mercredi 20 mars 2013

Les mots pour le dire



Les mots et expressions : vas-y, t'as vu, tu vois, carrément, grave, yo, tranquille, en fait, genre, qu'est-ce qu'y a, style, meuf, cool, LOL et MDR viennent d'être interdits d'utilisation. Toute une génération est aphone.



- Non, pas iPhone Kevin, aphone... ça veut dire que plus aucun son ne sort de ta bouche.

- Bah avec l'iPhone aussi plus aucun son ne sort de ma bouche.

- Pas faux Kevin, pas faux... Tu apportes de l'eau à mon moulin...

- Quel moulin ? T'as un moulin toi ? Chan-mé ! Et on a le droit à beau gosse ?

- Pas toi Kevin non...

- C'est nul de nous empêcher de parler.

- Mais vous savez qu'il existe des milliers d'autres mots ? Ce n'est pas parce qu'on vous empêche de dire quinze mots ou expressions que la langue française est morte. Tu veux que je te prête mon dictionnaire ?

- Quoi, le truc à Robert là ? Ah non merci, un bouquin déjà ça me saoule alors écrit par un gros Robert, j'imagine le carnage, au secours, parle à ma main...

- Non là c'est le Petit Robert, il t'apprendra 60.000 mots de la langue française, c'est à dire 59.483 mots nouveaux.

- Je croyais que j'en connaissais que 15 ?

- Oh non... Tu en utilises 15, mais tu en connais 517.

- Mortel ! 517 ? Je suis grave cultivé en fait !

- Tu connais "cultivé" ? 518.

- ça va, on n'est pas des ignares non plus...

- Quand je lis vos SMS, parfois j'en doute...

- Qu'est-ce qu'ils ont nos SMS ?

- Comment tu écrirais "qu'est-ce qu'ils ont nos SMS" en SMS ?

- Keskyzon nos sms

- Merci...

- Mais attends, on sait bien que ça s'écrit pas comme ça, c'est pour aller plus vite c'est tout !

- Mais arrêtez de vouloir aller plus vite sa mère l'impatiente en short !!!

- Hein ?

- Pourquoi Molière a traversé les siècles à ton avis ? Pourquoi tous les amoureux des mots expriment des idées qui touchent, qui émeuvent, qui bouleversent ? Parce qu'ils ont pris le temps de choisir les mots, de jouer avec eux, de les aimer ! Il n'y a rien de plus excitant que de trouver le mot juste, celui qui va avec ton idée ! C'est quand même dommage d'avoir 517 mots pour exprimer des milliers idées non ???

- 518

- Tu comprends ce que je te dis Kevin ? C'est très important...

- C'est quoi "émeuvent" ?

- C'est le verbe "émouvoir" à la troisième personne du pluriel à l'indicatif présent.

- Ah... qui mettent le poil quoi...

- Voilà... enfin le duvet chez toi...

- Bon, je vais faire un effort, promis. Tu fais quoi à manger ?

- Une tajine d'agneau.

- Y'aura des nuggets ?

- Je t'appelle quand c'est prêt.


Kevin prend son téléphone portable et vérifie ses messages. Sa copine lui demande ce qu'il fait. Il répond :

"je sui ché Simone, la daronne de Max, vas-y elle m'a soulé avec son dictionaire, genre on sé pa parlé ! Ils sont relous les yeuv sérieux... Keske tu fé ? C ki le mec ki t'a maté soir ce ? J'm pas son regard, il m'a mis le seum ! G envi 2 te manger la bouche... Tu te laves les dents et tu viens ? Tu sais que je conai 518 mots ? Sa te change de Paulo ça hein ? allé, à toute grosse, je te kiffe."






Franck Pelé - Mars 013 - textes déposés.

samedi 16 mars 2013

Chaque visage est un voyage



Ce chemin est celui sur lequel un jeune homme m'a emmenée pour la première fois, je n'avais jamais vu de si belles fleurs, je découvrais les couleurs, les couleurs du monde et celles de mon âme profonde. Je pensais ce chemin sans fin, j'étais sûre qu'il ne pourrait y en avoir d'autre. Jusqu'à la croisée des destins, des regards.

Sur cette route, j'ai aimé, à en crever, j'ai autant souffert de le perdre que j'ai été ravie de le quitter, en me retournant, un peu plus loin, beaucoup plus tard.

Celle-là a été un torrent de cris et d'écume, cette autre m'a appris à goûter le sel de mes larmes et à y trouver le moyen de relever mes illusions et le goût de recommencer.

Dans cette sombre impasse, j'ai trouvé une sortie imprévue, malgré le panneau qui interdisait toute possibilité d'en sortir sans faire demi-tour. Il ne faut jamais croire les interdits, ni ceux qui vous disent ce qu'il faut faire.

Oh... Ce chemin... Sur ce chemin, j'ai retrouvé le sable de mon enfance, l'odeur des pins, le plaisir de vivre sans le moindre frein à ma course, c'est en le remontant que j'ai rencontré un homme qui était venu s'y perdre, pour lui aussi se retrouver. Nous avons eu deux enfants.

Cette longue route, sinueuse comme un serpent, je l'ai prise tous les jours, pendant des années, une vie. J'y a été heureuse, épanouie, intouchable. Puis, à la sortie d'un virage, j'ai pris la trahison en pleine gueule. Défigurée pensais-je... Non, je n'avais perdu que le sourire, seul le temps sait le dessiner à nouveau. J'ai marché longtemps, dans toutes ces petites artères qui n'avaient jamais assez de sang pour réchauffer le mien. Quand vous marchez longtemps, vous rencontrez toujours quelqu'un qui est parti depuis aussi longtemps que vous.

Cette route était somptueuse, une route de campagne, baignée de soleil, des senteurs qui font les histoires, il m'a regardée longtemps, plus il me regardait sans rien dire, plus les mots cognaient dans mon cœur. J'entendais les siens. On ne s'est rien dit, on a souri, pendant des heures, on a écouté les mots de l'autre qui ne sortaient pas, c'est la plus belle conversation que j'ai eue avec un homme.

Ces petites rues sont devenues de belles avenues avec le temps, elles ont grandi en même temps que mes enfants, elles se sont construites, elles sont devenues prêtes pour le grand monde. Je les ai longtemps accompagnés dans ces petites rues. Puis j'ai senti le moment où ils allaient me lâcher la main, attirés par les lumières qui dansaient, là-bas, tout au bout, là où ils devinent mieux que vous ce qui les attend.

J'avais rendez-vous dans cette vieille ruelle en pierre, probablement pour y rester, et attendre la poussière. Quand le soleil a dessiné les ombres, j'ai fermé les yeux, j'ai pensé à tous ces chemins, tous ces sentiers qui ne sont battus que le temps d'un passage, les âmes passent, les chemins restent. J'ai ouvert les yeux, je suis rentrée, j'ai marché lentement vers la salle de bains et me suis approchée du miroir. J'ai vu mon visage, et toutes ces histoires. Au moment où le doute aurait pu m'envahir, j'ai senti ses mains sur mes épaules, ses lèvres dans mon cou, j'ai entendu la caresse de sa voix me dire qu'on peut toujours regretter la jeunesse des visages qui n'ont encore rien connu, et quand il m'a dit que jamais je n'aurais été aussi belle sans tous mes voyages, j'ai su que j'étais arrivée. Les araignées du passé resteront dans les toiles. La poussière de mes vieux jours sera faite d'étoiles.




Il n'y a pas de rides. Il n'y a que des chemins. Notre visage est un voyage.




Franck Pelé - Mars 2013 - Textes déposés à la SACD.

Habemus Papam


- Habemus Papam ?

- Heu non... habemus problemum extractum...

- Merdum

- Alea jacta est...

- ça veut dire quoi ça ?

- ça veut dire "je te le fais pas dire", littéralement "Voilà c'est ça qu'il faut jacter"

- T'es bon en Latin Raoul...

- Bah je suis né là-bas faut dire...

- Ah oui, forcément... Bon habemus courses à faire cum Paulettam. Tu viens avec nous ?

- Non merci, Veni, Vidi, Vinci.

- Kezacum ?

- ça veut dire, je suis venu, j'ai vidé une bouteille et je suis bien garé.

- Bon, je t'embrasse pas, j'ai horreur des langues mortes. A ce soir !

- Tu fais quoi pour le dessert ?

- Habemus Popom !

- C'est quoi ça Popom ?

- Un crumble.




Franck Pelé - Mars 2013 - textes déposés SACD

Ne jamais laisser traîner sa Josette



- Simone !

- ...

- Simooooone !!!

- Quoi ??

- Tu viens ? On va faire un tennis avec Josette !

- Non merci, vas-y tout seul, j'ai mieux à faire !

- Ne me dis pas que tu es jalouse ?

- Ah mais pas du tout, elle a une jupe à ras le court central mais ça c'est son problème, moi je ne m'occupe que d'élégance !

- Voilà, tu es jalouse !

- Écoute Raoul, je te dis que je me fous complètement de cette fille, si tu veux mettre une Josette de tennis en costume c'est toi qui vois, mais ne viens pas te plaindre si tout le monde te dit que ça ne va pas ensemble ! Je te le dis une dernière fois, cette fille je m'en fous ! Comme de ma dernière Josette...

Josette sort de la voiture, rouge de colère :

- Tu sais ce qu'elle te dit la Josette de tennis ???

- Ooooh elle a mis son petit gilet... Une Josette de laine... Tu sais que ce n'est pas très bon d'être trop couverte en haut et pratiquement sans rien en bas... Tu vas t'enrhumer la ligne de fond... Tu fais service-volée Josette ? Une espèce de Josette montante ?

- Si je monte, je vais te la montrer la qualité de ma volée !

- Rrrrrrooooo.... monte Josette... monte, j'en rêve...

Raoul :

- Arrête chérie, c'est ridicule !

- Mais c'est qu'il la défend le grand malade de la raquette ! Tu me prends pour une idiote Raoul ? Tu crois que je ne te vois pas avec tes grands airs de ne pas y toucher ? Et toi la ramasseuse de balles, tu penses être la première Josette qu'il enfile ?

- Simone !!! Tu es d'une vulgarité inacceptable !!! Il n'y a absolument rien entre Josette et moi !

- Il en a essayé des paires ma pauvre, des grosses Josette, des Josette sales, et même des Josette dépareillées ! Et à la fin, il te laissera tomber... comme une vieille Josette !

- Simone, tu es jalouse, aigrie, tu n'en peux plus parce que tu ne le fais plus rêver, tu ne sais même plus à quoi ressemble sa raquette !

- Oh si, ça fait des mois que je lui conseille de changer son cordage d'ailleurs, il envoie les balles de moins en moins loin... Attends, je reviens...

Simone réapparaît au balcon avec un fusil de chasse à la main.

Raoul :

- Mais... qu'est-ce que tu fais chérie ???

- Elle a trente secondes pour dégager, elle remonte dans sa voiture et elle disparaît définitivement. Si elle fait un pas vers l'immeuble ou vers toi, je fais un gros trou dans ta Josette... Et une Josette trouée, vous savez comme moi à quel point ça fait mauvais genre...

Josette pique un sprint jusqu'à sa voiture et démarre en trombe.

- Mais pourquoi tu as raconté toutes ces histoires abracadabrantes ??? Je n'ai jamais fait que jouer au tennis avec cette fille ! Et c'était la première Josette que je rencontrais !

- C'est pour ton bien Raoul. On commence toujours avec une première Josette, on en prend soin, on la range... et puis après on la laisse traîner, et c'est le début du quotidien qui use...




Franck Pelé - Mars 2013 - textes déposés SACD

Le marteau et les faux-cils



- Ne me regardez pas comme ça s'il vous plaît... C'est insupportable, je craque complètement...

- Je ne peux pas faire autrement, je vous regarde, et je tombe amoureuse... Et j'adore cet état...

- Oh non, pas amoureuse... C'est là que je craque complètement... Il ne faut pas tomber amoureuse Madame, vous comprenez ? Je suis déjà bouleversé par votre beauté, et je ne connais rien de plus fondant qu'une femme amoureuse, alors vous... amoureuse de moi... Je pourrais mourir de plaisir...

- Venez mourir dans mes bras...

- Madame, je vous supplie de vous reprendre.

- Je vous supplie de me prendre. Je veux être à vous. Toute ma vie. C'est vous, je le sais, je le sens. Une femme ne se trompe jamais sur ces choses-là.

- Vos yeux sont tellement...

- ... pleins de vous. Si vous m'aimez comme je vous aime, vous serez le plus heureux des hommes... Embrassez-moi... S'il vous plaît... Je veux goûter votre âme... Je n'ai jamais fait ça avec personne, je ne suis pas facile à séduire, mais vous... vous n'avez rien à faire... Il vous suffit d'être vous-même, et vous m'emportez...


Au moment où il pose ses lèvres sur les siennes, c'est un big bang, une explosion alchimique, de l'amour comme s'il en pleuvait, des rayons de bonheur qui irradient tout son corps, la sensation d'avoir trouvé son île, sa couleur, son paradis...

...mais c'est aussi le moment où, en sentant les lèvres de sa femme dans la réalité, il sort de son rêve. La violence de la réalité le pousse à hurler en repoussant presque inconsciemment sa femme à sa place dans le lit conjugal :

- Aaaaaaaaaah !!!!!

- Chéri ! Chéri !!! Tout va bien !!! ça va... ça va... Tu rêvais...

- Quel cauchemar...

- Raconte-moi...

- J'étais avec Marie-George Buffet, elle m'avait attaché à la cave et voulait profiter de moi...

- Mon pauvre chou... Tu sais que je t'embrasse depuis dix minutes là ?

- Ah bon ?

- Tu avais une telle envie Raoul... Une telle ferveur... Tu ne m'as pas embrassée comme ça depuis des années... Alors soit elle était méchamment gaulée ta Marie-George, soit t'es en train de devenir communiste... mais ce qui est sûr, c'est que t'es en train de me prendre pour une conne !

- Mais ma doudoune... ?

- Remarque, je dois être honnête, quand on fait l'amour, il m'arrive très souvent de penser à un autre...

- A qui ?

- Robert Hue.






Franck Pelé - Mars 2013 - Textes déposés SACD

Les hommes rêvent des femmes. Et les femmes rêvent d'elles-mêmes, rêvées par des hommes.




- Tu sais de quoi rêvent les hommes Raoul ?

- Des femmes.

- Et à quoi rêvent les femmes ?

- Pourquoi tu ne dis plus "de quoi" ?

- De quoi tu parles ?

- Quoi de quoi je parle ? Bah je parle de ton "de quoi" Simone. De quoi tu veux que je parle ?

- Quoi mon "de quoi ?" Quel "de quoi" ?

- Bah tu me demandes "de quoi rêvent les hommes" et après tu me demandes "à quoi rêvent les femmes" ! Pourquoi tu ne me demandes pas "de quoi rêvent les femmes" ?

- Parce que les hommes, vous rêvez de jours meilleurs alors que nous, les femmes, nous rêvons à des jours meilleurs... tu comprends ?

- Pas vraiment non.

- Vous rêvez de jolies choses, vous les imaginez précisément, nous, nous rêvons à de jolies choses, sans vraiment leur donner corps, sans chercher à les imaginer. Tout est dans la poésie, la romance, l'imprévisible, la nuance... Vous croyez rêver plus nettement que nous, mais votre précision de mâle réduit considérablement votre rêve. 
Une femme, quand elle rêve, c'est justement en laissant fleurir le sentiment, la sensation, le frisson, tout ce qui enveloppe la précision du trait. Une précision qu'elle atteint avec une magie indescriptible, la précision unique de ce qui la bouleverse.

- Alors c'est ça la réponse ? Les hommes rêvent des femmes et les femmes rêvent à des idéaux masculins ?

- Non, tu n'y es pas encore.

- Je pars pourtant de ta logique.

- C'est pour cela que vous ne connaissez rien aux femmes, tout n'est pas si basique mon chéri...

- Alors vous rêvez de quoi ? Vous rêvez à quoi ?

- Les hommes rêvent des femmes. Et les femmes rêvent d'elles-mêmes, rêvées par des hommes...

- Mais c'est très égoïste !

- Non, c'est féminin. Vous, vous voulez rêvez quand nous, nous voulons être rêvées. C'est précisément ce qui nous fait rêver.

- Mais moi je rêve de toi Simone, tu es donc une femme rêvée !

- C'est pour ça que je t'aime Raoul, parce que je suis rêvée par toi.

- Et pourquoi un homme n'aurait-il pas le droit d'avoir la même sensibilité ? Moi aussi je veux être rêvé par toi.

- Mais je rêve de toi Raoul, encore et toujours.

- Ah ! Donc tu rêves DE moi !

- C'est mon côté mec ça...

- Rrrroo... La mauvaise foi incarnée... J'ai démonté ton argumentation, reconnais-le.

- Arrête de vouloir avoir raison sinon je vais finir par rêver d'ailleurs. Tu n'as rien démonté du tout si ce n'est l'élégance que tu avais dans ton écoute jusqu'à maintenant. Quand je t'ai posé la question "de quoi rêvent les hommes", tu m'as dit "des femmes", pas "d'être rêvé par une femme".

- Mais tu n'avais qu'à me demander "A quoi rêvent les hommes", ta question était orientée !

- Bon... Raoul, si je t'avais demandé "à quoi rêvent les hommes", tu m'aurais répondu "des femmes", pareil ! Parce que c'est comme ça, ce n'est pas une question de préposition mais de nature ! Pour vous, peu importe comment est introduite la préposée au rêve, ce qui compte c'est le complément d'objet, direct !

- Embrasse-moi...

- Même pas en rêve !

- T'énerve pas non plus.

- Si ! Tu te crois toujours attaqué quand je parle des hommes !

- Bah j'en suis un en même temps...

- Mais tu n'es pas TOUS les hommes Raoul !

- Tu es bien toutes les femmes toi...

- Ça c'est toi qui le dis, pas moi !

- Parce que c'est vrai ! Tu es toutes les femmes du monde en une seule. Une femme de rêve...

- Non, je ne suis pas une femme de rêve Raoul, je suis une femme rêvée. Et c'est toute la différence entre les femmes dont la plupart des hommes rêvent et les femmes auxquelles on rêve... La femme de rêve elle est fausse, elle déçoit, vieillit, manipule, ment, elle ondule comme une vague superficielle, elle pourrait accepter de te voir perdre ton éclat pour briller plus encore... Une femme rêvée ne ment jamais. Parce qu'on ne lui ment jamais. Quand une femme est rêvée, c'est l'âme du rêveur qui parle, le cœur amoureux, la raison est endormie, le calcul, les artifices aussi... Les hommes rêvent des femmes Raoul, et les femmes rêvent d'elles-mêmes, rêvées par des hommes...

- Des hommes comme moi ?

- Oui...






Franck Pelé - Février 2013 - Textes déposés à la SACD - 75009 Paris.

Mariage pour tous



- On va être en retard Raoul, dépêche-toi !

- Qu'est-ce qui peut se passer si on est en retard ?

- On sera trop grands !

- Et on peut pas s'aimer quand on est grand ?

- Je crois que si mais les petits ça divorce jamais, c'est un signe non ?

- Mais on va où Simone là ?

- On va en France.

- Mais c'est super loin la France !

- Quand on aime on ne compte pas Raoul ! Accélère !

- Mais pourquoi on va en France ?

- Parce que là-bas, ils ont autorisé le mariage pour tous !

- Même pour les enfants ?

- Oui, j'ai lu que c'était pour donner les mêmes droits à tous les enfants !

- Génial...




Franck Pelé - 14 février 2013 - Textes déposés