samedi 21 septembre 2013

L'arme à l'œil




- Pourquoi doutes-tu de moi ? Tu es l'homme que j'attends.

- Je ne sais pas... un pressentiment... Ton discours amoureux me semble déjà écrit pour d'autres, comme un discours politique qui attend plusieurs votes... Et les hommes politiques trouvent toujours la confiance dans le vote... Tu pourrais être de ces femmes qui ont besoin de cette confiance pour vivre, qui ont besoin de plaire au pluriel..., jusqu'à s'oublier entre toutes celles qu'elles proposent.

- Non. Je ne suis pas de ces femmes. Je suis entière, valeureuse, amoureuse, droite, honnête, confiante, vivante, exclusive, attentionnée, naturelle, transparente, sensible, loyale, juste.

- Tu ornes pourtant tes lunettes d'un caractère assez agressif. Me laisserais-tu voir la vérité de ton regard ? Combien ont su te désarmer ?

- Beaucoup ont conduit à armer ce regard, de patience surtout. C'est ta seule existence qui m'a appris que j'avais assez attendu. Mais tu n'as pas confiance en moi.

- Non. Parce que tu ne me connais pas, tu ne sais rien de moi, j'aurais pu être n'importe qui, tu aurais décidé que j'étais celui-là. Pourquoi... Pour un mot ? Une pensée ? Un parfum ? Une conviction ?

- Oui. Une intime conviction. Tu sais ce qu'on appelle l'intime conviction ? C'est quand une âme complice partie un peu plus tôt sur le même chemin que toi vient te souffler que tu es dans la bonne direction.

- Comme une lumière divine quoi...

- Tu penses que je suis une illuminée n'est-ce pas ? Une folle ? Une croqueuse d'hommes et de diamants ? Une irresponsable qui boit l'égoïsme au biberon ? 

- Quand on offre son cœur à un inconnu, même avec une intime et divine conviction, tu peux comprendre que l'inconnu en question hésite à se faire connaître.

- Et si c'était moi ? Tu prends le risque de passer à côté de moi parce que tu ne me sens pas ? Le pari est énorme non ? C'est d'ailleurs assez proche d'une intime conviction ce qui te parle à l'intérieur...

- Alors une des deux âmes complices ment.

- Une âme ne ment jamais. Seule la conscience qui l'anime peut la salir. Peut-être avons-nous raison tous les deux. Toi de ne pas vouloir me croire aujourd'hui, moi de savoir que tu es mon autre.

- Une histoire qui commence par épuiser les doutes, les craintes, les méfiances, les artifices, ne peut que durer éternellement s'il ne reste que les sourires et la douceur, la confiance et les couleurs.

- Mon vrai prénom est Simone.

- Le mien est Raoul.

- Tiens donc... Vous vous protégez aussi finalement...

- Une balle perdue est vite arrivée...

- Vous me désarmez Raoul. Et vous êtes le seul.






 Franck Pelé - Septembre 2013 - Textes déposés

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