mardi 15 mars 2011

Une ombre au tableau


- Qu'est-ce que tu fais Raoul ?

- Je cherche à savoir ce que ça fait quand on n'est plus que l'ombre de soi-même.

- Tu déprimes ?

- Non, mais j'en ai marre qu'elle me suive depuis que je suis né, j'ai décidé de l'affronter. Je suis sûr qu'on a des choses à se dire tous les deux.

- Pas sûre que tu sois son genre...

- Il suffit de s'accorder.

- De s'accorder ?

- En genre et en ombre...

- Bon, quand tu auras fini de défier ton côté obscur, tu me feras signe ? Parce que la pièce va commencer et je préférerais que tu conduises si ça ne t'ennuie pas !

- Vas-y sans moi Simone, je préfère rester dans l'ombre...

- Tu sais Raoul, si tu continues à ne penser qu'à toi, même ton ombre pourrait te quitter !

- Mais je ne pense pas qu'à moi, je fais enfin face à celle qui s'exprime toujours dans mon dos ! J'attends des éclaircissements ! Et puis c'est impossible qu'elle me quitte, elle me suivra toute ma vie, sans l'ombre d'un doute.

- Sauf si tu perdais ton soleil !

- Alors ça c'est petit...

Simone fait tinter les clés, Raoul baisse les bras, souffle, se retourne, et d'un pas résigné avance vers Simone. Il la regarde dans les yeux, et lui dit :

- Tu vois, si le fait que le doute n'ait pas d'ombre le rend aussi puissant qu'une certitude, j'aimerais assez tenter le combat... Tu imagines si j'arrivais à me débarrasser d'elle ?

- Oui, tu serais aussi imbuvable qu'une certitude. Et plus aucun jardin, plus aucun secret, n'auraient l'espoir de trouver un coin de fraîcheur sous l'insupportable et brûlante chaleur du zénith éternel de ta sur-puissance égocentrique !

- Dis donc, toi, quand t'as pas envie de conduire...

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