vendredi 2 mars 2012

L'amour c'est comme une cigarette



- Raoul, vous m'avez tellement mis le feu que je jurerais m'être consumée...

- Si j'en juge par l'élégance de l'âme de votre désir à l'instant, j'ai bien peur de devoir confirmer... Regardez le souvenir de vos braises Simone, regardez votre désir s'envoler... Il va rejoindre tous les autres au septième ciel...

- L'âme de mon désir ? Mais elle est toujours là mon bon Monsieur, et plutôt deux fois qu'une ! Croyez-moi sur parole, je sens encore de la vie dans ce corps !

- Vous voulez dire que vous savez renaître de vos cendres ?

- Du tout ! La force de mon désir ne saurait m'inviter sur le chemin de la grise dentelle. Non... mes braises ne s'éteignent jamais. Elles dorment, taisent leur fièvre rougeoyante, mais un seul souffle dessus et tous les pompiers du monde s'agrippent à la rampe, prêts au combat... Vous reprendrez bien une cigarette Raoul ? Donnez-moi du feu...

- J'ai envie de vous fumer tout doucement Madame... Que chaque bouffée de vous m'emporte, que chaque volute dessine vos courbes, dans lesquelles je viendrai éteindre mes braises qui n'ont rien à envier aux vôtres... Puis je vous rallumerai encore, mon éternel plaisir, qui jamais ne s'éteint, qui toujours s'étreint...

- Me fumer tout doucement ? Ne mégotez pas Raoul, tirez-moi jusqu'au filtre...

- Pardon ?

- Je voulais dire... fumez-moi jusqu'au bout ! J'adore cette sensation de me consumer dans l'extase...

- Je suis un peu jaloux... Moi aussi j'aimerais partir dans votre fumée...

- Donnez-moi votre cigarette...

- Et bien Simone, la dernière fois que vous avez toussé doit remonter à fort longtemps ! Quelle expérience... Vous avez beaucoup fumé ?

- Vous voulez savoir si j'ai eu beaucoup d'amants ?

- Oui

- J'en ai eu un paquet mon pauvre garçon...

- Dans votre vie ou en même temps, tous les jours ?

- J'ai longtemps fumé un paquet par jour mais j'ai compris le danger de ce qui n'était qu'une mauvaise habitude, un réflexe pour se donner une contenance, aujourd'hui, je fume pour le plaisir...




Franck Pelé - Mars 2012

2 commentaires:

  1. Délicieuse Simone, légère et profonde à la fois dans son portrait en mots et en image...Pourquoi les hommes posent ils toujours des questions sur un passé parti en fumée?...

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  2. Très poétique ! on est à deux doigts des interdits de Simone...?

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