De toutes les sensations jamais éprouvées en ce
monde, donner la vie est sans aucun doute possible celle qui m’a le
plus touchée, émue, bouleversée. Comme une réponse à toutes les
questions existentielles, philosophiques, religieuses. Ces questions qui
ne trouvent justement jamais de réponse définitive de notre vivant. Ce
lien unique qui se crée pendant ces longs mois de grossesse, sentir cet
être venant de nulle part, prendre
forme, commencer son histoire, épouser son destin, à l’abri de mon
ventre bienfaiteur et protecteur, oui, c’est la plus belle réponse qu’on
puisse proposer au doute, à l’intérêt de notre passage, à celui de sa
propre existence.
Je le sens grandir, tout doucement, mon bébé se nourrit de moi, je suis son nouveau monde. Il pousse en moi comme les fleurs les plus extraordinaires, des fleurs qui pousseront jusqu’au grand jour. Puis on coupera délicatement la tige qui le liait à moi, je garderai l’empreinte de sa présence, ses racines, comme une preuve que je suis les siennes, et on posera le bouquet sur mon ventre. Le vide à l’intérieur est immédiatement remplacé par le plein de grâce qui respire doucement sur moi. J’aurai du mal à faire le deuil de ce vide, je voudrai forcément me sentir encore pleine de cette extraordinaire force de pouvoir être une terre mère. Je donnerai ma vie pour ne jamais cesser de l’offrir.
Nous avons fait cet enfant à deux, mais la longue et épuisante expérience de cette aventure qui nous lie physiquement, mon bébé et moi, suffit à ne jamais souhaiter de vivre une histoire plus forte pour toucher au divin. Parce qu’il n’y a pas plus fort. Le Beau mérite sa majuscule. Le moment qui suit celui de la naissance, forcément douloureux, me fait voyager d’un extrême à l’autre. A la douleur succède le nirvana d’avoir réussi à donner la vie, à offrir le spectacle de la vie à ses yeux vierges de tout.
Dans ce minuscule corps, un cœur tout petit a multiplié la force du mien par mille. Ca y est, il est là, il existe, il va manger, boire, dormir, grandir, aimer, souffrir, aimer encore. Il ne sait rien et pourtant il semble déjà plus fort que moi. Sa force est ma faiblesse. Je l’ai porté neuf mois, comme on porte le plus précieux des trésors, jamais une mission n’a paru si périlleuse, jamais je ne me suis sentie plus responsable. Et quand il est né, j’ai rencontré l’absolu. L’absolu du sentiment, de la plénitude, du vide, du plein, de l’amour. Plus rien d’autre n’a de sens que cette essence de moi-même, une définition comme un petit cadeau égoïste que je m’offre avant d’être toute aussi fière de me raisonner et de me rendre à l’évidence que je n’aurais pu le faire toute seule. Plus rien n’a de sens, tout prend un sens, le bouleversement foudroie à tous les étages dans de splendides éclairs de douceur.
Je suis une maman. Je viens de toucher l’absolu. La magie unique de la maternité. Il me faudra un jour oublier que ce fût possible, que ce ne le sera plus, que mon automne m’interdira d’offrir le printemps. Je penserai alors à celui qui a permis que cette magie soit possible, il méritera tout mon amour, parce que c’est en moi qu’il a planté le sien. Et je me consolerai en pensant à la chance qui m’a été offerte. J’ai été une privilégiée. Si je devais l’oublier, il suffira que je me plonge dans les yeux de mon enfant. Je sentirais alors des courants d’amour dans mes entrailles, comme si les racines d’une fleur extraordinaire dansaient, comme si le lien n’avait jamais cessé d’exister.
Voilà ce que j’aurais écrit si j’avais été une mère un jour. Avec la certitude de vivre les sensations évoquées à l’instant.
Je suis un homme. Un père.
Je m'appelle Raoul.
Franck Pelé - Mars 2012
Je le sens grandir, tout doucement, mon bébé se nourrit de moi, je suis son nouveau monde. Il pousse en moi comme les fleurs les plus extraordinaires, des fleurs qui pousseront jusqu’au grand jour. Puis on coupera délicatement la tige qui le liait à moi, je garderai l’empreinte de sa présence, ses racines, comme une preuve que je suis les siennes, et on posera le bouquet sur mon ventre. Le vide à l’intérieur est immédiatement remplacé par le plein de grâce qui respire doucement sur moi. J’aurai du mal à faire le deuil de ce vide, je voudrai forcément me sentir encore pleine de cette extraordinaire force de pouvoir être une terre mère. Je donnerai ma vie pour ne jamais cesser de l’offrir.
Nous avons fait cet enfant à deux, mais la longue et épuisante expérience de cette aventure qui nous lie physiquement, mon bébé et moi, suffit à ne jamais souhaiter de vivre une histoire plus forte pour toucher au divin. Parce qu’il n’y a pas plus fort. Le Beau mérite sa majuscule. Le moment qui suit celui de la naissance, forcément douloureux, me fait voyager d’un extrême à l’autre. A la douleur succède le nirvana d’avoir réussi à donner la vie, à offrir le spectacle de la vie à ses yeux vierges de tout.
Dans ce minuscule corps, un cœur tout petit a multiplié la force du mien par mille. Ca y est, il est là, il existe, il va manger, boire, dormir, grandir, aimer, souffrir, aimer encore. Il ne sait rien et pourtant il semble déjà plus fort que moi. Sa force est ma faiblesse. Je l’ai porté neuf mois, comme on porte le plus précieux des trésors, jamais une mission n’a paru si périlleuse, jamais je ne me suis sentie plus responsable. Et quand il est né, j’ai rencontré l’absolu. L’absolu du sentiment, de la plénitude, du vide, du plein, de l’amour. Plus rien d’autre n’a de sens que cette essence de moi-même, une définition comme un petit cadeau égoïste que je m’offre avant d’être toute aussi fière de me raisonner et de me rendre à l’évidence que je n’aurais pu le faire toute seule. Plus rien n’a de sens, tout prend un sens, le bouleversement foudroie à tous les étages dans de splendides éclairs de douceur.
Je suis une maman. Je viens de toucher l’absolu. La magie unique de la maternité. Il me faudra un jour oublier que ce fût possible, que ce ne le sera plus, que mon automne m’interdira d’offrir le printemps. Je penserai alors à celui qui a permis que cette magie soit possible, il méritera tout mon amour, parce que c’est en moi qu’il a planté le sien. Et je me consolerai en pensant à la chance qui m’a été offerte. J’ai été une privilégiée. Si je devais l’oublier, il suffira que je me plonge dans les yeux de mon enfant. Je sentirais alors des courants d’amour dans mes entrailles, comme si les racines d’une fleur extraordinaire dansaient, comme si le lien n’avait jamais cessé d’exister.
Voilà ce que j’aurais écrit si j’avais été une mère un jour. Avec la certitude de vivre les sensations évoquées à l’instant.
Je suis un homme. Un père.
Je m'appelle Raoul.
Franck Pelé - Mars 2012
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