- Raoul !!! Recule, tu vas tomber !
- N'avance pas Simone. S'il te plaît... N'avance pas... Reste où tu es...
- Recule Raoul... Qu'est-ce que tu vas faire là... ?
- Je ne sais pas... Si je recule, je retrouve ce que je fuis.
- Tu parles de moi ?
- Bien sûr que non. Je parle de tout ce que j'ai fait, tout ce que j'ai déjà fait, de tout ce que je ne suis jamais arrivé à faire, je parle de moi, de ce que j'ai fait de moi depuis que je suis né...
- Alors arrête de te retourner sur ton passé, avance...
- Si j'avance, je tombe. Et si je tombe, je fuis.
- Si tu ne veux ni reculer, ni avancer, et bien reste là qu'est-ce que tu veux que je te dise...
- Si je reste là, je vais trop réfléchir, trop penser. Je pense, donc je fuis... Bon, je fais demi-tour...
- Ah ! Quand même... De toutes façons la nuit va bientôt tomber. Allez viens... Tu commençais vraiment à me faire peur là...
- Mais je ne veux pas revenir en arrière ! Et arrête de tout prendre à la légère Simone, merde !!! Je suis au bout de moi là ! Perdu ! Paumé ! Je regarde ma vie les yeux dans les cieux, je n'y vois que nuages et vertige, et tout ce que ça t'inspire c'est de réduire ça à des caprices d'adolescent dépressif !
- Excuse-moi Raoul... (Simone s'assoit, à une dizaine de mètres derrière lui). Je sais exactement ce que tu ressens, je suis déjà venue ici, j'ai eu la même envie que toi, les mêmes doutes, la même difficulté de choix... Et puis j'ai pensé à tes mains, à ta bouche, qui sait me sourire aussi bien qu'elle m'embrasse, à tes yeux, qui me disent plus que tous les mots du monde.
- Ce n'est pas une question d'amour Simone, je sais quelle femme tu es, je sais quel bijou s'est offert à moi, c'est plus profond que ça, c'est un tout. J'ai l'impression d'être fait pour atteindre les sommets et je ne fais que tomber, glisser, comme un Sisyphe presque jaloux de croiser dans sa chute tous ces glorieux de pacotille qui ne savent rien de la qualité du voyage. Ils ont autant de mérite que de talent mais ils arrivent pourtant à toucher les neiges éternelles sans penser une seule seconde à la fonte de mes rêves... Et je devrais rester là ? Sans bouger ? Ne rien faire pour que ça change ?
- Alors saute. Ose. Lance-toi.
-Mais si je saute, je n'atteindrai jamais les sommets ! Non. Je vais m'asseoir. Et contempler. Oui... Je vais contempler...
Raoul respire longuement, doucement, de grandes inspirations, puis de longs souffles pleins de tous ces doutes qui donnent le mal de l'air...
- Simone... Je suis bien là... Je savoure... Je pense à tous les possibles... L'immensité m'attire, m'inspire, elle me rend fort... Je me sens pousser des ailes... Voilà... C'est ça... Je vais voler...
- Emmène-moi...
Franck Pelé - mai 2012 - textes déposés
- N'avance pas Simone. S'il te plaît... N'avance pas... Reste où tu es...
- Recule Raoul... Qu'est-ce que tu vas faire là... ?
- Je ne sais pas... Si je recule, je retrouve ce que je fuis.
- Tu parles de moi ?
- Bien sûr que non. Je parle de tout ce que j'ai fait, tout ce que j'ai déjà fait, de tout ce que je ne suis jamais arrivé à faire, je parle de moi, de ce que j'ai fait de moi depuis que je suis né...
- Alors arrête de te retourner sur ton passé, avance...
- Si j'avance, je tombe. Et si je tombe, je fuis.
- Si tu ne veux ni reculer, ni avancer, et bien reste là qu'est-ce que tu veux que je te dise...
- Si je reste là, je vais trop réfléchir, trop penser. Je pense, donc je fuis... Bon, je fais demi-tour...
- Ah ! Quand même... De toutes façons la nuit va bientôt tomber. Allez viens... Tu commençais vraiment à me faire peur là...
- Mais je ne veux pas revenir en arrière ! Et arrête de tout prendre à la légère Simone, merde !!! Je suis au bout de moi là ! Perdu ! Paumé ! Je regarde ma vie les yeux dans les cieux, je n'y vois que nuages et vertige, et tout ce que ça t'inspire c'est de réduire ça à des caprices d'adolescent dépressif !
- Excuse-moi Raoul... (Simone s'assoit, à une dizaine de mètres derrière lui). Je sais exactement ce que tu ressens, je suis déjà venue ici, j'ai eu la même envie que toi, les mêmes doutes, la même difficulté de choix... Et puis j'ai pensé à tes mains, à ta bouche, qui sait me sourire aussi bien qu'elle m'embrasse, à tes yeux, qui me disent plus que tous les mots du monde.
- Ce n'est pas une question d'amour Simone, je sais quelle femme tu es, je sais quel bijou s'est offert à moi, c'est plus profond que ça, c'est un tout. J'ai l'impression d'être fait pour atteindre les sommets et je ne fais que tomber, glisser, comme un Sisyphe presque jaloux de croiser dans sa chute tous ces glorieux de pacotille qui ne savent rien de la qualité du voyage. Ils ont autant de mérite que de talent mais ils arrivent pourtant à toucher les neiges éternelles sans penser une seule seconde à la fonte de mes rêves... Et je devrais rester là ? Sans bouger ? Ne rien faire pour que ça change ?
- Alors saute. Ose. Lance-toi.
-Mais si je saute, je n'atteindrai jamais les sommets ! Non. Je vais m'asseoir. Et contempler. Oui... Je vais contempler...
Raoul respire longuement, doucement, de grandes inspirations, puis de longs souffles pleins de tous ces doutes qui donnent le mal de l'air...
- Simone... Je suis bien là... Je savoure... Je pense à tous les possibles... L'immensité m'attire, m'inspire, elle me rend fort... Je me sens pousser des ailes... Voilà... C'est ça... Je vais voler...
- Emmène-moi...
Franck Pelé - mai 2012 - textes déposés
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