En mai 2010, je créais les aventures de Simone, et ce blog "En voiture Simone". Un peu plus de trois ans plus tard, j'ai l'honneur de partager avec vous le 500ème épisode. Oui, 500 déjà... Pour fêter ce joli cap, j'ai mis Raoul à l'honneur dans un épisode-fleuve. Merci à tous d'être fidèles et aimants à l'endroit de ma plume et de ses héros, je nous souhaite d'en partager encore beaucoup, sous diverses formes.
Franck Pelé.
Franck Pelé.
Raoul. Qui est cet homme qui a su emporter Simone comme
aucun autre avant lui, comme aucun autre ne l’emportera jamais ? C’est le seul
qui pouvait la bouleverser à ce point avec un mot, un regard, un sourire, un
silence. Elle connaissait ses défauts, sa longue vie d’avant, son amour pour le
beau, et les femmes sont belles. Mais elle savait lire sa vérité, son être tout
entier, elle le sentait, le ressentait dans son cœur, au plus profond de son
âme, sous les pierres de ses cimetières, sous la peau un peu moins lisse de ses
cicatrices, sous le vernis de ses artifices.
Raoul a grandi dans une famille aimante, couvé par des regards fiers et protecteurs, mais il a toujours su que rien ne serait facile, qu’il faudrait trouver les plus belles clés pour ouvrir les plus belles portes. Il voulait faire le plus beau métier possible, voyager le plus loin possible, aimer le plus follement possible, la plus belle femme possible. Simone était impossible, et c’est pour ça qu’il l’a fait. Il a décidé qu’il pouvait séduire cette femme dont il aurait pu avoir peur tellement elle était belle parce qu’elle était son île, cette fameuse île qui met fin aux voyages et vous fait épouser le bonheur.
Raoul était en couple la première fois qu’il a rencontré Simone. C’était au restaurant, pour un jour de l’an entre amis. Elle était accompagnée d’un type qui allait aussi bien avec elle qu’un survêtement avec un nœud papillon. Il est des plans de table qu’on tire aussi bien que ceux sur la comète puisque le dernier de l’année 1954 avait placé Simone à la gauche de Raoul. Quand elle s’est approchée, il ne regardait pas, il parlait à sa compagne, assise à sa droite. Sentant que quelqu’un tirait la chaise pour s’installer, il s’est redressé, s’est tourné vers elle avec un sourire poli déjà préparé, s’est levé en disant bonjour et s’est présenté tout en levant les yeux vers les siens. C’est à cette seconde précise que le temps s’est arrêté pour les deux pièces d’un puzzle unique. Simone a tendu sa main droite à Raoul qui s’est incliné devant elle en la frôlant des lèvres, elle était douce sa main, incroyablement douce, dessinée avec grâce, elle devait savoir écrire la plus belle histoire jamais racontée.
Dans ses yeux, il a vu la fin des errances et le début du plus beau voyage de sa vie. Elle a vu exactement la même chose dans les siens. Il s’est passé quelque chose d’indéfinissable mais que chacun aurait pu expliquer ainsi : imaginez une liste de 152.403 points essentiels à assimiler par l’autre pour pouvoir être compris, lu, reconnu, aimé, protégé, emporté, bouleversé, fantasmé, séduit, introduisez cette liste dans une machine qui vous annoncera si quelqu’un correspond au profil recherché, vous aurez alors autant de chance de voir le voyant vert clignoter que de gagner au loto deux semaines de suite. Les présentations ont duré quelques secondes mais pour Simone et Raoul, ces secondes avaient duré des siècles. Après les mains tendues et les prénoms échangés, vinrent les sourires. Ce sont ces sourires qui étaient pleins de ce vert clignotant.
C’est Paulette, la sœur de Simone, qui organisait ce réveillon. Elle connaissait Raoul et sa compagne depuis qu’ils avaient partagé un appartement en Suisse avec des amis communs l’hiver précédent. Elle n’avait pas imaginé un tel plan de table par hasard, elle sentait que cet homme pouvait être la perle que cherchait désespérément sa sœur, même si ses yeux adoraient mourir dans la naissance des décolletés alentour. Sa compagne, France, elle la trouvait un peu mièvre mais elle avait l’énorme avantage d’avoir un frère qui tenait un restaurant dans lequel on pouvait organiser un réveillon. Raoul était plus avec elle pour le dessin de sa bouche que pour ce qui en sortait mais il avait horreur de la solitude. France était de ces femmes transitoires, elle était douce comme une musique d’attente dans un ascenseur, il était agréable de monter avec elle dans les étages mais la partition devenait vite ennuyeuse.
Simone n’était pas célibataire mais c’était tout comme. Elle ne savait pas être seule et avait le chic pour dire oui à des hommes plus perdus qu’elle. Il convient de préciser que ces hommes-là faisaient souvent le tampon entre de vraies histoires, celles qui font la peau mois lisse des cicatrices. Parce que si elle ne savait pas dire non à la facilité qui répare, qui dorlote, qui apaise, elle était d’une extrême exigence dans ses goûts. Elle disait toujours que celui qui la ferait craquer n’était pas né. Et l’espèce d’olibrius mal léché qui l’accompagnait, un certain Edmond, semblait plutôt né pour faire briller le cou de Simone dans une ou deux grandes occasions. C’est au moment où le poisson est arrivé, un bar grillé, que Raoul s’est tourné vers sa voisine de gauche pour entamer une conversation qu’il rêvait déjà éternelle. Avant qu’il n’ait pu bouger les lèvres, Simone entrait dans le vif du sujet :
- Excusez-moi Monsieur mais j’ai absolument besoin de savoir si vous avez vu la même chose que moi.
- Oui.
- Vous savez de quoi je parle ?
- Oui.
- Et comment pouvez-vous en être si sûr ?
- J’en suis sûr à l’instant. Parce que vous me posez cette question. On dit souvent qu’à l’instant de mourir on voit sa vie défiler devant ses yeux. Moi je l’ai vue défiler dans les vôtres. Vous parliez de ce qui dansait dans nos yeux n’est-ce pas ?
- Pardonnez-moi, vous n’êtes pas seul.
- Je ne suis plus seul. Plus maintenant. Plus depuis votre regard.
- Mais cette femme à côté de vous ? Elle est très belle.
- Merci, vous m’excuserez de ne pouvoir vous rendre le compliment à l’endroit de la masse vivante qui habite le survêtement d’à côté…
Simone explose alors de rire en balançant une bouchée de bar grillé sur le nœud papillon de ce brave Edmond qui part se nettoyer aux toilettes pendant que sa chérie se confond en excuses. Après avoir expliqué à la table qu’elle avait avalé de travers, elle reprend :
- Ce n’est pas un survêtement c’est un pantalon en toile ! Bien. Vous avez connu beaucoup de femmes dans votre vie ?
- Oui.
- Comment faites-vous pour différencier une femme vraiment belle d’un petit canon aux formes parfaites ?
- Un petit canon comme vous dites a envie d’être belle, elle fait tout pour l’être, elle use et abuse de ses atouts. Une belle femme l’est immédiatement. Elle est vraiment belle parce qu’elle porte en elle, en son regard, en son sein, sur ses épaules, dans la chute d’une mèche ou de ses reins, l’élégance de toutes ses vies d’avant, le charme de tous ces moments où le temps s’est arrêté sur elle, parce que lui-même voulait en profiter. Vous êtes belle, Madame, parce que vous êtes tout cela, vous êtes la plus belle possible parce que vous répondez sans le moindre mot à tous les fantasmes, à toutes les natures, à tous les rêves de douceur et de raffinement. Vous êtes belle parce que vos yeux l’ont dit aux miens, vous préservant de toute prétention. Vous êtes belle parce que vous êtes mon île au milieu de l’océan. Vous êtes belle parce que, même aveugle, votre seule main dans la mienne me l’aurait hurlé.
- J’aurais envoyé balader n’importe quel autre homme qui m’aurait dit ces mots, à peu près sûre qu’ils étaient encore tièdes, tout juste sortis d’un plat servi à une autre. Mais aucun autre ne m’aurait dit ces mots. Et surtout, surtout, je sais à quel point vous les vivez, je le sens, je sens votre vérité et c’est là que vous m’emportez. Oui, une île au milieu de l’océan, c’est exactement cela. Je sais que vous aimez les femmes, je sais que vous êtes capables de dire mille mots de ce genre à une autre, mais pas ceux-là, pas comme ça.
- …
- A quoi pensez-vous ?
- Une femme vient d'arriver au bord de ma route, de celles qui vous font tourner la tête quand vous passez à sa hauteur, de celles qui vont font tourner la tête tout court, de celles qui vous font tourner, de celles qui vous font. Vous m'intriguez, vous m'attirez, vous m'intéressez, vous m'inspirez, vous êtes à votre place et moi à la mienne, différemment accompagnés, et je sens déjà le lien fleurir. Combien d’hommes ont ressenti et dit cela à une femme ? Probablement autant que de belles histoires ont vécu, de moins belles aussi. Ont-ils été tous aussi sûrs que je le suis à l’instant ? Aussi sûr d’être au milieu d’une histoire d'âmes qui se trouvent, se retrouvent, de chemins faits pour se croiser ? Avant vous, quelques minutes plus tôt, j’étais comme un aventurier sur un bateau, attendant de reconnaître l'horizon qui s’invitait, un bateau ivre ou solitaire, dérivant depuis longtemps. Et cette île qui s’affine et se précise au point d’éclater l’idée d’un mirage, une île tellement idéale qu'elle semble vous sourire.
- Vous avez tellement vécu… Reste-t-il de l’espace pour un nouvel étonnement ? Comment ne pas être blasé après tous ces mots, toutes ces peaux… ?
- Vous ne pensez pas cela, vous m’insulteriez. Vous me posez cette question pour vous protéger. Et pour me dire que vous connaissez ceux qui sont capables de ne plus être étonnés par l’amour.
- C’est vrai.
- Je vais quand même vous répondre. J’ai déjà été las oui. Mais pourquoi se lasse-t-on ? J’ai été las de trop de voyages identiques. Toujours les mêmes yeux vides, toujours les mêmes rêves et toujours les mêmes ports, de ceux qui ne vous donnent pas envie de vous arrêter.
- J’ai connu moi aussi des hommes au cœur vide, toujours les mêmes rêves, toujours les mêmes porcs. Mais nous ne parlons pas des mêmes… même s’ils ne vous donnent pas plus envie de vous arrêter que les vôtres.
- Je vois… Alors vous savez à quel point une route particulière qui s’ouvre à vous, un parfum nouveau, si agréable qu’il vous semble familier, une lumière faite pour la suivre, une mer d’huile pour glisser jusqu’au turquoise de desseins pacifiques après des années de guerre contre l’ennemi qui manipule, ment et se sourit à lui-même dans vos yeux, vous savez à quel point ces éléments vous réveillent, vous sortent de votre coma sentimental.
Raoul a grandi dans une famille aimante, couvé par des regards fiers et protecteurs, mais il a toujours su que rien ne serait facile, qu’il faudrait trouver les plus belles clés pour ouvrir les plus belles portes. Il voulait faire le plus beau métier possible, voyager le plus loin possible, aimer le plus follement possible, la plus belle femme possible. Simone était impossible, et c’est pour ça qu’il l’a fait. Il a décidé qu’il pouvait séduire cette femme dont il aurait pu avoir peur tellement elle était belle parce qu’elle était son île, cette fameuse île qui met fin aux voyages et vous fait épouser le bonheur.
Raoul était en couple la première fois qu’il a rencontré Simone. C’était au restaurant, pour un jour de l’an entre amis. Elle était accompagnée d’un type qui allait aussi bien avec elle qu’un survêtement avec un nœud papillon. Il est des plans de table qu’on tire aussi bien que ceux sur la comète puisque le dernier de l’année 1954 avait placé Simone à la gauche de Raoul. Quand elle s’est approchée, il ne regardait pas, il parlait à sa compagne, assise à sa droite. Sentant que quelqu’un tirait la chaise pour s’installer, il s’est redressé, s’est tourné vers elle avec un sourire poli déjà préparé, s’est levé en disant bonjour et s’est présenté tout en levant les yeux vers les siens. C’est à cette seconde précise que le temps s’est arrêté pour les deux pièces d’un puzzle unique. Simone a tendu sa main droite à Raoul qui s’est incliné devant elle en la frôlant des lèvres, elle était douce sa main, incroyablement douce, dessinée avec grâce, elle devait savoir écrire la plus belle histoire jamais racontée.
Dans ses yeux, il a vu la fin des errances et le début du plus beau voyage de sa vie. Elle a vu exactement la même chose dans les siens. Il s’est passé quelque chose d’indéfinissable mais que chacun aurait pu expliquer ainsi : imaginez une liste de 152.403 points essentiels à assimiler par l’autre pour pouvoir être compris, lu, reconnu, aimé, protégé, emporté, bouleversé, fantasmé, séduit, introduisez cette liste dans une machine qui vous annoncera si quelqu’un correspond au profil recherché, vous aurez alors autant de chance de voir le voyant vert clignoter que de gagner au loto deux semaines de suite. Les présentations ont duré quelques secondes mais pour Simone et Raoul, ces secondes avaient duré des siècles. Après les mains tendues et les prénoms échangés, vinrent les sourires. Ce sont ces sourires qui étaient pleins de ce vert clignotant.
C’est Paulette, la sœur de Simone, qui organisait ce réveillon. Elle connaissait Raoul et sa compagne depuis qu’ils avaient partagé un appartement en Suisse avec des amis communs l’hiver précédent. Elle n’avait pas imaginé un tel plan de table par hasard, elle sentait que cet homme pouvait être la perle que cherchait désespérément sa sœur, même si ses yeux adoraient mourir dans la naissance des décolletés alentour. Sa compagne, France, elle la trouvait un peu mièvre mais elle avait l’énorme avantage d’avoir un frère qui tenait un restaurant dans lequel on pouvait organiser un réveillon. Raoul était plus avec elle pour le dessin de sa bouche que pour ce qui en sortait mais il avait horreur de la solitude. France était de ces femmes transitoires, elle était douce comme une musique d’attente dans un ascenseur, il était agréable de monter avec elle dans les étages mais la partition devenait vite ennuyeuse.
Simone n’était pas célibataire mais c’était tout comme. Elle ne savait pas être seule et avait le chic pour dire oui à des hommes plus perdus qu’elle. Il convient de préciser que ces hommes-là faisaient souvent le tampon entre de vraies histoires, celles qui font la peau mois lisse des cicatrices. Parce que si elle ne savait pas dire non à la facilité qui répare, qui dorlote, qui apaise, elle était d’une extrême exigence dans ses goûts. Elle disait toujours que celui qui la ferait craquer n’était pas né. Et l’espèce d’olibrius mal léché qui l’accompagnait, un certain Edmond, semblait plutôt né pour faire briller le cou de Simone dans une ou deux grandes occasions. C’est au moment où le poisson est arrivé, un bar grillé, que Raoul s’est tourné vers sa voisine de gauche pour entamer une conversation qu’il rêvait déjà éternelle. Avant qu’il n’ait pu bouger les lèvres, Simone entrait dans le vif du sujet :
- Excusez-moi Monsieur mais j’ai absolument besoin de savoir si vous avez vu la même chose que moi.
- Oui.
- Vous savez de quoi je parle ?
- Oui.
- Et comment pouvez-vous en être si sûr ?
- J’en suis sûr à l’instant. Parce que vous me posez cette question. On dit souvent qu’à l’instant de mourir on voit sa vie défiler devant ses yeux. Moi je l’ai vue défiler dans les vôtres. Vous parliez de ce qui dansait dans nos yeux n’est-ce pas ?
- Pardonnez-moi, vous n’êtes pas seul.
- Je ne suis plus seul. Plus maintenant. Plus depuis votre regard.
- Mais cette femme à côté de vous ? Elle est très belle.
- Merci, vous m’excuserez de ne pouvoir vous rendre le compliment à l’endroit de la masse vivante qui habite le survêtement d’à côté…
Simone explose alors de rire en balançant une bouchée de bar grillé sur le nœud papillon de ce brave Edmond qui part se nettoyer aux toilettes pendant que sa chérie se confond en excuses. Après avoir expliqué à la table qu’elle avait avalé de travers, elle reprend :
- Ce n’est pas un survêtement c’est un pantalon en toile ! Bien. Vous avez connu beaucoup de femmes dans votre vie ?
- Oui.
- Comment faites-vous pour différencier une femme vraiment belle d’un petit canon aux formes parfaites ?
- Un petit canon comme vous dites a envie d’être belle, elle fait tout pour l’être, elle use et abuse de ses atouts. Une belle femme l’est immédiatement. Elle est vraiment belle parce qu’elle porte en elle, en son regard, en son sein, sur ses épaules, dans la chute d’une mèche ou de ses reins, l’élégance de toutes ses vies d’avant, le charme de tous ces moments où le temps s’est arrêté sur elle, parce que lui-même voulait en profiter. Vous êtes belle, Madame, parce que vous êtes tout cela, vous êtes la plus belle possible parce que vous répondez sans le moindre mot à tous les fantasmes, à toutes les natures, à tous les rêves de douceur et de raffinement. Vous êtes belle parce que vos yeux l’ont dit aux miens, vous préservant de toute prétention. Vous êtes belle parce que vous êtes mon île au milieu de l’océan. Vous êtes belle parce que, même aveugle, votre seule main dans la mienne me l’aurait hurlé.
- J’aurais envoyé balader n’importe quel autre homme qui m’aurait dit ces mots, à peu près sûre qu’ils étaient encore tièdes, tout juste sortis d’un plat servi à une autre. Mais aucun autre ne m’aurait dit ces mots. Et surtout, surtout, je sais à quel point vous les vivez, je le sens, je sens votre vérité et c’est là que vous m’emportez. Oui, une île au milieu de l’océan, c’est exactement cela. Je sais que vous aimez les femmes, je sais que vous êtes capables de dire mille mots de ce genre à une autre, mais pas ceux-là, pas comme ça.
- …
- A quoi pensez-vous ?
- Une femme vient d'arriver au bord de ma route, de celles qui vous font tourner la tête quand vous passez à sa hauteur, de celles qui vont font tourner la tête tout court, de celles qui vous font tourner, de celles qui vous font. Vous m'intriguez, vous m'attirez, vous m'intéressez, vous m'inspirez, vous êtes à votre place et moi à la mienne, différemment accompagnés, et je sens déjà le lien fleurir. Combien d’hommes ont ressenti et dit cela à une femme ? Probablement autant que de belles histoires ont vécu, de moins belles aussi. Ont-ils été tous aussi sûrs que je le suis à l’instant ? Aussi sûr d’être au milieu d’une histoire d'âmes qui se trouvent, se retrouvent, de chemins faits pour se croiser ? Avant vous, quelques minutes plus tôt, j’étais comme un aventurier sur un bateau, attendant de reconnaître l'horizon qui s’invitait, un bateau ivre ou solitaire, dérivant depuis longtemps. Et cette île qui s’affine et se précise au point d’éclater l’idée d’un mirage, une île tellement idéale qu'elle semble vous sourire.
- Vous avez tellement vécu… Reste-t-il de l’espace pour un nouvel étonnement ? Comment ne pas être blasé après tous ces mots, toutes ces peaux… ?
- Vous ne pensez pas cela, vous m’insulteriez. Vous me posez cette question pour vous protéger. Et pour me dire que vous connaissez ceux qui sont capables de ne plus être étonnés par l’amour.
- C’est vrai.
- Je vais quand même vous répondre. J’ai déjà été las oui. Mais pourquoi se lasse-t-on ? J’ai été las de trop de voyages identiques. Toujours les mêmes yeux vides, toujours les mêmes rêves et toujours les mêmes ports, de ceux qui ne vous donnent pas envie de vous arrêter.
- J’ai connu moi aussi des hommes au cœur vide, toujours les mêmes rêves, toujours les mêmes porcs. Mais nous ne parlons pas des mêmes… même s’ils ne vous donnent pas plus envie de vous arrêter que les vôtres.
- Je vois… Alors vous savez à quel point une route particulière qui s’ouvre à vous, un parfum nouveau, si agréable qu’il vous semble familier, une lumière faite pour la suivre, une mer d’huile pour glisser jusqu’au turquoise de desseins pacifiques après des années de guerre contre l’ennemi qui manipule, ment et se sourit à lui-même dans vos yeux, vous savez à quel point ces éléments vous réveillent, vous sortent de votre coma sentimental.
- Vous croyez donc encore en l’inexploré ? En
l’inattendu ? Vous avez encore des valises pleines de certitudes prêtes à
partir ?
- J'adorerais vous répondre pendant une nuit entière, sous
les étoiles, au coin du feu, devant un soleil qui se couche. Et je peux vous
dire que la richesse et la pertinence de ces questions ne font que confirmer la
qualité de votre beauté. Quant à mes valises, elles sont un peu plus petites
que celles qui gonflent sous les yeux d’Edmond, mais elles sont pleines de
toutes mes vérités oui.
- Je ne vous permets pas ! Je ne vous parle pas des ballons de rugby que votre amie propose sous le nez de tous les botteurs en touche ! C’est de l’hélium dedans ? C’est dingue, on dirait qu’ils ont le téton pointé vers Saturne, prêtes à décoller les capsules !
- Simone, je veux finir cette année seul avec vous, et commencer l’autre de la même façon. Je veux que nous nous levions, que nous trouvions de jolies choses à dire pour nous faire pardonner, et je rêve que vous m’emmeniez où bon vous semble tant que je reste près de vous ces quarante prochaines années, minimum.
Simone se lève et s’adresse à son compagnon :
- Edmond, merci pour tout, j’ai vraiment apprécié ta compagnie ces derniers mois mais je dois m’en aller. Je t’avais dit que je ne te quitterais qu’à la condition d’avoir trouvé l’homme de ma vie, voilà, il est là, offert comme un cadeau, assis à côté de moi.
- Mais enfin…
- Edmond, je suis désolé mais vous ne pouvez rien y faire, ma chérie, j’ai moi aussi adoré ta compagnie mais l’ascenseur vient de s’ouvrir sur la plage de l’île de mes rêves, tu ne peux pas m’en vouloir, aimer l’autre c’est vouloir son bonheur non ? Edmond, vous aimez le cyclisme ? Faites le tour de France, elle a deux trois étapes de montagne à couper le souffle !
- Mais Raoul !!!
Heureux comme des adolescents découvrant la passion, Raoul et Simone quittèrent la table, et partirent en courant, main dans la main vers un bonheur absolu.
Dans la cuisine, derrière la baie vitrée, Paulette souriait.
Franck Pelé
(textes déposés à la SACD – novembre 2013)
- Je ne vous permets pas ! Je ne vous parle pas des ballons de rugby que votre amie propose sous le nez de tous les botteurs en touche ! C’est de l’hélium dedans ? C’est dingue, on dirait qu’ils ont le téton pointé vers Saturne, prêtes à décoller les capsules !
- Simone, je veux finir cette année seul avec vous, et commencer l’autre de la même façon. Je veux que nous nous levions, que nous trouvions de jolies choses à dire pour nous faire pardonner, et je rêve que vous m’emmeniez où bon vous semble tant que je reste près de vous ces quarante prochaines années, minimum.
Simone se lève et s’adresse à son compagnon :
- Edmond, merci pour tout, j’ai vraiment apprécié ta compagnie ces derniers mois mais je dois m’en aller. Je t’avais dit que je ne te quitterais qu’à la condition d’avoir trouvé l’homme de ma vie, voilà, il est là, offert comme un cadeau, assis à côté de moi.
- Mais enfin…
- Edmond, je suis désolé mais vous ne pouvez rien y faire, ma chérie, j’ai moi aussi adoré ta compagnie mais l’ascenseur vient de s’ouvrir sur la plage de l’île de mes rêves, tu ne peux pas m’en vouloir, aimer l’autre c’est vouloir son bonheur non ? Edmond, vous aimez le cyclisme ? Faites le tour de France, elle a deux trois étapes de montagne à couper le souffle !
- Mais Raoul !!!
Heureux comme des adolescents découvrant la passion, Raoul et Simone quittèrent la table, et partirent en courant, main dans la main vers un bonheur absolu.
Dans la cuisine, derrière la baie vitrée, Paulette souriait.
Franck Pelé
(textes déposés à la SACD – novembre 2013)
Naissance de l'amour, toujours une grande aventure!
RépondreSupprimerUn délice chaque fois renouvelé ...
RépondreSupprimerMerci !!!
Merci Franck !!
RépondreSupprimer500ème déjà !! Comme le temps passe vite au fil de tes mots ...
Merci de nous faire rêver, aimer, au travers de ta plume et des belles histoires de Simone & Raoul. Quand le virtuel est au service du talent.
Continue à mettre du peps dans nos vies et merci pour cette rencontre amoureuse.
Lire les premiers textes, des dialogues insolites, ...Etre surpris par le réalisme des personnages, avoir souvent des éclats de rire impossibles à contenir tant les dialogues sont savoureux ... et puis c'est foutu !!...nous voilà "addict" de Simone et Raoul, couple banal et hors norme à la fois, où l'on se retrouve et se perd aussi avec bonheur !!! ...
RépondreSupprimerEt pour cette 500ème, flash back façon "Lelouch" où l'on découvre la genèse de ce couple qui ne peut que devenir mythique !!!
Merci Franck Pelé pour ces délicieuses tranches de vie !!
Si seule votre inspiration vous a dicté ce texte en intégralité (je ne dispose pas de la culture me permettant d'en être absolument certain), vous êtes un vrai poète de la Vie.
RépondreSupprimerSuperbe!
S.J.