Raoul sentit une petite tape sur son épaule. Il se retourna promptement. C'était Simone.
- Ça va mon chéri, je ne te dérange pas ?
- Je t'attendais, tu as été longue, il y avait du monde ?
- Comme dans une boulangerie un dimanche matin. Et toi ? Tu fais la queue ?
- Comment ça je fais la queue... ?
- Tu attends pour entrer quelque part ?
- Non... je t'attends toi... c'est tout...
- Oui, bien sûr, pourquoi attendre ici sinon... Pour aller où... ? Je ne vois pas de porte... Aaaah... Oh dis donc... Tu as vu Raoul ?
- Quoi ?
- Là, juste au-dessus de toi, y'a du monde au balcon hein ?
- Ah oui tiens...
- Tu sembles étonné... Pourtant je te regarde depuis vingt minutes à travers la vitrine de la boulangerie et tu n'as pas cessé d'avoir le nez en l'air. Tu regardais les oiseaux ?
- Non, je rêvais c'est tout. Je pensais à l'histoire de Paris, cette ville est vraiment magnifique et tellement pleine de souvenirs, enivrante de tous les parfums qui l'ont faite...
- Attends, ne me dis rien... Tu te rêvais révolutionnaire... Tu imaginais les sans-culottes prendre ta Bastille...
- Bon, écoute, j'étais là avant elles, je n'allais pas changer de trottoir parce que quelques donzelles viennent prendre l'air sur la terrasse du dessus !
-Oh non mon amour... Attendre sa femme suspendu aux lèvres d'étrangères qui te chuchotent ce que tu veux entendre, je comprends que la place soit royale...
- Mais elles ne m'ont rien dit !
- Tu n'as jamais su lire sur les lèvres Raoul.
- Bon, on va rentrer, tu vas aller dans ta cuisine, ça va te calmer, tu dis vraiment n'importe quoi là...
- Tu es comme tes copains Raoul, un gros macho ! Un jour, je sortirai de ma cuisine, on sortira toutes de nos cuisines, et on vous convoquera dans nos bureaux de dirigeantes pour vous dire à quel point vous manquez de rigueur et d’organisation, d’audace et d’ambition !
- Il n'est pas toujours nécessaire d'être au-dessus des autres pour se sentir fort Simone. Je n'ai aucun problème avec l'idée que la femme nous domine. L'homme a tout à gagner à laisser les femmes au-dessus de lui. Et puis vous êtes quand même beaucoup plus souriantes quand on vous appréhende sous cet angle, c'est justement ce que je me disais en...
- en ?
- ... en regardant les oiseaux...
Devant le changement soudain du teint de sa femme qui passa du rose au vermillon, Raoul prit la poudre d’escampette et piqua un sprint jusqu’à son sous-sol dans lequel il restera jusqu’au lundi suivant.
Franck Pelé - décembre 2012 - textes déposés
- Ça va mon chéri, je ne te dérange pas ?
- Je t'attendais, tu as été longue, il y avait du monde ?
- Comme dans une boulangerie un dimanche matin. Et toi ? Tu fais la queue ?
- Comment ça je fais la queue... ?
- Tu attends pour entrer quelque part ?
- Non... je t'attends toi... c'est tout...
- Oui, bien sûr, pourquoi attendre ici sinon... Pour aller où... ? Je ne vois pas de porte... Aaaah... Oh dis donc... Tu as vu Raoul ?
- Quoi ?
- Là, juste au-dessus de toi, y'a du monde au balcon hein ?
- Ah oui tiens...
- Tu sembles étonné... Pourtant je te regarde depuis vingt minutes à travers la vitrine de la boulangerie et tu n'as pas cessé d'avoir le nez en l'air. Tu regardais les oiseaux ?
- Non, je rêvais c'est tout. Je pensais à l'histoire de Paris, cette ville est vraiment magnifique et tellement pleine de souvenirs, enivrante de tous les parfums qui l'ont faite...
- Attends, ne me dis rien... Tu te rêvais révolutionnaire... Tu imaginais les sans-culottes prendre ta Bastille...
- Bon, écoute, j'étais là avant elles, je n'allais pas changer de trottoir parce que quelques donzelles viennent prendre l'air sur la terrasse du dessus !
-Oh non mon amour... Attendre sa femme suspendu aux lèvres d'étrangères qui te chuchotent ce que tu veux entendre, je comprends que la place soit royale...
- Mais elles ne m'ont rien dit !
- Tu n'as jamais su lire sur les lèvres Raoul.
- Bon, on va rentrer, tu vas aller dans ta cuisine, ça va te calmer, tu dis vraiment n'importe quoi là...
- Tu es comme tes copains Raoul, un gros macho ! Un jour, je sortirai de ma cuisine, on sortira toutes de nos cuisines, et on vous convoquera dans nos bureaux de dirigeantes pour vous dire à quel point vous manquez de rigueur et d’organisation, d’audace et d’ambition !
- Il n'est pas toujours nécessaire d'être au-dessus des autres pour se sentir fort Simone. Je n'ai aucun problème avec l'idée que la femme nous domine. L'homme a tout à gagner à laisser les femmes au-dessus de lui. Et puis vous êtes quand même beaucoup plus souriantes quand on vous appréhende sous cet angle, c'est justement ce que je me disais en...
- en ?
- ... en regardant les oiseaux...
Devant le changement soudain du teint de sa femme qui passa du rose au vermillon, Raoul prit la poudre d’escampette et piqua un sprint jusqu’à son sous-sol dans lequel il restera jusqu’au lundi suivant.
Franck Pelé - décembre 2012 - textes déposés
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