jeudi 22 juillet 2010

On déménage au 7ème ciel



- Tiens, y'a Charles et Paulette qui déménagent...

- ...ou qui s'engueulent...

- Dans tous les cas, ça va leur faire du bien de changer d'air

- Oui, mais s'ils s'engueulent, je vais encore ramasser Paulette à la petite cuillère moi...

- Simone... Elle est assez grande ta soeur, arrête de la materner comme ça...

- Je ne la materne pas, mais Charles, il connaît pas sa force, regarde sa façon de déménager !

- Ah bah donc ils ne s'engueulent pas...

- Pas sûr, parce que quand ils s'engueulent tous les deux, ça déménage...

- Très fin ça ma chérie... Mais pourquoi tu parles de sa force ? Charles ne toucherait jamais Paulette...

- Justement, ça serait bien qu'il commence à revoir sa position

- Pardon ? Tu prônes la violence ?

- Non, je suis pour qu'il adopte une position qui rapproche ma soeur du bonheur si tu vois ce que je veux dire !

- Ah parce que Charles est du genre à camper sur ses positions ?

- Un peu oui, du genre à ne monter que la tente... et nous dans la famille, on est plutôt du genre à aimer la communion explosive, si on épouse le meilleur des chefs d'orchestre, c'est pas pour qu'il laisse sa symphonie en plan avec la baguette dans le tiroir, nous, on veut exprimer nos violons, on veut faire résonner nos cuivres, on veut faire pleurer Karajan !

- Mais alors, si ça se trouve...

- Quoi ?

- Ils ne s'engueulent pas...

(Simone levant les yeux, souriante et rêveuse...)

- Paulette...

- En même temps, si c'est toujours comme ça, ça va faire cher la communion...

- Raoul, fais-moi voler au lieu de penser à tes meubles...

- Simone, j'adore l'idée de t'emmener tutoyer les cieux, mais ne crois-tu pas qu'il faille penser à l'atterrissage ?

- Raoul, fais-moi voler !!! Je me fous de la fin des histoires, c'est le coeur du frisson qui me fait vibrer, qui me fait me sentir vivante !

- J'en parlerai à ton plâtre...

- Pardon ?

- Rien, attachez votre ceinture mademoiselle, la prochaine zone traversée promet d'être incroyablement turbulente...

- Mon Raoul...

- J'avais dit "attachez"...

- Si on croise ma soeur, on s'arrête dire bonjour ?

mardi 20 juillet 2010

Coupe droite


- Chérie ?

- Oui mon bébé ?

- C'est quoi ça ?

- Quoi ?

- Cette... tronçonneuse Gucci...

- Aaaah ça ! C'est la Rolls des tronçonneuses mon Raoul.

- C'est surtout l'hyperbole du bling-bling, le zénith de l'artifice, le big bang du n'importe quoi ! T'as perdu la tête ou quoi ? Je sais que tu aimes l'élégance et que ton image t'importe, mais là, je ne suis pas sûr que tu lui fasses du bien...

- Quoi mon image ? Qu'est-ce qu'elle a mon image ? Tu préfèrerais que je sorte au restaurant en jogging et en tong ? Ou en robe orange avec un pull-over rose ?

- Non. Mais ce n'est pas le problème...

- C'est quoi le problème ? Tu n'aimes pas cette robe que je porte par exemple ?

- Arrête avec tes questions, tu n'es heureuse que si les réponses te plaisent...

- Quoi ??? Ca veut dire quoi ça ???

- Ca veut dire, mon amour, que si je te dis qu'elle te boudine, ce que je n'ai pas dit, tu m'en parleras pendant douze ans et tu me diras que je ne t'aime plus comme avant, que tu vieillis, que notre couple vieillit, et que nos lassitudes poussent comme les haies des jardins abandonnés !

- Mais pas du tout !

- Par contre, si je te dis que tu es magnifique dedans, tu seras contente, parce que c'est ce que tu veux entendre, même si tu me jures que tu ne m'en voudras pas d'être franc, que tu as besoin de cette franchise, de mon regard sur toi, sans concessions...

- Mais pas du tout Raoul, j'ai besoin de ton regard sur moi, sans concessions ! Alors, elle me boudine cette robe ?

- Simone, arrête... Tu ne tiendras jamais cette promesse...

- Raoul, je n'ai rien promis, mais puisque tu en parles, je te promets que je ne t'en voudrai pas si tu me dis la vérité...

- Bon... Promis ?

- Promis.

- Bah elle te boudine un peu oui... Tu n'as plus vingt ans chérie...

- Et ta soeur elle a vingt ans ??? Elle me boudine cette robe ? Elle me boudine ??? Mais t'es pas bien mon pauv' vieux ! T'as vu ton bide qui déborde de ta ceinture ? Elle est où d'ailleurs ta ceinture, parce que je la vois plus moi !!!

- Et voilà... Bravo la promesse...

- Quelle promesse ?? J'ai promis de ne pas t'en vouloir si tu me disais la vérité, mais là, ça n'a rien à voir avec la vérité, c'est juste parce que tu es jaloux que je sois encore aussi désirable !

- Pffff....

- Quoi pfff ??? Oui, parfaitement Môssieur j'ai-le-compas-dans-l'oeil ! Je suis au top de mes courbes, et pardonne-moi si j'aime la qualité dans tout ce que je porte et dans tout ce que je fais !

- Ah parce que tailler une haie avec une tronçonneuse Gucci tu trouves ça normal toi ?

- Oui ! Parce que nos haies auront une classe folle avec cette tronçonneuse !

- Tu dis n'importe quoi, si tu coupes droit, tu coupes droit, peu importe avec quoi !

- Et bien non !!! Parce que notre couple vieillit, parce que tu vieillis, parce que la lassitude de notre quotidien pousse comme les haies d'un jardin abandonné ! Et qu'il faudra au moins une tronçonneuse Gucci pour en venir à bout !

- Simone, le casque, là, c'est un casque Gucci aussi ?

- Oui. Pourquoi ?

- Tu me le prêtes ?

- Ah tiens ? Tu aimes la classe maintenant ?

- Celle-là, pas plus que tout à l'heure, par contre, pour ne plus entendre des conneries pareilles, il me faudra au moins un casque Gucci !

samedi 17 juillet 2010

John Lemon Wanted


- Pourquoi on est là Raoul ?

- Facebook veut notre peau...

- Pardon ?

- Ils ont supprimé le compte de John Lemon ce matin, il avait plus de 600 amis...

- Pourquoi ?

- Apparemment parce qu'il parlait de nous trop souvent sur sa page...

- Et comment ses amis vont le retrouver ?

- Grâce à nous, on va mettre son adresse email dans ce message : johnsweetlemon@gmail.com, c'est l'adresse du nouveau profil John Lemon qu'il a créé à 16h ce samedi. J'espère qu'on aura assez d'admirateurs pour relayer l'info...

- Bon, et nous, on fait quoi là ?

- On va inviter des amis pour une petite soirée disco, qu'est-ce que t'en penses ?

- J'en pense qu'il va falloir indiquer sur le carton "mousquetons fournis et voiturier à 500 mètres... plus bas...

vendredi 16 juillet 2010

Paradise Island


- Dis donc Raoul, c'est ça ton île déserte ?

- Bah quoi, y'a personne...

- Tu m'étonnes John ! Evidemment qu'y a personne, tu mets une famille de quatre et c'est complet !

- T'es jamais contente Simone...

- Quoi ?? Tu me promets des vacances paradisiaques sur une île déserte et je me retrouve devant un caillou qui a autant d'arbres que t'as de cheveux ??

- Et alors ? c'est une île déserte non ?

- Et alors ??? Alors à part les arbres, y'a rien d'autre ! Et tu vas faire quoi sur ton île ?? On peut même pas se baigner, parce que si tu plonges, faut prendre un hélico pour revenir !!!

- Justement... c'est de ça que je voulais te parler... j'ai pris un petit crédit pour l'hélico, parce que effectivement, si on veut se baigner, on peut, mais si on veut revenir, il faut se faire hélitreuiller...

- Tu sais quoi Raoul ? Tu vas te balancer au bout de ton échelle de corde, tu vas y aller en premier sur ton paradis perdu, et c'est moi qui vais piloter l'hélico. Ca fera des économies... Et je ne te garantis absolument pas que sur un faux mouvement je ne te fracasse pas ta carcasse sur un pan de la falaise !!!

- C'est con, c'était exposé plein sud, et y'avait le wifi gratuit...

Les feux de l'amour


- Raoul...

- Oui ?

- Tu vois ce jeune couple là, à gauche, assis dans l'herbe...

- Oui...

- C'était nous, il y a cinquante ans...

- Simone...

- Oui ?

- Tu vois ce feu d'artifice là-haut ? Sa majesté, son inaltérable attrait, la fascination qu'il ne cesse d'exercer, année après année ?

- C'est nous aujourd'hui... et c'est toi tous les jours, depuis cinquante ans...

Ca se corse pour Simone


- Raouuuul, mais qu'est-ce que tu fais ??

- Comme tu es malade en montagne, je nous fabrique une route avec accès direct à la mer, ça t'évitera les lacets interminables...

- Mais chéri, tu n'as rien ??

- Mais non, j'ai mon chapeau...

- Tu n'as pas peur qu'on nous repère ?

- Je te rappelle qu'on est en Corse !

- Et alors ?

- Et alors ce genre de champignon, ça fait partie de la flore locale !

- Et le bruit ?

- Pareil ! Dans certains villages, le bruit familier du clocher provoque des "tiens, il est 11 heures...", ici, le bruit familier de l'explosion provoque des "tiens, un Corse fabrique une route..." C'est un exemple... Il pourrait aussi provoquer des "tiens, un député va devoir chercher sa nouvelle villa en Bretagne..."

- Pourquoi en Bretagne ?

- rrrrrooo.... bon, Simone, remets tes lacets, on rentre.

- On ne prend pas ta route ?

- Non, je me suis trompé, la mer est de l'autre côté... remets tes lacets chérie...

- Non.

- Pardon ?

- Non, je ne veux pas remettre mes lacets.

- Et pourquoi donc ?

- Ca me rend malade les lacets, c'est toi qui l'a dit !

- Simone...

- Quoi ?

- Non rien...

vendredi 9 juillet 2010

La nuit détend


- Simone, mon amour...

- Oui Raoul ?

- Quand je te vois dans cette lumière si particulière...

- Dis-moi...

- Tes interdits restent dans l'ombre, un seul trait de toi est mis en lumière, et tu continues pourtant d'exprimer la courbe de l'élégance faite femme à toi toute seule...

- Mon chéri...

- Tu es ma parenthèse enchantée, une virgule qui suspend le temps, le bonheur qui s'ouvre, le néant anéanti, l'aube après la nuit des temps...

- Rejoins-moi dans l'ombre mon Païkan...

- Fige-moi dans ton éternité belle éléa...

Un horizon turquoise


(Simone et Raoul, dans une des maisons de gauche, dans le quartier pauvre, regardant la belle résidence en face d'eux)

- Chéri, tu me promets qu'on vivra là-bas un jour ?

- Non

- Pourquoi non ?

- Parce que ce serait tomber dans le piège...

- Le piège ?

- Oui, le piège du bonheur matériel, tu penserais être arrivée au bout du chemin, mais tu regretterais tellement celui où ton horizon était justement fait de ces rêves inaccessibles.

- Mais tu perds la tête Raoul ! Tu crois que je me plais dans ce taudis ? Le bonheur, il est turquoise, et il est sur les terrasses d'en face !

- Non Simone, le bonheur, c'est le chemin, ce n'est pas la fin, et ici, ta vie est simple, heureuse, tu rêves de turquoise, mais celui que je vois dans tes yeux vaut toutes les piscines du monde. Si tu vivais en face, tu perdrais la couleur de tes rêves, et de ton balcon, tu ne verrais qu'un taudis, gris et triste. Tu n'aurais plus ce doux horizon, tu aurais atteint ton bonheur matériel, mais tu aurais perdu beaucoup plus.

- Mais je me fous d'être philosophe mon grand là tu vois ! Je voudrais me prélasser dans MA piscine, jouer au tennis sur le court privé, et arrêter d'inviter nos amis au restaurant parce qu'on n'existe pas sur le GPS ! Je suis sûr que même les moustiques ils piquent avec plus d'élégance en face !

- Simone, pense à ton horizon...

- Mais je me fous de mon horizon, je regarderai le ciel les pieds dans l'eau, et si je veux regarder en bas, j'irai dans la cuisine !

- Je vais devoir vendre la CX alors...

- Te bile pas mon Raoul, on n'est pas près de bouger, avec ta CX, on pourra tout juste acheter un frigo et un maillot de bain.

- Hey ho, c'est une turbo D quand même !

- Raoul, tu es trop matérialiste, vends ta voiture, retrouve le plaisir de découvrir le monde en marchant, et achète moi un collier pour que ton horizon reste turquoise...

Complètement siphonné



- Mais Simone, qu'est-ce que tu fais ?

- Je vide mon lac.

- Tu vides ton lac ???

- Oui, je vide mon lac.

- Mais... mais comment tu fais ça ?

- Bah j'enlève le bouchon.

- Mais il n'y a pas de bouchon dans un lac !!!

- bah tu vois bien que si Raoul...

- Mais Simone, c'est impossiiiible ! Et puis c'est pas TON lac !

- Bon, Raoul, tu me gonflottes la griotte là ! Si, c'est possible, la preuve ! Tu crois que j'ai creusé un trou jusqu'à l'hémisphère sud avec la pelle du petit ??? Et oui c'est MON lac, parce que j'y viens depuis toute petite, et que j'ai entendu qu'un pétrolier passait dans le golfe pas loin, et j'ai pas envie qu'ils me le souillent !!

- Mais un lac c'est fermé Simone !

- Oh toi, t'es un optimiste ! On ne sait jamais, ils n'auront pas mon lac !

- Et comment les gens vont se baigner maintenant ?

- Et ben ils apporteront chacun un bidon à partir de février prochain, quand le pétrolier sera parti, et si tout va bien, ils pourront se mouiller les pieds en juin.

- Simone... elle a enlevé le bouchon du lac...

- Et ils se plaignaient tous que la plage était trop petite ! Ils vont pouvoir venir en famille à partir de demain !

Raoul à le sens de l'objectif


- Bon Raoul, on y va !

- Attends, je prends une dernière photo...

- Tu peux pas t'en empêcher hein...

- Quoi ?

- De regarder sous les jupes des dames !

Croisements


- Donne-moi la main Michel...

- Michel écoute maman...

- Plus je le regarde, et plus je trouve que c'est vraiment un mix de nous deux le petit, tu ne trouves pas ?

Hair


- Voilà docteur, je vous ai tout dit.

- Raoul, je crois que vous avez somatisé au point de déclencher seul cette étrange maladie...