vendredi 31 décembre 2010

African Queen


- Vous êtes Robert ?

- Oui ? Vous êtes ?

- J'ai rencontré votre neveu à Paris, il m'a dit que son oncle était pilote en Afrique, et il se trouve que j'en cherche un.

- Mon neveu ? Comment une femme comme vous connaît un bon à rien comme lui ? Il est toujours au trou ?

- Oui, il en sort parfois pour aller à la chasse aux papillons...

- Ah bon ? On peut sortir de prison comme on veut maintenant ? Pffff.... La société déraille Madame...

- Sortir de prison ? Nous ne parlons pas du même trou j'en ai peur.

- Mon neveu a pris deux mois fermes. Pour outrage à magistrat. Il avait d'abord été convoqué au tribunal pour avoir sifflé la femme du maire dans la rue, et il a dit à la Présidente du tribunal "Dans la vie Madame la Présidente, il y a deux sortes de femmes, celles qui mettent une goutte de parfum derrière chaque oreille, et celles qui mettent les genoux". La présidente ne mettait pas de parfum...

- Dur... Et la femme du maire non plus j'imagine...

- Voilà

- Non, il n'était pas en prison quand je l'ai croisé votre neveu. Il travaillait dans les égouts. Mais il siffle toujours. Ce sont les papillons sur mes bas qui l'ont fait sortir de son trou. Et vous voyez, finalement, je suis là pour la même raison.

- C'est à dire ?

- Il est sorti de son trou pour retrouver les papillons qu'il avait perdus, ceux qui dansaient dans son ventre. Moi c'est pareil, je suis sortie de mon trou pour retrouver un papillon qui a dansé dans le mien.

- Quel genre de papillon ?

- Steve McQueen.

- Drôle de papillon en effet... On dit qu'il s'est engagé dans la marine...

- C'est pourquoi je suis là. On dit aussi que vous connaissez tous les cours d'eau du monde. Que veulent dire ces lettres sur votre avion, Robert ? "O.O.A." ?

- "Out Of Africa", c'est le nom de mon avion.

- Mais... Attendez... Robert... Vous êtes... ? Non...

- Si. Allez, montez, on va vous le ramener votre papillon.

- Vous étiez magnifique dans Gatsby...

- Merci...

jeudi 30 décembre 2010

The sound of silence


- Je te dis qu'ils seront trop petits pour toi Raoul...

- Non, je suis sûr que non. Et puis ça ne coûte rien d'essayer. Je suis pieds nus, et je ne peux pas aller à la Poste comme ça.

- Oui, enfin de là à y aller avec mes bas...

- J'ai toujours adoré me déguiser en fille, ça m'amuse. Si un homme me fait la conversation, je me présenterai comme une jeune baby-sitter !

- Et tu t'appelleras comment ? Il te faudra trouver un nom...

- Tootsie ! C'est bien non Tootsie ? C'est original je trouve...

- Bon, Raoul, tu me dis la vérité ? Pourquoi tu veux que j'enlève mes bas...

- Parce que je sais très bien que tu les mets pour Steve ! Et question papillon, comme question McQueen, j'en connais un rayon crois-moi ! J'en ai marre que tu cultives son souvenir tous les jours sur tes chevilles ! Depuis les Oscars, tu n'es plus la même, tes chevilles enflent et tes papillons vont finir par exploser ! Tu l'aimes c'est ça ?

- Mais ça n'a rien à voir ! Je l'aime oui, mais comme on aime la vie ! Comme on aime un acteur ! Le lauréat de mon coeur c'est toi ! C'est toi que j'aime d'amour, avec qui je dors, avec qui je vis, avec qui je veux vieillir ! C'est quoi cette crise de jalousie Raoul ?

- C'est quoi cette crise de jalousie ? Depuis que tu portes le papillon d'un autre, j'ai l'impression d'avoir une chenille à la maison ! C'est avec moi que je veux que tu t'envoles moi ! Alors si tu m'aimes, mets un pantalon et prête-moi tes bas !

- Encore un mot sur ce ton Raoul, et je claque la porte, tu te retrouveras tout seul avec le son du silence, sans chenille, sans pantalon !!! Steve est un fantasme, comme toi tu en as mille ! Tu ne fantasmes pas sur Raquel Welch ou sur Jacqueline Bisset ? Si ! Et je te reproche de vibrer pour elles en secret dès que tu les vois ? Non ! Alors ne mélange pas tout, celui que j'aime c'est toi, et basta ! Maintenant, va à la Poste en robe d'été si ça te chante, emprunte-moi des hauts si ça t'excite, mais lâche-moi les bas !!!

Simone papillonne


Un homme siffle au passage de Simone...

- Dites donc, un peu de tenue jeune homme !

- Pardonnez-moi Madame Simone, mais depuis le temps que je rêve de vous croiser... Et si on m'avait dit un jour que je verrais vos jambes d'aussi près, je n'y aurais jamais cru !

- Comment m'avez-vous reconnue ?

- Tout le monde sait comment s'appelle la femme qui a des papillons sur ses bas... Votre hommage à Steve McQueen... J'adore cet acteur moi aussi.

- Ah... Vous avez des nouvelles ?

- Tout le monde dit qu'il s'est engagé dans la marine depuis votre discours aux Oscars. Mais il faudrait faire le tour du monde en avion pour le retrouver...

- Et vous en avez un ?

- Moi non. Mais mon oncle est pilote en Afrique, au Kenya. Je pourrais lui demander...

- Oui... enfin ça fait un peu loin le Kenya... Mais pourquoi pas... Comment s'appelle votre oncle ?

- Si vous me mettez un papillon sur l'épaule, je vous le dis...

- Bah voyons... Et si je te mets les deux, tu me paies le voyage ? Retourne dans ton trou empereur des bas-fonds ! J'irai sans toi et sans ton oncle ! Je passerai mon brevet s'il le faut mais jamais je ne céderai à la médiocrité ! Je ne suis pas de ces femmes qu'on siffle ou qui déploient les ailes de leurs papillons sur les fantasmes du premier venu, ne l'oublie jamais ! Tu es gris et je suis éclatante, tu ne peux rien y faire ! L'égout et les couleurs, ça ne se discute pas !

Simone lève le voile


- Simone, laisse ce rideau !

- Mais Papa, qu'est-ce qu'il y a derrière cette fenêtre ? C'est quoi tout ce bleu ?

- C'est une fenêtre sur le temps

- Le temps qu'il fait ou le temps qui passe ?

- Un peu des deux. A toi de décider. Si tu décides que tu viens d'ouvrir le rideau sur le passé, alors il est peut-être déjà trop tard pour réparer nos bêtises, et il se peut que tu ne puisses jamais ouvrir la fenêtre. Mais si tu décides que tu viens de découvrir le temps de demain, et que tu y crois, toi et tous les enfants de ton âge, alors demain il fera beau, et tous les autres jours aussi. Et surtout, surtout, tu pourras enfin l'ouvrir cette fenêtre et respirer ce bleu comme je respirais le mien.

- Mais si j'ai envie qu'il fasse beau demain, et si demain il fait beau, alors je serai une sorte de Madame Soleil ?

- Exactement ma chérie, tu auras prévu le temps de demain. Mais tu l'auras surtout sauvé.

- Et... Papa ?

- Oui ?

- Je pourrai jeter le rideau ? Il assombrit un peu la pièce je trouve

- Avec plaisir Simone, jette ce voile qui a trop longtemps rendu obscurs les regards que nous avions sur le monde...

mardi 28 décembre 2010

Pince-moi, je rêve ?


- Simone, c'est moi ! Ecoute-moi attentivement s'il te plaît...

- Raoul tu me gonfles ! Ca fait deux heures que je suis prête !! T'es où ???

- Mais écoute-moi  !!! Je suis sur la route, j'étais au Jardin des Plantes avec Charles, quand un loup-garou a plongé dans l'aquarium central, il a mangé le homard en trois bouchées et le poulpe en deux, puis il a commencé à être pris de tremblements, l'eau s'est mise à bouillir, et une bête hallucinante est alors sortie de l'aquarium en hurlant des trucs incompréhensibles, une espèce de mutant à tentacules, mi-loup-garou mi-homard,  s'est alors jeté sur Charles, lui a arraché son appareil photo et...

- Tu te fous de moi Raoul ? T'as rien trouvé de mieux pour faire un poker en douce ???

- Mais naaaaaan !!! J'ai voulu défendre ton beau-frère, et le homard m'a déchiré ma veste puis s'est barré avec ! Et dans ma veste, j'avais mon portefeuille, les clés de la voiture et celles de la maison ! Alors assure-toi d'être tranquille et ferme tout, viiiiiiite !!!

- Tu racontes n'importe quoi !!! Personne ne s'est jamais jeté sur Charles à part ma soeur, mon brushing va être foutu, et ton homard il peut se pointer parce que là, tout de suite, je suis rouge écrevisse, il va avoir l'impression d'être en famille !!!

- C'est un homard loup-garou...

- Et c'est quoi la différence, il se transforme à la pleine lune ? Il a le poil brun ??

- Exactement, il a le poil brun !!!

- Tu me prends vraiment pour une autruche mon pauv' vieux... Alors écoute, je vais raccrocher là, et je vais aller au cinéma toute seule, tu trouveras des oeufs dans le frigo, et un peu de homard si jamais je rencontre ton copain mutant, parce que si ton histoire à dormir debout est vraie, je vais en faire de la garniture à avocat du poilu à pinces !

- Simone... Tu ne pourras jamais t'en sortir seule, c'est un monstre !

- Non ! Le monstre c'est celui qui fait attendre sa femme deux heures alors qu'elle est prête, coiffée, habillée, maquillée pour lui plaire ! Alors si jamais je ne m'en sors pas, j'écrirai "Homard m'a tuer" avec mon sang sur les murs, et tu me regretteras toute ta vie !

Une sirène sur le sable


- T'embrasser ici... Entre le jour et la nuit... T'embrasser, longuement, doucement, langoureusement, amoureusement, sensuellement, éperdument, follement, absolument, t'embrasser tellement...

- Vous semblez un honnête homme Monsieur... mais tous ces mots qui finissent par "ment" pourraient me pousser à douter de la vérité de votre baiser...

- Simone, je vais t'embrasser, vraiment. Tellement que la mer voudra se retirer...

- Elle se retirera sans faire de vagues ?

- On s'incline toujours devant le divin.

- Embrasse-moi jusqu'au matin Raoul... et déshabille le sable qui dort... Invite les océans à nous offrir les plus belles plages du monde...

Les fleurs du mâle


- Je te plais comme ça Raoul ?

- Si tu me plais ? Tu es le Flower Power à toi toute seule mon amour !

- Raconte-moi ce que je t'inspire...

- Tu me donnes envie de revoir Hair, de chanter "Let the sun shine" sur la plage, de te conter fleurette jusqu'au coucher du soleil, de t'aimer un peu, beaucoup, passionnément, à la folie... mais surtout, surtout...

- Oui...

- Tu me donnes envie d'attendre l'automne comme jamais...

A saisir


- Dis donc chérie, la prochaine fois que tu vois une annonce qui parle d'un studio les pieds dans l'eau au milieu d'un jardin luxuriant, j'adorerais que tu m'en parles avant...

lundi 27 décembre 2010

A l'époque c'était Thierry l'ermite


- C'est chez qui là ?

- C'est chez Bernard, l'ermite.

- Drôle de maison...

- C'était une tour, comme un i. Un coup de vent, un violent coup de vent, a fait que la tour s'est enroulée sur elle-même jusqu'à la cheminée.

- D'où l'expression du "col cheminée" ?

- Exactement, ça vient de là.

- Mais pourquoi s'est-il retiré comme ça ? Il ne voit jamais personne ?

- Jamais. Il n'a pas envie. Il trouve que les gens sont sources de conflits, de déception, de trahison, de dépression, alors il médite, seul.

- Raoul, tu sais quel est le plus gros défaut de Bernard ?

- Non...

- Il est égoïste !

L'échelle de Raoul


- Fais-moi encore l'orage Raoul... J'adore l'orage... Son atmosphère, son parfum, sa couleur, sa sensualité... C'est comme une naissance et une apocalypse en même temps, avec toujours la certitude du soleil qui reviendra. C'est cette certitude qui fait la beauté de cette inquiétude du ciel...

- Tu veux un tremblement de terre avec ? Un petit, juste pour toi...

- D'accord... Mais un vrai, pas en appuyant sur un bouton...

- Mais je ne peux pas déclencher un tremblement de terre sans appuyer sur ce bouton Simone !

- Oh que si ! Il faut juste savoir appuyer sur les bons déclencheurs ! Allez... fais de moi ta télécommande universelle mon amour...

- mmmmm.... Simone... Si j'appuie là, tu crois qu'on aura un petit tremblement de terre ?

- Si tu appuies là Raoul, il faudra rajouter au moins deux barreaux à l'échelle de Richter...

- C'est qui celui-là ?

- Quelqu'un qui a été le premier à comprendre qu'il fallait une échelle pour atteindre le sommet des frissons terrestres, et pour les mesurer, il a eu l'idée de monter d'un cran à chaque fois que la secousse était plus forte.

- Mais alors, si on ajoute deux barreaux, ce ne sera plus vraiment l'échelle de Richter ?

- Non, ce sera l'échelle de Raoul ! Fais-moi trembler chéri... Réinvente les secousses, la tectonique des plaques, fissure mon écorce jusqu'à mon noyau, voyage au centre de ma terre mon aventurier d'amour, fais le tour de moi en 80 jours...

- J'arrête l'orage...

- Non, laisse l'orage... Arrête juste les éclairs, qu'on soit dans une délicieuse obscurité...

- Ok, j'appuie là... "fermeture éclair"...

- J'adore quand tu joues avec ce bouton... J'ai remarqué qu'après "fermeture éclair", à chaque fois, l'orage était encore plus intense...

jeudi 23 décembre 2010

Le lauréat


- Simone, pourquoi mettez-vous ces lunettes ?

- Pour mieux voir Monsieur. Et puis pour paraître plus jolie...

- Plus jolie ? Vous avez déjà essayé de les enlever pour mesurer votre sex appeal ?

- A piles ? Ah non Monsieur, chez moi, tout marche au solaire, quand il fait beau, je suis infatigable. Par contre, l'hiver,c'est vrai que je manque d'énergie...



- C'est une expression anglaise, sex appeal, c'est comme si on parlait d'expression sensuelle.

- Ah pardon... Et vous croyez que si j'enlève mes lunettes, on le verra mieux mon sex appeal ?

- Cruel paradoxe hein ? Enlever ses lunettes pour mieux voir... J'en suis sûr oui...







- Pourtant avec mes lunettes, je vous vois venir Monsieur... Et sans elles, j'ai peur d'être bien trop désarmée pour empêcher votre regard de m'atteindre.

- C'est plutôt moi qui devrais avoir peur d'être atteint par cette perfection que je devine ! Faites-moi confiance Simone, je veux juste voir quel degré d'élégance et de beauté naturelle vous cachez derrière ces foyers. Je veux libérer l'étincelle qui allumera tous les feux du monde...

- Je n'ai jamais été qu'une femme aux foyers vous savez, alors devenir subitement aussi indépendante m'inquiète... Bon, je les enlève...




- Vos yeux sont déshabillés depuis dix secondes et déjà mon coeur est nu... Vous irradiez Simone... Vous me brûlez déjà... Remettez-les, je vous en supplie, c'est moi qui verrai mieux, vous m'aveuglez...

- Monsieur, vous me gênez. Ne seriez-vous pas en train d'essayer de me séduire ?

- Votre naïveté épouse mon envie d'insouciance... Je n'essaie pas de vous séduire, j'essaie de contenir difficilement le raz-de-marée que vous provoquez en moi. J'ai tous les voyants dans le rouge ! La magie de vos traits dessine mon bonheur avec une précision divine, vos yeux me crient mille baisers, vos courbes pourraient orner ma chapelle Sixtine, Simone, je suis fou de vous ! Vous êtes ici depuis un an, et pas une journée n'a passé sans que le rêve de ce moment ne vienne m'électriser !




- Vous me trouvez vraiment mieux comme ça Monsieur ?

- Simone... (il déglutit...) Simone... Promettez-moi de ne jamais détacher vos cheveux, de ne jamais enlever ce maquillage qui me préserve encore un peu... Sinon, je jure devant Dieu que je me mets à genoux pour vous demander de devenir ma femme...

- Monsieur.....

- Appelez-moi Raoul.

Une curieuse montre


- Il est mignon le Monsieur...

- Il est pour moi !

- Non pour moi, je l'ai vu tomber en premier !

- Les filles, il est pour nous toutes... On n'a pas vu un homme depuis 18 mois, c'est pas le moment de tirer au sort...

- Mais qu'est-ce que vous faites ??? Où suis-je ??? Rhabillez-vous enfin !!! Cachez ce sein mademoiselle ! Mais qu'est-ce que vous faites toutes nues ???

A ce moment-là, Raoul se prend une claque XXL dans la face Nord, et sort difficilement de son rêve, les yeux encore ronds comme des billes devant le visage de Simone...

- Bah alors mon chéri, tu rêvais ?

- Oh la la... Oui...

- Dis-moi, ça m'avait l'air pas mal, le dernier mot que tu as dit c'est "qu'est-ce que vous faites toutes nues"... Tu me racontes ?

- Hum... Et bien en fait, je déjeunais avec Charles, et pris par la conversation, j'ai oublié l'heure de mon cours de pilotage, alors Charles m'a proposé de m'emmener avec son hélicoptère, et pour faire le malin, je me suis suspendu à l'échelle de cordes sous l'hélico, j'ai voyagé comme ça pendant une demi-heure et...

- Quelle santé mon chéri !

- C'est l'avantage des rêves hein... et puis à un moment, on a survolé un pénitencier, et là, je n'en pouvais plus, j'ai dû lâcher prise, et je suis tombé au beau milieu de la cour... C'était un pénitencier pour femmes. Et tu m'as réveillé au moment où elles se déshabillaient...

- Ooooooh mon amour, je suis désolée...

- Ecoute, finalement je préfère parce que là, franchement, je ne sais pas comment j'aurais fini !

- C'est ton fantasme le pénitencier pour femmes ?

- Ah non, mon fantasme est très précis, rien à voir avec ça.

- Ah oui ? Raconte ! Je suis curieuse !!

- Tu me diras le tien après ?

- Promis.

- Alors voilà... Tu connais cette nouvelle série, "La Quatrième Dimension" ?

- Oui

- Un épisode m'a marqué à vie, il s'appelait "Une curieuse montre". Un homme trouve une montre, et quand il appuie sur le bouton du haut, tout le monde se fige, le monde s'arrête, sauf lui. Il peut alors faire tout ce qu'il veut, et quand il remet le temps en marche, personne n'a évidemment rien senti, rien vu. Pour tout le monde, il n'y a pas eu de coupure, alors que pour lui, la coupure a pu durer une heure, ou douze !

- Je te vois venir mon coquin... Tu arrêterais le temps, et tu déshabillerais toutes les femmes qui te plairaient...

- Mais pas seulement ! J'embrasserais celles qui me plaisent, je soupèserais le coeur de celles qui disent l'avoir gros, je mettrais le banquier à poil, la présentatrice télé toute nue, et je remettrais le temps en route ! J'irais me servir directement à la banque ! J'irais changer la trajectoire du ballon de mon équipe favorite, la feuille de salaire de mes amis, je mettrais du château-lafite à la place de la piquette du bar du coin, je prendrais les places du premier rang au concert d'Elvis et des Beatles, je mettrais du rouge à lèvres sur la bouche du président juste avant son allocution, et je ferais l'amour à toutes les femmes du monde qui m'attirent !

- Calme-toi Raoul... Et ça ne te dérange pas si elles ne bougent pas ?

- Bah non... C'est un peu comme quand tu es fatiguée... Je me concentrerai sur mon plaisir.

- Pardon ??? Comme quand je suis fatiguée ??? Tu plaisantes ou quoi ?? Sans mon énergie, même fatiguée, tu te sentirais comme un gymnaste nonagénaire qui essaie de faire des pompes ! Tu te retrouverais comme si tu avais cassé ta montre, alors que le temps est arrêté, seul !

- C'est comme ça que ça finit d'ailleurs... Et toi ton fantasme ?

- Pas envie ! Plus envie !!! Comme quand je suis fatiguée... je rêve...

- Allez Simone, ça va... Parfois, tu es fatiguée, ça arrive... D'ailleurs, je sais quand tu es fatiguée... Tu es un peu plus dans les graves, tu montes moins haut.

- C'est pour garder une certaine harmonie, le silence pourrait lasser le chef d'orchestre. Tu as déjà vu un chef d'orchestre recevoir du silence en réponse à la danse de sa baguette ?

- Heu... non...

- Voilà. Donc, même quand le chef d'orchestre est fatigué, voire mauvais, puisqu'il a le courage d'agiter sa baguette, il est en droit de recevoir un peu de musique...

- Attends... Tu me trouves fatigué en ce moment ?

- Pas plus que toi. Mais si j'avais ta montre, de temps en temps, je te mettrais bien sur pause et j'irais me faire un thé !

Guidé Par Simone


- Oh regarde ce couple ! Alors ça c'est fort !

- C'est Raoul et son G.P.S. , ils passent ici tous les matins

- Son G.P.S. ?

- "Guidage Par Simone". C'est un système de navigation embarqué qui permet au conducteur de ne s'occuper que de la route. Simone lui lit la carte, elle lui annonce les directions, les dangers éventuels, et Raoul n'a plus qu'à suivre.

- On dirait qu'ils ont mis le pilote automatique là...

- Quand ils connaissent la route par coeur, ils en profitent tous les deux pour recharger les batteries. Parce que ça ne paraît pas comme ça, mais que ce soit pour le cycliste, qui doit redoubler d'effort, ou pour Simone, qui ne doit jamais faire d'erreur, ce système demande une énergie incroyable !

mardi 21 décembre 2010

Room service






- Je t'ai en moi Simone, chevillée au corps...

- Voyons cela...

- Arrête... Tu as mis les talons que j'adore en plus...

- Si tu savais ce qu'il y avait dedans...

- Quoi ?

- Mon estomac... J'ai faim de toi comme jamais Raoul...

- Je demande l'addition ?

- Oui, et multiplie les pas jusqu'à la chambre, divise les soldats de ma morale, soustrais toute étoffe qui voudrait m'habiller encore...

- On dîne donc dans la chambre ?

- Entrée, plat, dessert...

- Tu as un talon fou pour me rendre gourmand mon amour...

Dancing Queen


- Pourriez-vous me rendre mon chapeau Madame s'il vous plaît ?

- Venez le chercher mon cher. Mon cher... ?

- Gene

- Enchantée Gene, je m'appelle Simone.

- Danseuse étoile ?

- Si on me décroche la lune, ça m'arrive...

- Votre souplesse m'impressionne Madame !

- A force de travailler entre l'Europe et l'Amérique, je ne cesse de parfaire mon grand écart.

- Quelle chance a l'Atlantique...

- Pardon ?

- Rien, je pensais tout haut. Je me disais que seul un océan pourrait épuiser ma soif de vous connaître...

- Vous m'en voyez flattée

- J'aimerais danser pour vous Simone

- Avec grand plaisir... Mais d'abord, attrapez ce chapeau. Montrez-moi votre tonicité mon cher...

- Simone, enfin...

- Faites-moi pétiller le regard, Gene... Offrez-moi l'ivresse... Osez le Gene tonique !

Faye demande des comptes






- C'était qui cette fille avec toi aux Oscars, Steve ?

- Une amie française.

- La fameuse Simone...

- Oui, Simone. Je l'ai invitée à la cérémonie c'est tout, c'était une promesse à une amie, ne va pas chercher l'idylle à quatorze heures...

- Mais elle sort d'où cette Simone ? Tout le monde m'en parle depuis lundi, et je te signale que les rumeurs vont bon train ! Forcément, on dit que cette française est ta maîtresse...

- Ma maîtresse ?  Chérie, même si Simone a de très jolis bas avec des papillons sur les chevilles, même si elle me demande sans arrêt de lui faire la tour infernale, même si elle a fait forte impression sur scène, tu restes ma seule faille...

samedi 18 décembre 2010

La grimace du vieux singe


Alors que les prises se succèdent avec le gorille seul en scène, Simone tue le temps en descendant les mojitos préparés par le régisseur pour toute l'équipe du film. Quand son tour vient, pour la scène finale, elle n'est plus vraiment dans son état normal. L'acteur Victor Houtent, qui avait la lourde tâche de porter le non moins lourd costume de King Kong, décide de ramener Simone au réalisateur, après quinze prises infructueuses...

- Bon, je te la ramène parce que moi j'en peux plus là...

- Qu'est-ce qui se se passe ?

- Bah il se passe qu'elle est complètement pétée ! Elle n'arrête pas de me tirer les poils et me demande de lui faire la tour infernale !

- Simone... C'est vrai ?

Simone :

- Laurent...... fais-moi la tour infernaaaaaleuuuuuu.... s'il te plaît.... allez....

Victor :

- Ah oui, et elle m'appelle Laurent depuis une heure, c'est insupportable !

- Pourquoi elle t'appelle Laurent ?

- A cause de mon nom...

- Quoi ton nom ?

- Houtent...

- Et al.... oh... ah oui forcément....

Le réalisateur réprime alors difficilement un sourire...

Victor :

- Ah bah merci, ça fait plaisir !

- Ce n'est pas ça Victor, mais forcément, avec un nom pareil, le contexte est délicat...

- Quoi... Et tu le découvres seulement maintenant mon nom ???

- Non, mais je découvre seulement maintenant qu'avec Laurent comme prénom il prend une autre dimension ! Mais comment as-tu osé faire ce casting avec un nom pareil sans te douter que la vanne était possible ??

Simone :

- Laurent !!! Fais-moi la tour infernaaaaaaale !!!!

Victor :

- Ah d'accord ! Alors on me donne une actrice qui ne peut pas placer trois mots à la suite en quinze prises, et toi, tu ne trouves rien d'autre qu'à cautionner ses conneries ? Je démissionne !

Simone, presque sérieuse, bondit soudainement sur le sol, se tient face au gorille et lance :

- Ho Laurent, tu vas te calmer sur mes prestations parce que moi ça fait trois plombes que je t'attends pour tourner la scène finale, et si t'avais su être bon dès le début, j'aurais pas été obligée de noyer ma patience dans le mojito ! Alors tu baisses d'un ton parce que sinon moi, je te rase intégralement pendant ton sommeil et je peux te dire que tu seras très très loin de l'homo erectus !!!

Et elle éclate de rire... : ouuuuuuuh... ahahahahahaaaaaaaa... j'imagine la scène !

Le réalisateur, qui voit le regard de Victor devenir brûlant :

- Attends Victor...

- Y'a pas de Victor ! Y'a plus de Victor ! Toi, tu me vouvoies maintenant, et demain, j'exige une autre actrice sinon tu peux te chercher un autre gorille !

- Monsieur Kong...

Simone, déjà en plein fou rire, en remet une couche :

- Monsieur Kong !!! aaaaaaahahahaaaa !!! aaaaaaaahahaaaahhhhhaaaa   ouuuuuuuuuuhhouhouohohouuh !!!!

Le réalisateur :

- Bon, demain, je te...

- Je vous !

- Pardon... Demain, je vous promets une autre actrice.

- Qui ? Je veux un nom !

- Celle qui était déjà mon second choix, elle est d'accord, Jessica Lange.

- Je ne l'aime pas trop mais peu importe finalement, je préfère toujours Lange au démon !

Simone, se rapproche de Victor, les yeux dans les yeux :

Monsieur Kong, je me demandais... Vous n'êtes pas un peu trop gros pour le rôle ?

- Pardon ?

- Je vous demande si vous n'êtes pas un peu trop empâté pour ce rôle...

- Pourquoi ?

- Pour rien, mais plus je vous regarde, et plus je trouve que vous êtes vraiment un gros Kong...

Et Simone de repartir dans un fou rire absolument incontrôlable, avant d'achever sa proie :

- Bah t'en fais une tête ! Une vraie tête de Kong ! Remarque, ça explique que tu te sois imposé pour le rôle ! Allez, salut Laurent, mes hommages à Madame Houtent, moi, je vais regarder les lumières de la ville...

Derrière la fenêtre


- Alors c'est là que je vais tourner la scène finale ?

- Oui ma chère. En haut de l'Empire State Building. King Kong vous prendra dans sa main, puis vous déposera doucement, avant de monter au sommet et d'essayer d'attraper les pilotes d'élite qui essaieront de le tuer.

- Si vous voulez, je peux le briefer King Kong pour attraper les pilotes, c'est ma spécialité... Steve McQueen sera là ?

- Non Simone... Je crois que ça fait dix fois que vous me posez la question depuis ce matin, et dix fois je vous ai répondu qu'il s'était engagé dans la marine suite à votre petit laïus aux Oscars...

- Dommage. Il aurait été parfait pour me déposer en haut d'une tour infernale...

- Mais il est un peu moins velu que précisé dans le scénario. Et un peu plus petit aussi.

- Certes. Mais pour vous emmener au sommet, c'est un as !

- Regardez cette ville Simone, regardez comme elle est belle...

- Oui, extraordinaire... Et toutes ces fenêtres... Vous imaginez toutes les vies qui se déroulent derrière ces fenêtres ? Toutes les histoires incroyables qu'on ne connaîtra jamais ? Tous les secrets enfouis ? Les familles, le passé des uns, l'avenir des autres, les couples qui se font, qui se défont... J'ai toujours aimé imaginer la vie des gens... Oui, elle est belle cette ville, unique.

- Pourquoi ne pas venir vous y installer ?

- Ah non, trop de problèmes.

- Pas plus qu'ailleurs !

- Ah pardon, mais dans une ville qui se fait appeler la grosse pomme, il y a forcément beaucoup de pépins !

C'est Simone qui invite


Quand un bel homme la regarde, Simone tente difficilement de contenir le sourire gourmand qu'elle voudrait lui offrir, même si le regard de cet homme est à la limite de la déshabiller. Quand un homme vide de tout, ou même seulement banal, la regarde, Simone tente difficilement de contenir l'énorme baffe gourmande qu'elle voudrait lui offrir, même si le regard de cette homme ne faisait que se poser discrètement sur cette délicieuse invitation au désir.

Simone invite, certes, mais pas n'importe qui. Et si elle adore sentir le regard de celui qui saurait la lire, elle ne supporte aucun de ceux pour lesquels elle ne s'est pas préparée.

jeudi 16 décembre 2010

Octobre rouge


Dans une chambre d'hôtel, à Saint-Petersbourg, à l'automne 1917 :

- Quel temps fait-il aujourd'hui Simone ?

- Rouge...

- Encore ?

- Oui. Encore et toujours. Si ça continue comme ça, les livres d'histoire se souviendront plus de la couleur de ce mois d'octobre que des noms des révolutionnaires...

- Bon... Mais il faudrait quand même penser à sortir là... Tu ne crois pas ?

- Mais il y a deux mètres de neige !

- Et si on prenait les skis ?

- Et l'armée est partout !

- Tu as raison... Trotsky tue le ski... Alors on remets ça ?

- Raoul... J'ai faim... Et si on mangeait plutôt ?

-  Encore ? Chérie... Si le rouge dehors est violent, le rouge d'ici est tout en douceur... et il invite le taureau que tu vois à faire vibrer l'arène...

- Bon, Raoul, tu ne vas pas me faire le coup du taureau dans l'arène à chaque fois ! J'adore ta façon de jouer avec la langue, mais parfois les meilleures choses ont une fin ! Et aux jeux de mots, là, tout de suite, je préfère les jeux de bouche, tu pardonneras donc aisément à ta reine de préférer contenter ses papilles plutôt que son roi !

- Mais c'est dingue d'être aussi gourmande !!!

- Raoul, si je ne mange pas immédiatement, la révolution d'octobre ne sera rien à côté de ma révolution de palais !


A ce moment-là, on frappe à la porte. Une grosse voix demande s'il y a quelqu'un.

Raoul, apeuré, en chuchotant :


- Voilà ! Tu vois ? Tu as encore parlé trop fort... C'est l'armée, c'est sûr...

- Allez, on débarrasse le plancher !

- Mais comment tu veux faire ?? On est au quatrième !!

- Mais qui te parle de partir ? Je te dis qu'on débarrasse, y'en a partout là ! J'aime bien que ce soit propre quand je reçois !

- Mais Simone, c'est sûr que c'est l'armée ! Il a une voix de gradé le mec là !

- Et voilà, dès qu'on parle ménage, y'a plus personne ! Dis donc, ça t'a plu quand j'étais en infirmière mardi soir ?

- Euh oui...

- Alors tu vas pas me faire croire que t'as peur de l'uniforme maintenant ! Allez, au boulot, vite ! Je vais ouvrir...

- Dans cette tenue ?

- Il faut bien qu'ils comprennent qu'ils nous dérangent non ?

- Et tu n'as pas d'autres moyens que leur ouvrir avec cette nuisette transparente qui mettrait Lenine au garde à vous ?

- Je mettrais bien les skis mais ils ne me croiront jamais si je leur dis que c'est la raison pour laquelle j'ai mis du temps à ouvrir...

mercredi 15 décembre 2010

Embouteillages et plein des sens


- Oh chérie, c'est incroyable ces bouteilles ! Où tu as trouvé ça ?

- Chez le caviste, c'est fort hein ?

- Extraordinaire... Et on fête quoi ?

- On va dîner chez Delphine et Olivier.

- Ah mais attends, si on offre ces bouteilles, il faut être sûrs qu'elles soient dignes de nous ! Tu as les fiches techniques ?

- Oui, je les ai vues quelque part... Ah, voilà.

- Alors... Château Simone... "Le vin présente une robe rouge rubis aux reflets clairs"

- Exactement ce que je comptais mettre !

- "Le nez révèle un fruité mûr et complexe, de la race s'en dégage également. Des arômes de pruneau, de résine, de cannelle, de truffe et d'épices forment un ensemble complexe complété par de fines notes boisées"

- Un fruité mûr et complexe ? Comment je dois le prendre ça ? Qui a écrit ces conneries ? Un arôme de truffe ? Bon, Raoul, on prend du cognac...

- "La bouche se montre souple en attaque, harmonieuse elle dévoile de la rondeur et de l'élégance en évolution"

- Ah... là on est d'accord. Hein, Raoul ? On est d'accord ? C'est vrai que ma bouche est plutôt souple en attaque... Et l'élégance, tu me l'as toujours dit...

- Simone...

- Quoi ?

- Je te vois venir... Tu me promets que tu ne liras pas ces fiches là-bas ?

- Promis

- Simone, aucune allusion à ces notes !

- Oui, promis chéri ! Continue...

- "Les tanins sont soyeux, l'équilibre entre l'alcool, le fruit et la matière est plaisant. Un vin qui dévoile déjà tous ses charmes"

- Tout à fait moi ! On la prend.

- Alors, Château Rahoul... Tu me lis la fiche chérie ?

- Bien sûr... alors... "Vin onctueux dans sa texture mais strict dans son tanin, d'un excellent style"

- T'en penses quoi ?

- Très vrai.

- Je suis strict dans mon tanin ?

- Autant que tu es onctueux dans ta texture. Mais quel style surtout mon chéri...

- Bon...

- "Floral, fruits rouges, bouche assez boisée mais douce, délicate, bon équilibre, assez frais, bien fruité en finale, vin séducteur, extraction maîtrisée"  tu m'étonnes qu'elle est maîtrisée... faut voir qui c'est la maîtresse du château aussi !

- Simone...

- Pardon.

- "Il est vieilli en fût de chêne, un chêne qui a été préalablement abattu à la hache dans les forêts voisines, respectant les parfums du terroir"

- Ah c'est là que j'interviendrai. Je dirai que le vin de cette bouteille a vieilli dans un fût provenant d'un chêne qui est mort de vieillesse, tombé en douceur, sans hache.

- Pourquoi tu dirais un truc pareil ?

- Parce que le Château Rahoul sans hache, là, c'est vraiment moi.

- Oh... joli mon amour...

- Ok, je résume, le Simone est un vin élégant qui dévoile tous ses charmes et le Rahoul en est un qui allie excellent style et séduction évidente. C'est ça ?

- Absolument.

- Mets ton manteau, je fais tourner la voiture...

mardi 14 décembre 2010

L'occasion fait le marron






- Ta laaaaaaaa !

- Qu'est-ce que c'est que ça ? Qui est ce type ?

- Raoul, tu m'as toujours dit que je ne devais pas ouvrir à un inconnu, et ce matin, à 11 heures, ce monsieur est venu frapper à notre porte. Sauf qu'il n'a pas arrêté de frapper, et moi, je ne peux pas lire sereinement quand on frappe tout le temps à ma porte, alors j'ai ouvert.

- Tu as ouvert dans cette tenue ?

- On ne sait jamais, ça aurait pu être le plombier.

- Parce que tu recevrais le plombier en maillot de bain toi ???

- On n'est jamais trop prudent Raoul ! Une fuite mal maîtrisée, un tuyau qui explose, et je suis bonne pour retirer le chemisier, tu ne voudrais quand même pas que je retire mon chemisier en présence du plombier ?

- Non, t'as raison, le maillot de bain c'est plus sûr... Et puis ça permet une certaine sérénité, pour lui, pour moi, bref... Alors qui est cet homme Simone ? Mais attends... à quelle heure tu dis qu'il est venu ?

- A 11 heures.

- A 11heures ? Mais ce n'est pas un inconnu, c'est Monsieur Perrin, l'inspecteur des impôts !!! Oh Monsieur Perrin, je suis confus, excusez-nous, je... vous prendrez bien un petit quelque chose ?

- Oui, ma chemise. Merci. Et mon pantalon.

- Simone, Monsieur Perrin devait venir à 11h pour que tu lui remettes des extraits de compte !! Tu as oublié ???

- Mais pas du tout ! Mais comme tu m'as dit hier qu'à la première occasion, il fallait serrer le budget, quand l'occasion s'est présentée, j'ai serré !

dimanche 12 décembre 2010

Le saut de l'ange


- Bon, Simone, deux choses :

Premièrement : Le saut de l'ange n'a jamais aussi bien porté son nom qu'aujourd'hui. En prenant mon impulsion depuis la lune, la durée du vol est telle que je pouvais presque sentir mes ailes pousser dans le dos.

- Mais pourquoi as-tu sauté de si haut ?

- Justement pour prendre le temps de voler, et surtout pour mesurer les années-lumière qui séparent les hommes de leur rêve d'amour absolu. Alors que certains ne connaîtront que des étoiles filantes avant de se consumer avec elles, moi, j'avais la chance de savoir, avant de sauter, qu'au bout de ma voie lactée m'attendait mon atmosphère, mon oxygène, mon rêve absolu.

- Atmosphère ? Atmosphère ? Est-ce que j'ai une gueule d'atmosphère ? Dis donc Raoul, si t'as fait tout ce voyage pour être désagréable, tu peux aller te prendre une chambre à l'hôtel du Nord !

- Pardon ?

- Je plaisante mon amour... Je suis très touchée par ce saut que tu as fait pour moi, et sache que ton statut angélique ne se discute pas, tu es le marquis des anges... Bon, mais ça va sinon ? Parce que j'adore quand tu as le nez dans mon gazon mais là, ça fait quand même trois heures que tu n'as pas bougé !

- Deuxièmement : Vu de là-haut, aucune discussion possible, la Terre est ronde. Mais depuis trois heures, j'ai un vieux doute. Parce que là, tout de suite, elle me paraît profondément plate.

Toute retournée



Simone, exténuée :

- Tu sais chéri...

Raoul, qu'on entend avoir du mal à récupérer son souffle :

- Quoi... ?

- Quand tu m'as parlé de ta surprise, et que tu m'as dit qu'elle commencerait par un roulement de tambour, je t'avoue que je m'attendais à tout sauf à ça... Quelle folie !

- Tu n'as pas aimé le mode essorage ?

- Ah si, j'ai adoré ! Mais là, je voudrais un peu de tendresse, j'ai besoin d'adoucissant, sinon je vais sortir un peu froissée !

- Et si on se faisait un petit programme rapide, genre rinçage, juste pour le plaisir ?

- Ah non, non, Raoul, toi tout seul si tu veux mais moi, là, je suis lessivée...

Simone au sommet de son art


- Mais comment fais-tu pour sortir de si belles notes de mon corps ? Tu arrives à jouer une musique dont je ne me croyais pas capable... Elle me tutoie l'échine...

- Quand on a un Stradivarius entre les mains, on tutoie les cîmes...

vendredi 10 décembre 2010

Horizons lointains


- Raoul... J'ai besoin de te parler...

- Oui... je t'écoute chérie.

- Voilà... Ne m'interromps pas s'il te plaît, ce n'est pas facile...

- D'accord.

- Ces derniers temps, je sais que j'ai été difficile, je t'en ai fait voir de toutes les couleurs, les Oscars, Steve, le petit Paul au cinéma, bref. J'ai du mal à trouver mon équilibre en ce moment Raoul. Mais je veux que tu saches que cela n'a rien à voir avec toi. C'est juste que j'ai besoin d'aller chercher l'horizon, et de le rapprocher de mes yeux orphelins. Il me semble loin l'horizon que je regardais, petite, sur la plage de l'Ile d'Oléron. Il était rempli de rêves et de turquoise, et je me disais que grandir, c'était s'en approcher chaque jour un peu plus. Et aujourd'hui, j'ai parfois la sensation du contraire, la sensation qu'il s'éloigne, et se teinte du gris de l'évolution du monde...

- Tu déprimes chérie...

- Non, je suis lucide, j'en ai peur, lucide sur l'Homme, le nature j'ai toujours confiance en elle, mais puisque l'Homme en a fait son jouet... Sauf toi. Toi, tu respectes la nature du monde autant que la mienne. Toi, tu es celui qui toujours me comprend, tu es mon horizon immobile et pourtant si proche que je pourrais l'embrasser, et d'ailleurs, puisque je t'embrasse... oui, c'est ça... Tu es l'homme de ma vie parce que lorsque je t'embrasse, j'embrasse mes rêves de bonheur, j'embrasse mon insouciance prometteuse...

- Ma chérie...

- Tu es celui qui sait m'enlever ces grises pensées pour les arroser de bleu, quand tu me dis "décide d'être heureuse", tu me bouleverses, à chaque fois, parce que ça marche. Pourtant, il m'arrive parfois de ne pas me sentir digne de ton amour. Je me sens comme une promesse non tenue, et pas qu'avec toi. Quand j'apparais quelque part, on m'adore, immédiatement, quand je travaille pour quelqu'un, on me compare à un soleil qui vient réchauffer les bureaux autant que les chiffres, quand je parle ou quand j'écris, on dit mon verbe rare, et puis je deviens cette promesse qui n'est pas tenue...

- Pourquoi dis-tu une chose pareille ?

- Parce que je deviens un soleil qui brûle, trop présent, trop entier, parce que le fait de ne jamais laisser indifférente m'enferme dans une enveloppe prétentieuse qui nourrit les jalouses, parce que mon verbe devient trop ceci, ou trop cela et qu'on se demande si on ne vivait pas mieux avant lui, parce que...

- Simone, tu es rare. Jamais je ne laisserai ces pensées fleurir dans ton esprit. Laisse-toi une chance d'être celle que tu es, laisse-toi une chance d'être aimée pour ce que tu es, sans penser une seule seconde que les mauvais esprits ont raison. Tu es belle, tu es vivante, le dessin de tes courbes est aussi fin que ton esprit, tu es mordante, tu es la femme dont je rêve, et dont probablement tous les hommes rêvent. Tu provoqueras sans cesse passion et jalousie, tu seras toujours dans les extrêmes, parce que tu es tout sauf une femme banale. Mais ces extrêmes ne pourront jamais t'enfermer. Parce que de l'enveloppe ou de la lettre, si on ne sait qui est la plus belle, ce que tout le monde sait, c'est que tu es un courrier divin, et que la chance de ma vie a été et sera pour l'éternité que ce soit mon adresse qui ait été écrite sur cette enveloppe. Simone, tu as une beauté infinie, aussi infinie que ta grandeur d'âme.

- Et alors ?

- Alors l'infini n'a pas d'extrêmes...

- Raoul...

- Oui mon amour ?

- C'est la plus belle déclaration d'amour jamais faite à une femme. Et je mesure la chance d'être celle-là...  Tu sais pourquoi je t'aime ?

- Dis-moi.

- Parce que tu es le seul à savoir souffler sur mes braises quand mon feu perd de sa danse. Je t'aime Raoul, parce que chaque matin du monde, tu repeins ma flamme en rose...

jeudi 9 décembre 2010

Les feux de la tour


- Du haut de ses 324 mètres, la plus grande dame de Paris contemple la plus belle...

- J'adore quand tu m'embrasses entre ses jambes...

- Simone !

- Bah quoi ? On est bien entre ses jambes là, non ? Oh, et puis arrête de faire ton premier communiant Raoul, parce qu'hier soir, du haut de ton mètre 78, tu ne me contemplais pas avec un regard très catholique !

- Peut-être, mais il y a du monde là...

- Tu m'offriras un appartement avec vue sur la Tour Eiffel un jour ?

- Chérie... tu sais ce que ça coûte ?

Raoul prend alors un air ironique avant d'ajouter :

- Il me faudrait piloter sur des milliers de courbes pour t'offrir un tel cadeau...

Simone, dans un sourire innocent, regardant le ciel :

- Bon, ce n'est pas grave, je demanderai à un autre pilote, je suis sûr qu'il saura faire des miennes sa seule richesse...

- Simone...

- ... oui... je suis sûre que quelqu'un saura un jour m'offrir l'écrin que je mérite...

- Arrête Simone, j'ai horreur de ce petit jeu ! Si tu as besoin de preuve matérielle pour mesurer mon amour, alors tu peux aller danser chez Castel dès ce soir et trouver un vieux et richissime dandy !

Simone se met à chantonner, sans quitter ce sourire léger :

- Au pays... de Dandy... comme dans tous les pays... on s'amuse, on pleure, on rit...

- Tu t'en fous de ce que je te dis ?

- Mais je plaisante Raoul ! J'adore notre petite maison à la campagne...
C'est juste que, quand je suis sous cette dame de fer, je me sens orgasmique à chaque fois, sa grandeur décuple mes frissons, sa sensualité invite à la naissance de la mienne, alors imagine si je me réveillais tous les matins près d'elle, et de toi, je te...

- Simone, chuchote !!!

- Mais je chuchote ! Tu chipotes là... Dis plutôt que ça te gêne d'avoir froid aux yeux, et que tu préfèrerais avoir l'iris brûlant, comme ta femme...

- Simone ! C'est pas possible ! Tu ne chuchotes pas là ! Regarde, tout le monde se retourne !

- rrrrrooooo.... bon, allez, puisque tu fais ta tête de l'art, discutons de l'art... Donc... 324 mètres tu dis ?

- Oui, elle a d'abord fait 312 mètres avec son drapeau, puis 318, et enfin 324 mètres avec son antenne.

- Un peu comme toi mon chéri... Tu es plus grand avec ton antenne qu'avec ton drapeau...

- Simoooone !!!

mercredi 8 décembre 2010

Here, there and everywhere


- Dis donc mon petit, on peut avoir un Perrier citron ou c'est trop demander ?

- Déjà vous ne m'appelez pas "mon petit", mon grand...

- Pardon... vous êtes ?

- Simone. Et je ne suis pas hôtesse de l'air. Je voyage.

- Oh pardon... Pourtant l'uniforme...

- Oui, je voyage toujours avec l'uniforme de la compagnie que je prends. Comme ça, je ne paie jamais... Mais chuuuuut... Et vous ? Qui êtes-vous ?

- John... Mais qu'est-ce que vous faites dans cet avion ? C'est quand même un vol très spécial... ?

- J'en ai été la première étonnée figurez-vous ! J'ai vu un panneau "Stairway to Heaven" sur cet avion, je me suis dit que c'était pour une destination paradisiaque et que ce serait mieux que d'y aller en zeppelin. Alors je suis montée. Ce n'est qu'en arrivant, et en voyant Elvis discuter avec Bob Marley sur le tarmac que j'ai compris qu'on allait vraiment au Paradis. Et vous êtes John... John comment ?

- John Lennon.

- Comme le chanteur ?

- Voilà...

- Mais vous êtes très jeune !

- Oui, l'air est assez bon là-bas, et les repas sont très équilibrés, et puis de toutes façons, même quand on mange gras, sucré, salé, quand on boit du bon vin tous les jours, on ne grossit jamais, on ne vieillit pas, le paradis quoi... Du coup, on rajeunit !

- Mais que venez-vous faire chez nous ?

- Je reviens fêter les 30 ans de ma mort.

- 30 ans déjà ???

- Oui... ça passe vite hein ?

- A qui le dites-vous... Et vous, vous êtes ?

- Harrison. George Harrison.

- Et vous connaissez du monde en bas ?

- Oui, Paul et Ringo nous attendent.

- Ooooh Ringo... Mais je ne savais pas que vous connaissiez Ringo ! J'adore leurs chansons avec Sheila !

- Sheila ?

- Vous ne parlez pas du Ringo de Sheila ?

- Ah non, je parle du Ringo des Beatles... Richard Starkey, dit Ringo Starr.

- Le père de Joey ?

- Comment vous savez ça vous ? C'était sensé être le secret le mieux gardé de la planète !

- J'ai croisé sa maman au salon de coiffure. Une belle rasta avec une dent en or... Mais dites-moi Monsieur Lennon, comment est-ce arrivé ?

- Quoi ?

- Votre... disparition...

- Je sortais de chez moi, j'allais acheter des croissants pour Yoko, et un déséquilibré qui portait son arme à droite s'est avancé vers moi. J'ai voulu l'aider, lui proposer de retrouver son équilibre, et tout est allé très vite, j'ai passé l'arme à gauche, et je me suis retrouvé où vous savez.

- Comme quoi, on veut aider quelqu'un qui va tomber, et on tombe à sa place...

- Simone, vous étiez déjà venue chez nous ?

- Oui, je suis mariée à un homme formidable, Raoul. Il est pilote, pilote de mon bonheur, et ça fait des années qu'il m'emmène au paradis...

mardi 7 décembre 2010

Simone débarque


- Vous ne pouvez pas rester là Monsieur...

- Tous les ans, le 6 juin, c'est plage avec Simone, c'est comme ça et pas autrement ! Et c'est pas vos canons qui vont me faire bouger de MA plage ! D'ailleurs, vous devriez partir parce que ma femme va arriver. Et quand elle va voir votre cinéma là, elle va vous souffler dans les bronches à un point que vous aurez l'impression que la guerre a commencé aujourd'hui !

- Monsieur, ce n'est pas raisonnable du tout ! Nous sommes quand même les allemands, et vous n'êtes pas en position de négocier ! On attend un débarquement d'une minute à l'autre, alors vous bougez ou on vous fait bouger à coups de fusil d'assaut et de grenades offensives !

- Ah c'est pour ça que vous êtes déguisés en américains ? Vous croyez que ça va marcher votre truc ? Il ne faudra pas dire un mot alors parce que vu votre accent, vous allez vous griller immédiatement...

- Qu'est-ce qu'il a notre accent ?

- Qu'est-ce qu'il a ? Mais il est super moche, voilà ce qu'il a ! L'allemand c'est horrible, c'est rugueux, aucune musicalité, c'est guttural, on dirait que vous êtes malades quand vous parlez ! Moi j'ai fait espagnol, parce qu'une langue avec que des consonnes ça ne m'intéresse pas !

- Bon, j'appelle mon chef.

- Et ben appelle-le ton chef ! Et dis-lui que son service de renseignement ne vaut pas un clou, ma cousine est américaine, et tout le monde sait que les GI vont arriver par l'ouest, à La Rochelle !

-  ... oui je voudrais parler au moustachu... 

    ... oui, salut Adolf, bon, dis-moi, y'a un gars qui ne veut pas bouger là... en plus il dit des trucs racistes sur notre langue, tu te rends compte du manque de discernement ? ... oui, c'est ce que je voulais faire, mais il dit que les américains vont arriver par La Rochelle...  Sa cousine... oui...

- Demande-lui si il est content de sa moustache !

-  ... non, il ne veut pas bouger... il dit que sa femme va débarquer et que ça va être autre chose que les américains... oui, je lui demande... Comment s'appelle votre femme ?

- Simone

- ... elle s'appelle Simone... Pardon ? Maintenant ? Mais Adolf... Ca fait douze jours qu'on... d'accord, d'accord...

Le gradé raccroche et hurle alors à ses troupes :

- On ramasse tout, on va tous à La Rochelle ! Allez, allez, allez !!!

Raoul :

- Voiiiiiilà... ça ce sont mes petits soldats... et ratissez-bien derrière vous parce que Simone a horreur des traces sur son sable...

Raoul affiche complet


- Raoul, tu peux m'expliquer pourquoi c'était écrit "complet" à l'entrée ?

- Je ne sais pas, une épidémie de grippe ? Une marelle géante improvisée dans  la rue ? La caissière qui a commencé un striptease dans sa cabine ? Va savoir...

- Raoul...

- J'ai acheté toutes les places, voilà.

- Mais pourquoi ???

- Je suis plus tranquille, bizarrement ! Mais si tu n'arrives pas à regarder un film sans une main sur ta cuisse, je peux m'approcher si tu veux...

- Très drôle ! Si tu fais ça à chaque fois que je me fais un film, ça va te coûter cher à la fin...

- Tant que tu te fais qu'un film...

- Alors écoute-moi bien mon gros jaloux ! Si tu me fais ton cinéma la prochaine fois que je me fais un film, je te jure que je te fais une séance qui va tellement afficher complet qu'il y aura du monde au balcon pour connaître les dessous de l'histoire !

- Tu me fais quoi là ? Tu retournes la situation ?

- Je ne retourne rien du tout, je t'explique que le jeune Paul est juste un peu amoureux d'une femme plus mûre, ça ne t'est jamais arrivé toi ? Et il fantasme comme un dingue ! Et devant sa poésie, très jolie au demeurant, je lui ai offert un moment de plaisir sur une surface totalement inoffensive ! Alors maintenant, si tu prends un crédit parce que tu as peur que je ne retourne pas QUE les situations au cinéma, va immédiatement voir la caissière dans sa cabine parce que c'est probablement la dernière femme nue que tu vas voir pendant un moment !!!

Aurore boréale


- Simone, c'est fou mais à chaque fois que tu es là, le ciel change...

- Je ne te le fais pas dire mon amour, mais tu y es aussi pour quelque chose...

- Non, non, je ne parlais pas de la lune, d'ailleurs, rien n'a changé puisque je l'ai remise à sa place. Non, je parlais de l'aurore boréale... Elle n'apparaît que lorsque tu es là, c'est fou...

- Une aurore comment ?

- Une aurore boréale. C'est un phénomène lumineux qui se produit dans les endroits polaires.

- Les endroits polaires ? Mais on est sur les bords de Seine là. Alors pourquoi l'aurore est-elle boréale ?

- Parce que tu le vaux bien Simone...

Les ailes de la liberté



- Qui c'est ?

- C'est le français, le mari de Simone.

- Simone, celle des Oscars ?

- Oui. Depuis qu'il sait que sa femme admire Steve McQueen, il a décidé de devenir le meilleur pilote de courbes du monde, mais dans les airs.

- Mais pour battre Steve dans les courbes, il faut surtout savoir piloter sur des courbes fermes

- ça dépend, Simone a dit à son mari qu'elle l'aimait parce qu'il savait lui laisser sa liberté mais qu'elle avait aussi besoin d'un pilotage d'exception pour cultiver son admiration.

- Et alors ?

- Alors Raoul a eu une idée...

- Raoul c'est lui ?

- Oui, c'est le mari de Simone. Raoul s'est dit que s'il arrivait à piloter aussi bien que Steve dans les courbes, il aurait toute l'admiration de sa femme, mais si, en plus, il arrivait à savoir piloter autour de la liberté sans jamais y toucher, il aurait tout son amour. C'est pourquoi il s'entraîne ici...

- Ils sont forts ces français...

samedi 4 décembre 2010

Simone, qu'on voit danser, le long des golfes clairs



Simone avait rendez-vous avec Raoul pour un petit-déjeuner sous les oliviers. Mais avant de le rejoindre, elle devait passer chercher sa soeur et son mari pour les déposer en ville. Paulette, derrière sa fenêtre, avait dit à Simone :

"On arrive, Charles ne trouve plus sa pochette en soie ! On arrive tout de suite..."

Simone attendait Paulette. Et Paulette attendait Charles, comme toujours.

Le soleil avait rendez-vous avec la lune, et Charles traînait...

Exercice de style


- Qui est cet homme ?

- Raoul

- Et pourquoi s'adonne-t-il à ce curieux exercice ?

- Et bien ça fait des années que sa femme le fait tourner en barrique... et il y a pris goût...


vendredi 3 décembre 2010

Adieu poulet


- Il va falloir que tu m'expliques ce que tu fous dans mon bureau à cette heure-ci...

- Je me suis dit que tu ne voulais pas manger ton poulet tout seul...

- C'était bien ton séminaire ? Pas trop de bruit dans l'hôtel ?

- A part le voisin du dessous qui était infernal, ça s'est bien passé oui...

- Arrête de me prendre pour un con Simone !

- Pourquoi tu dis ça ?

- Pourquoi je dis ça ??? Parce qu'à moins que les ricains aient décidé cette année de remettre les Oscars à Château-Thierry, t'étais pas chez ta soeur lundi soir !

- Ah ça ! Tu regardes la télé maintenant toi ?

- Non, toujours pas, mais figure-toi que le village entier est venu sonner pour me raconter tes aventures ! Et on a regardé la fin en direct !

- Donc tu as vu que je me suis adressé à toi et que je ne mentais pas !

- Ah ça, tu ne mentais pas non ! Parlons-en ! C'est quoi cette histoire de tour infernale ? Et l'autre Warren Beatty là, je suis ravi que le monde entier sache qu'il a touché 20 % du corps de ma femme !

- rrrooooo... je rigolais...

- Comme je suis ravi que le monde entier sache que je mange le poulet froid que tu me laisses dans le frigo pendant que madaaaaame joue les divas dans la cité des anges !

- Bon, écoute Raoul, j'ai rencontré Steve McQueen à l'hôtel, complètement par hasard, on a sympathisé et il m'a proposé de l'accompagner aux Oscars, je ne pouvais pas dire non !

- T'aurais pu appeler !

- Pas eu le temps ! Et puis je me suis dit que ça ferait une jolie surprise !

- Tu m'étonnes Simone ! La jolie surprise, c'est ton Warren qui va l'avoir, quand il lui restera 20 % des doigts qui se sont promené sur toi ! Et l'autre là, le pilote, je te promets que s'il fait Le Mans cette année je vais lui apprendre à faire les rillettes !

- Ah tu sais pour Le Mans ? Oui, enfin, Steve et les rillettes, ça ne va pas hyper bien ensemble...

- ...et c'est quoi ces bleus aux genoux ?

- C'est rien, deux brutes qui n'ont pas aimé le petit portrait au vitriol que j'ai fait de leur Amérique...

- T'as leurs noms ?

- Jack et Terence. Mais tu ne les retrouveras jamais, ils sont très loin d'ici.

- Quand on touche à ma femme, je pourrais aller jusqu'à Vladivostok !

- Tiens c'est marrant que tu dises ça... Mon Raoul, j'adore comme tu m'aimes...

- T'es vraiment une sévère hein... Tu sais que Paulette a renoncé à son opération après ton intervention légendaire... Elle était en larmes...

- Ooooh, mais pourquoi ? C'était dans son intérêt...

- De rire ! Elle ne pouvait plus s'arrêter de rire après ce que tu as sorti sur scène ! Par contre, j'ai bien aimé que ton ami parle de la lune, ça m'a fait plaisir... Bon, et à propos de lune, qu'est-ce que tu fais dans cette tenue ?

- Je me suis dit que ce serait meilleur que du poulet... Alors... l'aile ou la cuisse ?

- Je vais prendre une aile, parce que toi, quand tu t'envoles, on ne sait jamais où tu vas atterrir, ni avec qui, ni ce que tu vas laisser comme souvenir !

jeudi 2 décembre 2010

Un rafraîchissement pour Simone


- Mais lâchez-moi !!!

- On va te lâcher la française ! Mais d'abord on va prendre un peu d'élan, histoire d'être sûrs que tu puisses bien te rafraîchir les idées !

- Je veux voir Steve !

- Après la pub que tu viens de lui faire, t'es pas près de le revoir ! Il est parti en trombe avec sa Mustang, il part en Europe faire Le Mans, et après il s'engage dans la marine ! Il ne veut plus entendre parler de femmes !

- Parti en Europe faire l'amant ? Mais c'est moi le savon de son bain ! Je suis la seule à savoir le faire mousser, il ne peut pas partir en Europe sans moi !

- Le Mans ! La course ! Chez toi en France ! Une course incroyable, et Steve est le meilleur pilote de courbes au monde.

- Merci, je suis au courant. Lâchez-moi maintenant ou j'appelle la police !

- C'est nous la police cocotte... Y'a un problème ? On va se prendre un savon ?

(rires gras des deux grossiers personnages...)

- Cocotte ? Vous avez intérêt à me lancer très loin, et à courir très vite, parce que vous n'avez pas idée de la mousse qu'il peut faire ce savon s'il se débat ! Il va y en avoir jusqu'à la mairie ! Vous n'êtes que deux gros machos, c'est moi la peau lisse, et on écoutera toujours plus une femme gracieuse que deux poulets graisseux ! Mais vous êtes élevés en batterie pour être tous aussi dramatiquement jumeaux les poulets américains ?

- Allez hop, à l'eau la peau lisse ! C'est pour une urgence !

- Raooooooooooooooooooouuuuul !!

- C'est qui ce Raoul ?


Simone, au sommet de la courbe qu'elle dessine dans l'air, juste avant de tomber au milieu de la piscine :

- Ah vous ne savez pas qui c'est Raoul ? Et ben si j'étais vous, je me renseignerais sur les départs pour Vladivostok ! Il n'y a que là-bas que vous serez tranquilles !

And the Oscar goes to...


Los Angeles - Cérémonie des Oscars

"...et le gagnant est... Steve McQueen !

- Je remercie les membres de l'académie pour cet honneur, et bien sûr toute l'équipe du film. J'ai aussi une pensée pour une amie française, Simone, que je voudrais inviter à me rejoindre sur scène. Elle est là-bas, à côté de Warren. Viens Simone...

Simone, incrédule, mime des "non" avec force, et devant l'insistance de la foule qui applaudit à tout rompre, elle se lève, rejoint Steve sur scène, l'embrasse sur la joue droite et prend le micro :

- Bonsoir à tous... Ecoutez, je suis un peu gênée d'être ici, c'était un pari entre Steve et moi, et je ne pensais pas qu'il oserait...

- Non, c'est faux, Simone est trop modeste ! Elle est la raison pour laquelle vous avez cherché la lune pendant quelques jours. C'est son mari qui lui avait décroché, par amour... Il l'a remise depuis, et l'a réveillée avec un croissant... On savait que le romantisme était français, l'amour aussi, et voici sa plus belle ambassadrice !

La salle se lève, les sourires fleurissent, standing ovation !

- Merci Steve... J'aurai un peu participé à l'histoire du cinéma avec cette histoire de lune, parce qu'on m'a raconté que vous ne pouviez pas tourner de séquences nocturnes pendant toute cette période de lune décrochée, à cause de la noirceur de l'obscurité. Et du coup, un réalisateur français a eu l'idée de mettre un filtre sur la caméra pour donner l'illusion de la nuit en tournant en plein jour. Il a appelé cette technique "la nuit américaine". Et bien je suis ravi que Raoul ait éteint un peu vos nuits. Parce qu'il a non seulement allumé mes yeux pour toujours, mais il a aussi allumé des idées géniales pour le septième art !

Applaudissements nourris, Steve reprend :

- Merci Simone, et merci beaucoup pour cette récompense qui...

- Attends Steve j'ai pas fini ! J'ai mille choses à dire et c'est pas tous les jours qu'on est sur la scène des Oscars devant des millions de téléspectateurs ! Alors d'abord, Woody Allen a répondu un jour à la question "En quoi voudriez-vous être réincarné ?" par "dans les doigts de Warren Beatty..." Je dois dire qu'il n'a pas tort, il a de l'expérience le bougre, il a réussi à me toucher au moins 20% de mon corps sans que je l'y invite depuis le cocktail de 19 heures ! Oh le cochon ! Tu as de la chance Warren, le dernier qui a fait ça, il a fini avec une crête à faire le poirier dans mon garage !

- heu... Simone... on va...

- Attends ! Oui, et Raoul, si tu m'écoutes, sache que je ne suis pas chez Paulette, je t'expliquerai, il reste du poulet dans le frigo. En fait j'ai croisé Steve à l'hôtel, il prenait un bain, et on a fait connaissance par hasard, et là...

- Bon Simone, ça suffit !

- ... il m'a fait la tour infernale, c'était grandiose !

- Arrête !

- Paulette, tiens, toi tu regardes sans aucun doute ! Ecoute, toutes les nanas ont des seins refaits ici, et franchement elles n'ont pas un charisme phénoménal, alors moi, si j'étais toi, je garderais ma charmante petite poitrine, et je travaillerais mes fessiers !

Le service d'ordre intervient alors, deux hommes prennent Simone chacun par un bras et l'invitent à quitter la scène par elle-même, elle se débat, et hurle dans le micro :

- Lâchez-moi bande de brutes ! Vous avez tué Kennedy ! Vous avez tué Marilyn ! Vous n'êtes jamais allés sur la lune, Raoul n'a vu aucun drapeau, tout ça pour être plus forts que les russes ! Mais la vie c'est pas Hollywood madaaaaaaaame l'Amérique ! Et n'allez pas me prendre pour une communiste ! C'est juste que j'ai horreur des menteurs ! Moi, j'ai pleuré devant ma télé quand vous étiez sur la lune ! Et en fait, vous étiez dans un studio avec du sable ! C'est minable ! Vous avez triché ! Bande de tricheurs ! Mauvais joueurs !

Les deux hommes de la sécurité soulèvent alors Simone, et l'emmènent en coulisses, pendant qu'elle hurle et brasse l'air avec d'impressionnants moulinets de jambes devant une salle médusée.

Steve McQueen n'aura plus jamais une seule nomination aux Oscars.

mardi 30 novembre 2010

Jaune citron


 - Tu es mignonne en jaune citron...

- C'est pour rendre hommage à mon père... Bon, merci Steve, merci beaucoup d'être venu me voir à l'hôpital, ça m'a vraiment fait chaud au coeur...

- Pas trop chaud j'espère. Je n'ai pas envie de finir avec une crête moi, j'ai une carrière...

- J'aimerais que tu me promettes tous tes bains, mais ce serait louche à force, j'en suis consciente...

- Et Raoul n'aurait pas forcément envie de danser s'il te savait aux bains louches... Bon, je te laisse ma belle, je dois répéter un numéro de banjo pour les Oscars demain soir.

- Tu vas aux Oscars ? Tu as des places ?

- Plutôt oui, je concours pour le titre de meilleur acteur... Tu veux venir ?

- Si je veux venir ? Mais je dors sur place dès ce soir pour être sûr de ne pas rater le début !

- Y'aura Warren, Marlon, Woody, Sidney, Faye, Angie, Natalie, tu lui ressembles d'ailleurs à Natalie...

- On me l'a déjà dit oui... Oh Steve, comment te remercier ?

- Mets quelque chose de plus discret pour la cérémonie...

- Tu n'aimes pas mon manteau ?

- Je l'adore. Mais puisque les caméras du monde entier seront braquées sur moi pendant quelques minutes, un zeste de discrétion ne fera pas de mal...

La lune dans le caniveau


- Je suis sûr que c'est ici Professeur...

- Vous croyez qu'il serait arrivé aussi loin Simone ?

- Regardez la forme de ce petit étang, exactement la taille du croissant qu'il devait me ramener... Une oasis de bonheur...

- Mais pourquoi aurait-il choisi un désert chinois ?

- Il n'a pas choisi Professeur, c'est le poids de sa quête qui a choisi pour lui, et c'est là qu'il a jeté l'ancre...

- C'est fou, il a réussi. Vous rendez-vous compte Simone ? ll vous a rapporté un croissant de lune !

- Je suis tatouée à vie. A l'ancre de Chine.

Vive le vent d'hiver


- Simone ! Simone !!!

- Ah mon prince...

- Mais qu'est-ce que tu fais là ?

- Je dormais sous un tas de feuilles, en t'attendant...

- Mais tu aurais pu mourir de froid ! Pourquoi n'avoir pas marché jusqu'à la maison la plus proche ?

- Pour que je tombe sur sept nains alcooliques qui veulent que je les borde, à qui j'aurais été obligée de raconter une histoire pour les endormir et pour que tu me fasses une scène au moment de me tricoter l'haleine ?

- Ouh la... chérie, tu as dû subir un petit traumatisme à cause du froid...

- Oui, pardonne-moi...

- C'est rien... mais quelle imagination quand même !

- Heureusement que c'est l'automne tu sais chéri, ce tapis de feuilles était délicieux...

- Si je n'avais pas été prince, j'aurais été un vent d'hiver, une bise fraîche, pour te découvrir et te saisir...

- J'aurais été transie d'amour, et prête à enfiler ton beau manteau d'hiver, pour devenir la plus pure des femmes, blanche comme neige...

Souffler n'est pas jouer


- mmmm... Simone... quelle endurance...

- Quoi, tu es à bout de souffle ?

- Non, je pourrais escalader l'Everest pour garder le goût du bonheur un peu plus longtemps...

- Tu parles comme un acteur...

- Tu n'aimes pas les acteurs ?

- J'avoue que je ne laisserais pas Steve McQueen coucher dans la baignoire...

- Simone, si jamais tu croises ce type un jour, il faudra que tu sois forte !

- Mais je serai forte ! En même temps, comment tu veux que je le croise, je ne suis pas sa voisine du dessus...

- Pas faux. Mais si ça arrive, détourne les yeux, ou je répondrai aux avances de Sofia Loren...

- Tu as des avances de Sofia Loren toi ?

- Pas encore, mais si je la croise, je suis sûr que je lui plairai...

- grrrrr... embrasse-moi Raoul...

lundi 29 novembre 2010

Blanche comme neige


- Comme je suis heureux de te retrouver ma princesse...

- Moi aussi mon Raoul charmant...

- Tu sens un peu la vodka par contre...

- Tu m'étonnes, j'en ai bu au moins sept ! Je suis un peu claquée là...

- Sept ?

- Oui, avant chaque histoire racontée à mes colocataires pour les endormir, j'en ai bu une, et ils sont sept.

- Tes colocataires ?

- Bah quoi mon charmant, tu croyais que j'allais t'attendre sous un tas de feuilles ? Si je suis en bonne santé, c'est grâce à eux. Tu devrais les remercier.

- Que des hommes ?

- Oui.

- Attends, attends... Tu es allée coucher sept hommes un par un en leur racontant des histoires et à chaque fois tu as bu une vodka ??

- Oui, mais sans pomme. Tu sais que je ne supporte pas la pomme... C'était le dernier soir, ils voulaient marquer le coup quoi...

- Et ben tu t'ennuies pas Simone ! J'imagine que le dernier de la liste était ravi !

- Non, Joyeux.

Voyage en crête


- C'est quoi cette crête ?

- C'est le sommet de mon week-end... J'ai eu une peur...

- Qu'est-ce qui s'est passé ?

- Qu'est-ce qu'IL s'est passé...

- Oh ça va Voltaire... Qu'est-ce qu'IL s'est passé ?

- J'étais au cinéma, je suis allé voir Amarcord samedi, on était deux dans la salle, j'avais invité une amie de ma mère, Simone.

- Tu es allée avec Simone au cinéma ? Mais je la connais, elle habite à côté de chez ma tante ! Quelle bombe cette femme...

- C'est surtout une mèche.

- Une mèche ?

- Oui, la bombe c'est son mari, et si t'allumes la mèche, je suis bien placé pour savoir que tu peux te retrouver les cheveux en pétard !

- Son mari était là ?

- Non, mais il est arrivé au mauvais moment, et du coup, il s'est mis en pétard juste avant mes cheveux...

- Qu'est-ce que t'as fait de mal ?

- Bah j'avais la main sur la cuisse de sa femme, alors forcément...

- Mais t'es dingue ! T'avais la main sur la cuisse de Simone ? Ne me dis pas qu'elle ne t'a rien dit ?

- Quoi je suis dingue ! T'es marrant toi, j'aimerais t'y voir avec des cuisses pareilles qui hurlent leur envie qu'on leur parle tout bas ! Si, elle m'a prévenu que c'était dangereux, m'a dit que j'étais trop jeune, et puis je crois qu'elle a été séduite par mes arguments et la vérité de mes sentiments, et elle m'a autorisé à laisser ma main jusqu'à la fin.

- Arrête... Et alors ?

- Et alors son mari est arrivé pour lui faire la surprise ! Il a gueulé "qu'est-ce que c'est que ce cirque ??" Simone a répondu "Oh Raoul, c'est rien, c'est Paul, le fils d'Odette. Il a un peu peur du noir, il avait besoin d'un câlin, c'est tout..."

- Et ensuite ?

- Il a enchaîné : "Il a peur du noir ? Et c'est parce qu'il ne sait pas lire les sous-titres qu'il essaie de comprendre le film sur ta cuisse ? T'as troqué le résille pour le braille ?"

Et là, il m'a chopé par le col, il m'a sorti du cinéma et m'a emmené dans sa voiture. Arrivés sur la pente de son garage, il m'a dit : "Ok le jeune Paul qu'a peur du noir, et bien puisque tu aimes mettre les mains dans les coins, tu vas m'aider à nettoyer les miens, mais on va le faire avec tes cheveux..."

- Ce truc de dingue...

- Alors il m'a descendu avec une poigne d'enfer, il m'a assis sur une chaise dans son garage, m'a rasé la tête sur les côtés, il m'a fait cette crête avec un mélange de mes cheveux et des poils du balai de son garage, il les a collés avec de la colle forte, puis il m'a pris par les chevilles, et m'a dit : "Maintenant tu marches sur les mains, et tu penches bien la tête à chaque fois que tu vois une bordure, je ne veux plus voir la moindre poussière ou toile d'araignée ! Je vais te passer l'envie d'aller dans les coins moi !"

- Ah quand même...

- Et il a ajouté "...au cas où tu aurais eu l'idée de jouer à la brouette avec ma femme, je te donne un avant-goût de ma version ! Et là, je suis gentil..."

- Et toi tu ne disais rien ?

- Quand t'as Raoul qui te tient par les chevilles juste après qu'il t'ait chopé avec ta main sur la cuisse de sa femme, tu dis rien, tu nettoies !

- Ouais, forcément...

- Et toi ?

- Quoi moi ?

- Qu'est-ce qu'il t'est arrivé ?

- Ah moi rien, je voulais me faire cette coupe depuis longtemps. T'aimes bien ?

- Tu veux dire que personne ne t'a forcé ?

- Bah non, pourquoi ?

- Ah ouais quand même...

Pilote de courbes


- Que faites-vous ici Monsieur ?

- Je viens faire une surprise à une amie...

- Simone ?

- Oui. Elle va bien ?

- Elle n'a rien de grave, elle a piqué du nez en avion, un problème de moteur apparemment...

- Oui c'est un problème de moteur, mais ça vient plutôt du sien que de celui de l'avion...

- Comment vous savez cela ? Je suis sa soeur et je pensais être la seule à avoir imaginé ce diagnostic, vous êtes un proche ?

- Un ami.

- Vous savez Simone, c'est un papillon, elle a besoin d'évasion, il faut vraiment se mettre dans le bain pour la comprendre...

- Je sais...

dimanche 28 novembre 2010

Ma vie en l'air


- Mais enfin Simone, que s'est-il passé ??

- Vous m'aviez dit que voler c'était aussi beau que du Wagner !

- C'est vrai ! Même si c'est plus impressionnant en hélicoptère mais c'est vrai.

- Oui, et bien c'est l'apocalypse maintenant ce voyage !

- Mais comment vous êtes arrivée là ?

- Et bien ce bruit du moteur et ces nuages qui se ressemblent tous, c'est d'un monotone... Et moi, quand le rythme est monotone, je pique du nez !

- Alors à quoi bon s'envoyer en l'air si vous ne prenez pas de plaisir là-haut ?

- Dis donc Tarzan, tu vas descendre de ton arbre et on va poursuivre cette conversation à terre ! Parce que là, j'ai tellement les ailes qui me démangent que je te volerais bien dans les plumes, juste pour le plaisir !

- Mais...

- Et à propos de plaisir, sache que j'en prends où que j'aille, et peu importe l'altitude, mais j'ai besoin de bleu moi, de soleil, pas de ce gris lugubre qui a autant de sensualité que Monsieur Sanzot !

- C'est qui ce Monsieur Sanzot ?

- Mon boucher.

- Mais c'est l'acte de voler qui donne du plaisir pas l'environnement !

- Et bien moi je vole écolo Monsieur ! Je vole pour jouir de la nature ! Tu voles pour qui toi ? Vu la fraîcheur de ton sourire, tu ne voles pour personne. Ou alors tu voles blanc.

- Ca ne veut rien dire de voler blanc, et je ne vous permets pas de parler ainsi de mon sourire !

- Si, voler blanc, ça veut dire voler sans avoir vraiment de convictions ! Moi j'en ai, je veux du soleil, je veux du vent, je veux de la musique ! Je ne veux rien qui soit terne ! Et ici, franchement, que ce soit vos tronches ou la météo, on se croirait dans le XVIIème !

- Pardon ?

- Parce que c'est l'avenue des ternes ici ! Et puis quand c'est moi qui pilote, je m'ennuie, j'aime bien qu'un vrai pilote tienne les commandes, là je peux monter très haut.

- Il fallait me demander, je suis pilote de ligne.

- Mais malheureux, c'est un pilote de courbes qu'il me faut ! Un pilote de ligne... je préfère encore mettre le pilote automatique ! Au moins on est sûrs d'arriver !

Le rouge est mis


- Regarde Raoul, le château de ma mère...

- A voir le jardin, on sait de qui tu tiens... On dirait qu'elle a été très amoureuse ici ta mère.

- Oui, très...

- Mais pourquoi aucune chambre du château n'a-t-elle rougi ?

- La chambre de mes parents donne de l'autre côté, sur le lac. Au coucher du soleil, on ne sait si qui, de l'astre ou de la façade, est le plus rougeoyant... Et si tout est rouge le long de cette allée, c'est parce que c'est là que mes parents se promenaient tous les soirs, jusqu'à ce banc... Et c'est sur ce banc que...

- ...que tes parents se sont embrassés pour la première fois, et depuis le rouge est mis sur le parc...

- C'est pour ça que je t'aime toi ! Oui, c'est exactement ça. Ce banc, c'est la gloire de mon père...