jeudi 21 juin 2012

Elle est quand même gonflée...



- Simone... Tu es sérieuse là ?

- Quoi ? Tu n'aimes pas ?

- Pour un dîner en tête à tête dans notre salon, j'adore, mais pour un dîner chez les Servant beaucoup moins ! Le Pierre, il va avoir une attaque ! Ou traîner la langue par terre, au choix... Allez, va te changer chérie...

- Que j'aille me changer ? Fonce prendre tes gouttes Raoul, je crois que t'es en surchauffe là... Qu'est-ce qui te dérange dans cette tenue ?

- Ce qui me dérange ? C'est que tu viendrais seins nus ce serait pareil !

- Ah ce serait pareil...

Simone enlève tout, commence à passer les pouces sous les élastiques de sa culotte puis se ravise :

- Non, je vais quand même garder le bas, histoire d'être décente... On y va ?

- Mais qu'est-ce qui te prend chérie ? Tu es à moitié nue !

- Je croyais que c'était pareil ? Si tu ne vois pas la différence, personne ne la verra, non ? Passe-moi la jupe là-bas, je ne vais quand même pas y aller en culotte... Ce serait indécent...

- Mais Simone, ta robe est tellement décolletée qu'on a l'impression que tes seins vont tomber dans l'assiette d'une seconde à l'autre !

- Et bien prie pour que ce soit dans la tienne... Bon, on y va maintenant ?

- Non. Je suis désolé mais je n'irai pas chez les Servant. Pas avec ma femme qui a les seins à l'air.

- Mais ils sont comme tes conversations mes seins, on n'en voit pas le bout ! Donc au bout d'un moment, on n'y prête plus attention ! Tu vas pas nous faire une attaque parce que j'ose un peu de modernité dans le sensuel ! Les ambiances classiques, j'en ai ma claque ! Parce que toi, avec ta chemise ouverte sur ton paillasson pectoral tu crois que la Josette elle va pas rêver de vérifier si le pelage est de la même couleur partout ? Je change de robe si tu mets un col roulé. Et si je te chope à mater la naissance mammaire de Josette, je te renvoie chez la tienne illico !

- Chez qui ?

- Chez ta mère !

- Rien compris... Bon. Très bien. Tu gardes ta robe, je garde ma chemise ouverte. On y va.

En arrivant chez les Servant, Pierre prend Simone dans ses bras en lui disant d'une voix chaude :

- Mais regardez-la... Comme tu es belle dans cette robe...

En disant cela, il fixait une zone bien particulière, Raoul regardait Simone remercier Pierre, elle faisait parfaitement l'innocente. Raoul peinait à cacher sa colère bouillonnante.

Il s'avance alors vers Josette, lui passe la main dans les cheveux, en lui disant :

- Tu as changé de coupe ? Ça te va à ravir... Par contre, tu devrais déboutonner légèrement le haut, ce serait dommage de gâcher une telle vue...

- Tu crois ? Pierre ne voulait pas parce qu'il trouvait que...

- Attends, je vais le faire...

Raoul regarde Pierre, puis Simone, qui avaient le même fond de teint vermillon proposé par la jalousie.

Après un apéritif sans encombres, mais déjà bien arrosé, le dîner commence doucement à changer d'ambiance :

Simone :

- Josette, ton melon était divin, sucré, bien rond, fondant, un délice...

Pierre à Simone, l’œil coquin :

- Et question rondeurs fondantes et divines, tu t'y connais...

Simone fait une moue gênée en se pinçant ostensiblement les lèvres.

Josette :

- Raoul, tu veux bien m'aider à éplucher les carottes en cuisine ? J'en ai des bien fermes, c'est pas souvent à la maison...

Simone :

- Dis donc Josette, tu veux pas qu'il te prépare le chou fleur non plus ?

Josette :

- Occupe-toi de resservir du melon à Pierre avant qu'il bave sur ma nappe...

Pierre :

- N'importe quoi, je ne bave pas... Ceci dit, pardon mais n'importe quel homme serait déstabilisé par la tenue de Simone...

Raoul :

- Et qu'est-ce qu'elle a la tenue de Simone, Pierre ? Remarque, vu la taille de ta béquille, il t'en faut pas beaucoup pour être déstabilisé toi...

Pierre :

- Allez l'étalon, va dans la cuisine prendre le chou de Josette, elle n'attend que ça, et arrête de me prendre le mien.

Simone :

- Comment ça elle n'attend que ça ? Depuis quand ? Et qu'est-ce qu'elle a ma tenue ? On n'a pas le droit d'avoir un décolleté moderne dans ce pays ?

Pierre :

- Mais c'est pas un décolleté, c'est une coupe à dessert ! C'est une invitation à l'orgie ! Par rapport à ma femme, c'est comme si je passais du plus petit S au XXL ! Du raisin au pamplemousse ! Ne fais pas l'innocente Simone, si tu mets une robe pareille c'est pour qu'on regarde tes seins, non ? Et pourquoi ? Parce que tu as envie de plaire ? Parce que tu as envie d'un regard nouveau sur ton menu ? Avoue ! Et bien moi j'adore ton menu ! Et je ne vois pas pourquoi je me cacherais pour le dire !

Josette :

- Ah tu ne vois pas ? Tu sais ce qu'il te dit le raisin ??? Regarde-le bien... Regarde... Tu le vois là ? T'es pas près d'en reprendre de celui-là ! Et viens faire tes adieux à la vigne parce qu'il y aura bientôt de nouvelles grappes ! Ça me changera de la tienne remarque, c'était un peu maigre pour que je connaisse l'ivresse... Bon, on va le préparer ce chou fleur Raoul ? Il faudrait que tu viennes manger avec moi demain midi pendant que nos épousailles travaillent dur... Je me sens seule la semaine ici... Je vais te faire un pot-au-feu... Tu ne voudras plus rentrer chez toi !

Simone :

- Excuse-moi Josette mais Raoul ne va rien préparer du tout, et il ne viendra jamais manger avec toi tout seul. Et question ivresse, il a tout ce qu'il faut à la maison. Il a raison Pierre, tu manques un peu d'arguments pour faire tourner la tête de mon mari. Son manège à lui, c'est moi. Peut-être qu'au début, le parfum d'un nouveau territoire lui changerait les idées, mais je peux te dire que très vite, il te laisserait tomber comme une vieille Josette !

- Madame fait dans le calembour...

- Estime-toi heureuse, j'ai failli faire un jeu de mots sur les Josette sales qu'il laisse tout le temps traîner !

A ce moment précis, Josette devient blanche, puis verte, puis rouge, elle saisit le seau à glace, s'approche de Simone, et lui renverse sur la tronche, en hurlant :

- Il en faudrait des milliers comme ça pour te refroidir espèce de chaudasse !!!

Simone attrape le poignet de Josette, puis ses cheveux, et lui aplatit le visage dans le fraisier, qui avait l'air si bon... Elle lui relève la tête, et la replonge dans le fraisier, trois, quatre, cinq fois. Pierre lui, rigole comme un âne devant cette scène qu'il juge absolument légère et sans conséquences alors qu'une amitié de dix ans est en train d'exploser. Pendant que sa femme tente un record d'apnée dans la crème pâtissière, il ne peut s'empêcher de regarder les fesses de Simone, pire, il les claque gentiment dans un geste aussi macho qu'irresponsable, en gueulant :

- Vas-y ma chérie ! Montre-lui ce que c'est une femme, montre-lui à la Josette !

Raoul se lève doucement, va à la cuisine, revient avec une poêle de 30 cm de diamètre, s'approche de Pierre, et lui décoche un extraordinaire coup de droit en pleine face qui met le bellâtre K.O. sur la nappe. Puis il enlève les mains de Simone des cheveux de Josette, dit au revoir et merci à Josette et emmène Simone jusqu'à la voiture, en lui disant :

- T'as raison ma chérie, c'était vraiment moderne comme ambiance. Le prochain dîner, ce sera en anorak ou sans moi.

Simone sourit d'une façon espiègle :

- Ça c'est du dîner ! Il a quand même un méchant pouvoir mon décolleté non... ?

- Mais t'es pas possible Simone ! Tu n'es pas possible !!!




Franck Pelé - juin 2012 - textes déposés

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