mercredi 7 septembre 2011

Dérapage contrôlé


- Voilà notre nouvelle voiture, Paulette...

- Oh, elle est magnifique !

- T'as vu cette allure profilée ?

- Oui, je me demandais pourquoi elle semblait si écrasée, déformée presque...

- c'est Raoul qui a tapé sur le toit très fort parce qu'elle ne rentrait pas sous le porche, du coup, tout l'habitacle s'est affaissé...

- Ah ? Dis donc il est fort ton mari Simone... Hein ? Il est vraiment fort...

- Mais Paulette, comment tu peux croire une chose pareille ? C'est sa forme normale à la voiture, c'est de l'aérodynamisme !

- Ah ? Et ça sert à quoi ?

- A aller plus vite.

- A aller plus vite ? A combien ?

- Oh je ne sais pas, au moins 130 j'imagine...

- 130 ? Mais tu n'as pas peur à cette vitesse ? Moi si Charles dépasse le 100, je commence à me tendre de partout.

- C'est un peu ton problème ma Paulette... Il faudrait que tu détendes un peu. Arrête de croire que tout est dangereux, Charles il aimerait rouler plus vite, il aimerait faire plein de choses interdites avec toi, mais...

- Mais quoi ?

- Mais tu le freines Paulette !

- Je le freine ? Mais à quoi ça sert de rouler à 160 ? A quoi ça sert de transgresser les interdits ?

- Et bien ça sert à arriver plus tôt, à avoir du temps pour faire autre chose, à se griser, à s'enivrer du plaisir de la vitesse ! Il faut parfois traverser en dehors des clous ma chérie !

- A arriver plus tôt ? Mais qu'est-ce qu'on va faire si on arrive plus tôt ? Par rapport à l'heure d'arrivée programmée, on n'a rien prévu de faire avant puisqu'on est sur la route...

- Paulette, tu le fais exprès là ? A force de freiner quand il veut accélérer, tu vas finir par causer un accident !

- Ah bon ? Quel genre ?

- Je ne sais pas moi, un tête-à-queue, et toute votre vie peut s'en trouver chamboulée !

- Bah ça va plutôt dans ton sens si on fait un tête-à-queue à cause de mon freinage... j'ai raison de freiner alors !

- Tout dépend face à qui il va se trouver à l'issue du dérapage ! Laisse-le aller vite, laisse-le se faire plaisir, et là, seulement là, tu freines, en douceur, pas pour l'arrêter, mais pour le faire déraper jusqu'à toi... Tu comprends ?

- Je comprends... Tu veux que je devienne un peu plus une femme de tête...

- Exactement. Et tu verras, tu feras enfin corps avec ton mari...

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