tu vois pas qu'on est occupées là ? Depuis quand vous vous occupez des affaires de famille les Schmidt ? Et puis je croyais que vous ne vouliez jamais vous mouiller dans de grosses affaires ? Et ben là c'est une énooorme affaire ! Et si je t'ouvre, tu vas être trempé comme ta femme un soir de séminaire en province ! Alors recule ou je te fais clignoter comme ton estafette !

- Et alors ?

- Le flic court jusqu'à sa fourgonnette, et lance un message urgent à la radio : " A toutes les patrouilles, je crois avoir ferré deux gros poissons là, renforts demandés ! C'est urgent !!!"

Et là, le temps qu'il se retourne, il se retrouve nez à nez avec ma femme et sa mère, qui le regardent fixement, le regard plus noir qu'une femme trompée, qui lui lancent :

"C'est nous les gros poissons ? Tu viens de glisser sérieusement là... "  Et elles l'ont plaqué au sol, l'ont déshabillé, en lui faisant l'inventaire de tout ce qui n'allait pas... "Et c'est quoi ce ventre là ? Depuis quand ils recrutent des baleines dans la police ? C'est pour ça que tu t'y connais en poisson ? Ah c'est pour ça... Et ça ? C'est... Oooooh... c'est tout petit, c'est presque mignon... C'est pour ça que tu n'as pas été pris au service déminage ? En même temps, avec une si petite mèche, tu n'étais pas fait pour les explosifs..."



- Votre déposition touche à sa fin Monsieur.

- Vous avez aimé mon histoire ?

- Oui, oui, c'était incroyable, et très réaliste en même temps.

- Mais c'est de la fiction, je vous jure hein !

- Je sais bien, aucune femme ne pourrait supporter des claques de raquette de Jokari données par des invités, sur les cuisses de sa mère...

- Ah ça dépend, ma belle-mère par exemple...

- Bonne soirée Monsieur Foulquier !

- Au revoir Madame Simone.


C'est comme ça que se terminait la journée de Simone. Depuis qu'elle était intérimaire dans ce bureau de la fiction, elle entendait des histoires de dingue toute la journée, c'était sa routine. Et quand elle rentrait, elle était ravie de retrouver sa petite routine à elle, calme et romantique, sensuelle et douce, élégante et raffinée. Ceci dit, personne n'a encore essayé de toucher à ses chaussures...

Pas de Paulette pour Cloclo


- Vous êtes la soeur de Simone n'est-ce pas ?

- Qui êtes-vous ?

- Claude François

- Connais pas. Et puis je me méfie toujours des hommes qui ont deux prénoms.

- Je suis chanteur. Vous voudriez danser pour moi ?

- Danser pour vous ? En quel honneur ? Je n'aime pas trop danser sur les trottoirs, voyez-vous, et puis je connais tout le monde ici, le boulanger, le boucher, le pharmacien...

- Non, pas maintenant, je parle de projet musical à long terme là, je vous demande si ça vous plairait de devenir une Clodette.

- C'est quoi une Clodette ?

- C'est le nom de mes danseuses. Vous aimeriez ?

- Ah non Monsieur, très peu pour moi.

- Oserais-je vous demander la raison de ce refus ?

- Parce que je suis déjà une Paulette et que je n'ai pas l'habitude de changer de nom pour un homme que je n'ai pas épousé, voilà tout.

- Mais ce serait un faux nom !

- Et pourquoi vous ne prendriez pas un faux nom vous ? Prenez un faux nom puisque c'est si facile ! Tenez, appelez vous Paul François et je danserai pour vous. Paul et ses Paulettes... Ca sonne bien non ? Et moi j'en serai une vraie, certifiée par acte de naissance !

- Bon... oubliez ce que j'ai dit...

- Ah voilà ! Alors là, quand c'est Môssieur qui doit changer de nom, y'a plus personne ! Vous n'auriez pas besoin d'une Charlotte plutôt ?

- C'est quoi une Charlotte ?

- C'est la danseuse des charlots ! Et vous m'avez l'air d'en être un sacré !

vendredi 7 janvier 2011

Raoul, chevalier servant






- Au golf de Saint-Nom-la-Bretèche s'il vous plaît.

- Mais qui êtes-vous ?

- C'est moi Raoul, Charles...

- Qu'est-ce que c'est que cet accoutrement ?

- C'est pour me rappeler que je ne suis pas un chevalier moderne Charles, alors je vais bosser mon golf. Et je vais prendre les commandes aussi si tu veux bien.

- C'est Simone ?

- Quand elle verra que je suis le seul à faire un trou en un avec une armure pareille, et qu'elle saura que je suis allé m'entraîner en hélico, peut-être qu'elle s'apercevra enfin que je suis un chevalier moderne ! Et peut-être qu'elle comprendra que si elle me déleste enfin de ce poids insupportable, mes performances seront inaccessibles, même pour des acteurs américains ou des agents secrets britanniques !

- Qu'est-ce que c'est que cette histoire ?

- Attache-toi derrière, on y va...





- Je t'en foutrais des Steve McQueen moi... Et des agents secrets... Ils se la coltinent depuis vingt ans la Simone ? Elle est gonflée elle, aussi, de chauffer comme ça... Je sais qu'elle m'aime, mais c'est pas une raison pour se donner autant de liberté, juste parce qu'elle sait que je l'aime comme je l'aime !

- Quoi ?

- Rien...

- Bon, tu l'enclenches ton swing ?

- Oui, je vais l'enclencher mon swing, et ça va danser sévère ! Simone va non seulement retrouver un chevalier moderne, mais aussi un cavalier à la main de fer !

- Joue !

- Ho, un ton en-dessous le beau-frère tu veux bien ? J'ai besoin de me confier alors si tu voulais avoir une qualité d'écoute aussi précise et généreuse que lorsque ta femme te parle de ses envies profondes, ça me ferait plaisir !

- Il faut que je me souvienne... C'était à l'automne dernier je crois...

- Oui... bon... c'était une image...

- Joue !!!

Au bord du vide


- Raoul, soyez raisonnable, descendez...

- Laissez-moi Odette ! Je n'en peux plus. C'est fini... Simone passe à son temps à essayer de retrouver Steve McQueen, et maintenant j'apprends qu'elle joue au golf dans une chambre d'hôtel avec un agent secret britannique !

- Mais vous connaissez ma fille, elle est prête à tout pour arriver à ses fins, elle a rencontré ce James sur la route de ses recherches, et elle n'a fait qu'une partie de golf, rien de plus. Elle suggère, elle propose, elle allume des feux chez certains hommes, mais ce sont des feux d'artifice, il n'y a qu'avec vous qu'elle les éteint... Allez, revenez...

- Mais pourquoi veut-elle absolument retrouver cet acteur ???

- Elle a adoré faire sa connaissance, il est un complice plus qu'un amant, elle est allée un peu loin lors de son discours à la cérémonie des Oscars, elle sait que c'est à cause d'elle qu'il est parti s'engager dans la Marine, elle veut le retrouver, et s'excuser, voilà tout. Steve comme James sont des chevaliers modernes, charmants, elle a certainement pris du plaisir à les séduire, mais comme vous quand vous tournez avec la Loren. Et pourtant, à la fin, le seul chevalier qui lui décroche la lune, c'est vous, et la seule qui vous inspire autant de désir, c'est elle.

- Mais il faut que je fasse quoi pour qu'elle revienne, que je me mette au golf, c'est ça ? Il faut être un chevalier golfeur pour être complètement à la page ? Je suis déjà devenu pilote de courbes pour elle, il faut que je me mette à l'hélico ? Non, c'est trop dur, laissez-moi sauter...

- Raoul, si vous faites une chose pareille, ce sera la plus grande bêtise de votre existence ! Et la ville entière le pensera ! Si vous sautez, ne vous ratez pas, parce que le titre de la presse demain vous suivra toute votre vie !

- Quel titre ?

- Le grand sot !

Simone est Penny


- Entrez James...

- Vous m'avez fait peur... J'entendais des bruits, comme si quelqu'un tapait...

- Ce sont mes balles, sur le mur, je m'entraîne à putter...

- Où est Money Penny ?

- Je la remplace

- Qui êtes-vous ?

- Simone. Vous buvez quelque chose ?

- Une vodka martini, à la cuillère, pas au shaker

- Vous jouez au golf, James ?

- Tout dépend de la qualité du green

- Le mien est parfait, parfaitement ras, vous devriez trouver des trajectoires très précises avec votre engin.

- Club

- Pardon ?

- On dit un club

- Bienvenue au club alors...

jeudi 6 janvier 2011

God save Simone


- Qui est cet homme Messieurs ?

- C'est Raoul Monsieur !

- Que fait-il par terre ?

- Il a eu une nuit difficile Monsieur !

- Tous les gardes qui sont ici ont été choisis à l'issue de sélections drastiques, comment a-t-il pu tomber de cette façon ???

- C'est le mari de Simone Monsieur !

- Et alors ?

- Alors si vous connaissiez l'appétit de Simone Monsieur, et les courbes de Simone, vous dormiriez vous-même depuis longtemps Monsieur !

- Mais qui est cette femme ?

Et tous les gardes, d'enchérir en choeur :

- God save Simone, Sir !!!

mercredi 5 janvier 2011

Une poire pour digérer


- Simone, ils te cherchent partout en plateau ! Le tournage reprend, allez !

- Non !

- Comment ça non ? Et pourquoi ton verre est cassé ?

- C'est moi qui l'ai cassé, ça m'a calmé les nerfs...

- C'était quoi ?

- Une poire

- Une poire ? A cette heure-ci ? Mais pourquoi tu prends une poire maintenant ? et pourquoi tu te mets dans cet état ?

- Ecoute Raoul, on s'était mis d'accord sur le casting, je voulais bien faire Marie, à condition qu'on ait de vrais Rois Mages !

- Et alors ?

- Et alors ? Et alors ?? T'as vu la tronche des Rois Mages ? Ils ont gagné à un jeu sur des boîtes de céréales ou quoi ? On n'a qu'à prendre Léon Zitrone pour faire le charpentier aussi ! C'est du blasphème ce casting ! Si eux sont acteurs, moi je suis la Vierge !

- Bah...

- Oui, enfin, tu as compris ! Alors quand j'ai vu ça, excédée, j'ai déserté le plateau, et je suis venue ici prendre une poire.

- Mais pourquoi avoir déserté ? Et pourquoi une poire Simone ?

- Parce qu'après un plateau de faux mages, on passe au désert, et ensuite, c'est l'heure du digestif Raoul !!!

mardi 4 janvier 2011

Simone a du chien


- Bonjour, je viens pour la soirée de Simone

- Il faut montrer patte blanche

- Les conseilleurs ne sont pas les payeurs on dirait...

- Pardon ? La couleur de ma patte te pose un problème ?

- Non, non... Dites donc, on m'avait dit que Simone avait du chien, mais pas à ce point...

- C'est à toi la caravane ?

- Oui. J'ai dormi ici. Je viens de Dunkerque.

- Désolé, tu peux pas rentrer.

- Mais pourquoi ?

- Parce qu'on n'accepte ni les caravanes, ni les gens qui ont dormi dans des caravanes.

- Mais c'est de la discrimination pure ça !

- Et ben c'est comme ça !!!! Tu dégages ou je sors les crocs !!!!

- Oh ça va, ça va... calme... pas la peine d'aboyer comme ça...

- Chacun son truc, le chien aboie, la caravane passe.

Une ballade pour Simone


- Excusez-moi...

- Vous m'avez fait peur ! Qui êtes-vous ?

- Personne... Un homme à tête de chou...

- Vous êtes dur. Pourquoi dites-vous cela ?

- Je ne veux jamais être déçu, la déception est le pire des sentiments... Vous êtes bien Simone ?

- Oui. Pourquoi ?

- Puis-je prendre une photo de vous ?

- Quoi, là ? Maintenant ?

- Oui. C'est pour illustrer une de mes mélodines.

- Une de vos mélodines ? Jamais entendu un nom pareil... Qu'est-ce que c'est qu'une mélodine ?

- C'est une mélodie composée pour une femme divine.

- C'est joli...

- Vous voulez écouter celle que j'ai écrite pour vous ?

- J'en serais ravie...

L'homme à la tête de chou pose alors son appareil, sort dans la rue, et revient avec un 78 tours. Il le sort de sa pochette, pose le bras de l'électrophone sur son premier sillon, et la musique commence...

- Comment vous appelez-vous ?

- Serge

- Serge... Votre mélodine, elle sonne...