vendredi 17 janvier 2014

Tout et son contraire




- Quel genre de femme êtes-vous Simone ?

- Comment me voyez-vous Raoul ?

- Je me trompe peut-être mais… je vous vois exactement comme je suis.

- Intéressez-moi. Qui êtes-vous sous le chapeau, sous le manteau, après la peau ?

- Je suis tout et son contraire Madame.

- Vous ne pouviez pas mieux me définir.

- Vous ne pouvez être une contradiction vivante davantage que je ne le suis.

- Celui qui sera plus contrarié que moi n’est pas encore né…

- Je ne supporte pas la vulgarité chez une femme mais si elle sait la distiller intelligemment dans des mots osés ou suggestifs, ma dualité est ravie.

- Je suis très élégante, et aussi humaine que généreuse, c’est comme une marque de fabrique, mais je peux hurler au premier connard venu à quel point son existence est inutile tout en jetant à sa misérable qualité d’écoute les mots les plus fleuris…

- Je peux vous promettre l’éternité de mon amour et demeurer insaisissable à vos yeux.

- Je peux sembler insaisissable et être touchée au cœur comme aucune autre par celui qui m’offrira son éternité. Pas celle qu’il me promettra, je n’y prêterai même pas attention, mais celle que je lirai dans ses yeux.

- Je suis très maniaque, j’ai mille habitudes, je ne supporte pas la paresse intellectuelle ou physique, et je peux être aussi bordélique dans mon antre que dans ma rigueur professionnelle.

- Tout doit être à sa place mais le premier qui m’oblige à ranger pourrait mettre du temps à recoller les morceaux.

- Je n’aimerai aucune autre femme comme je vous aimerai. Mais je regarderai toujours le décolleté de la voisine quand elle se penchera.

- Je ne vous trahirai jamais, mais j’aurai probablement dîné avec le voisin avant que vous n’esquissiez le geste de déboutonner sa femme.

- Je suis foncièrement honnête mais j’ai déjà volé quelqu’un qui n’est pas dans le besoin.

- J’ai déjà eu un grand appartement à Paris, mais la seule chose que j’aimais chez l’homme qui le partageait avec moi, c’est qu’il payait les impôts fonciers.

- Je peux dire oui et penser non.

- Quand je dis non, je rêve de ce qui se serait passé si j’avais dit oui.

- Je suis incapable de choisir et je déteste les gens versatiles et instables.

- Je conduis vite et je klaxonne sur les chauffards quand je marche dans la rue.

- Je suis romantique et j’adore qu’une femme ose tout.

- Je suis très sensuelle mais celui qui ne sait pas ouvrir toutes mes portes n’a aucune chance de trouver l’ivresse.

- J’ai une mentalité de gauche mais je vote à droite. Et quand j’ai une mentalité de droite, je vote au centre.

- Je dors à droite et je vis rive gauche, mais si on essaie de me baiser en partant au petit matin sans tenir ses promesses, le type pourra me déposer tout l’or du monde pour me convaincre d’accepter son bulletin, il n’est pas près de mettre les pieds dans mon isoloir.

- J’adore l’idée du mariage comme engagement ultime et je suis certain qu’il tue la liberté et le désir.

- Il est hors de question que j’aliène ma vie à un seul homme, surtout si la routine fait vieillir ses jolis mots encore plus vite que ses tempes. Mais si je vous aime, vous devrez m’épouser pour m’emporter là où personne ne viendra nous chercher, tout en haut de notre amour. Je déteste les symboles mais celui-là est magnifique.

- Simone, j’ai envie de vous embrasser et je sais qu’il ne faut pas.

- Je suis mariée et je déteste la trahison. Mais ce serait me trahir que de vous ignorer.

- Je devrais me raisonner et mon cœur vous appelle.

- Je devrai vous oublier et je ne penserai qu’à vous.

- J’ai envie de vous comme un homme et comme une femme.

- C’est étrange moi aussi… Vous voudriez me pincer légèrement le sein pendant que nos bouches se racontent tout ce que nous ne nous sommes pas dit et en même temps vous crevez d’envie de suggérer vos caresses en frôlant leur destination… Vous voulez me provoquer, me maîtriser autant que me protéger et m’aimer comme une sainte… C’est que vous vouliez dire ?

- Exactement… Et vous, vous voulez m’insulter et refuser de croire en mes mots, vous voulez me gifler d’avoir osé vous toucher, d’avoir osé penser à vos lèvres alors qu’elles ne peuvent être partagées… et vous ne pouvez réprimer cette envie de me tirer légèrement les cheveux pour avoir une prise sur ma tête aussi puissante et certaine que votre envie de vous abandonner à moi, pour pouvoir la poser avec autorité sur la naissance de vos seins, m’invitant avec vigueur à écouter l’incroyable rythme de votre cœur qui explose…

- Un homme fin et mal élevé, le plus généreux de tous et le plus égoïste, le plus vrai et le plus calculateur, le plus désirable et le plus insupportable…

- Une femme élégante qui sait la beauté débraillée, la mieux éduquée de toutes et la plus piquante, la plus sincère et la plus menteuse, la plus parfaite et la plus imparfaite…

- Vous êtes mon idéal, celui que je ne veux pas…

- Je suis né pour vous, c’est écrit, et je ne crois pas au destin…

- Vous aviez raison, je suis exactement comme vous.

- Je ne sais pas si vous pourrez m’aimer toute une vie. Vous en croyez-vous capable ?

- Je vais vous dire non, je vais vous dire de ne plus me rappeler, de ne plus m’écrire, je vais vous dire que je ne suis pas la femme que vous croyez. Et vous savez pourquoi ?

- Dites-moi.

- Parce que vous êtes le seul à savoir que je suis tout le contraire de ce que je viens de vous dire…

- Adieu Simone.      Je vous appelle demain.





Franck Pelé – textes déposés SACD – Janvier 2014

2 commentaires:

  1. Vies croisées faites pour se trouver !!!.... Tendresse particulière pour cet "épisode" qui met à nu l'âme des personnages... Celui qui m'aura en tous cas le plus touchée ...même si chaque épisode est toujours un renouveau, une surprise ..... MERCI ....

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  2. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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