Toutes les femmes du monde en une seule. Simone est une femme française à l'élégance rare, sensuelle et lumineuse, parfois insupportable, très souvent délicieuse. Entrez dans le monde de Simone et Raoul, vous n'en reviendrez pas, c'est le vôtre. Le principe ? Une photo m'inspire et j'invente des textes, des dialogues, librement inspirés de ces photos, trouvées au hasard sur la toile. Bon voyage...
lundi 31 janvier 2011
L'habit ne fait pas le moine
- Regarde-moi tous ces beaufs là... Ils viennent s'agglutiner sur leur mètre carré de sable, les uns contre les autres, ils lisent des conneries toute la journée, avec leurs mômes qui hurlent, les maris matent certaines nanas en douce, les femmes matent les autres, celles qui les rassurent, ils vont se baigner dans une mer presque verte à force de laisser les petits, et quelques grands, se soulager dans le grand bleu, les femmes engueulent les maris qui continuent de mater les seins nus en oubliant d'être discrets, et immédiatement après les avoir engueulés, elles remettent discrètement leur mèche et leur décolleté en place devant le regard d'un charmant inconnu qui en est à son troisième coup d'œil appuyé, un inconnu qui nourrira leurs rêves interdits et avivera leurs regrets que le temps passe si vite.
- Raoul...
- Puis ils s'engueulent comme si ils étaient dans leur chambre, regardent de travers ceux qui les regardent de travers parce qu'ils hurlent comme si ils étaient dans leur chambre, ils sortent les sandwiches de la glacière, ça pue le pâté et le camembert, ils mangent une pomme dont ils enfouissent le trognon avec les mégots du matin, ou ceux fumés par un toxico la veille, ils secouent leur serviette et s'excusent après avoir balancé une tonne de sable alors qu'ils savaient très bien que le voisin était dans le sens du vent, et ils vont mettre une heure pour rentrer dans leur F2 qui coûte un rein parce qu'ils partiront, comme toute l'année, à l'heure où tout le monde part, à la minute où il n'y a plus ce soleil qui les oblige à se mettre une tonne d'après-soleil le soir, les rendant luisants comme des gros vers, affalés sous les spots de ce bar, sur la terrasse duquel ils vont s'asseoir, sans se parler, pour mater les mêmes que ceux qu'ils ont maté toute la journée à la plage.
- Raoul...
- Et ils bossent toute l'année pour vivre ça ! C'est quand même le summum de la beaufitude, non ?
- Parce que toi, avec ta chaussette blanche, dans ta belle sandale en cuir, du haut de ton grand sens critique, tu te sens au-dessus de cette beaufitude ?
- Ah excuse-moi mais rien à voir chérie ! Nous, on a un matelas à 50 euros la journée, on paie le droit de mater les mêmes beaufs que les beaufs matent, mais nous, on mate confort ! On mate luxe ! On s'offre du rêve ! Et on mate intelligent, on est dans l'analyse sociologique ! Et puis la chaussette blanche, ça repousse le soleil, si j'avais mis une noire, j'aurais hyper chaud au pied. Et la sandale c'est pour protéger la chaussette, le sable ça marque un peu, ça colore.
- Et pourquoi tu te mets pas pieds nus directement ? Comme tout le monde ?
- Parce qu'on a la classe ou on l'a pas Simone ! Je ne suis pas tout le monde ! Bon, allez, finis tes mots croisés parce que j'ai un apéro-pétanque à 18h avec Charles, et je dois faire le plein de la GS avant que tous ces beaufs aient la même idée en même temps.
- Et ce soir, on fait quoi ?
- Comme tu veux, si tu veux qu'on reste peinards, y'a Intervilles à la télé, sinon, on peut se prendre une glace au port ou boire une bière au bowling.
- Tu me fais rêver mon amour...
- Quoi ? Ah ça y est... Tu vas nous sortir tes goûts de luxe, c'est ça ? Tes randonnées en montagne, tes musées à Madrid et tes châteaux de la Loire ? Faut choisir Simone, à Madrid, t'auras pas de matelas à ce prix-là, et ailleurs, t'auras pas le bronzage que tu veux pour faire pâlir tes collègues à la rentrée ! Et puis la pétanque en montagne, c'est vraiment pas pratique...
A ce moment-là, Simone hurle, tellement fort qu'elle se réveille toute seule, juste après avoir réveillé son mari :
- Qu'est-ce qui se passe chérie ?
- J'ai fait un rêve atroce... Le pire des cauchemars possibles...
- Bon, tu me raconteras demain...
- Tu as des sandales en cuir Raoul ?
- Pardon ?
- Est-ce que tu as des sandales en cuir...
- On peut pas parler de ça demain ?
- Non ! J'ai besoin de savoir maintenant !
- Pffff... écoute, non, je ne crois pas, non...
- Il faut que tu sois sûr !
- Non, je n'ai pas de sandale en cuir ! On peut dormir maintenant ??
- Tant mieux... Promets-moi que tu n'en achèteras jamais...
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