vendredi 21 janvier 2011

Le banquet


L'homme, avec les lunettes, derrière Simone et Raoul :

- Madame, laissez-moi vous dire mon plaisir de revoir l'éclat de votre splendeur inonder cette pièce !

Simone, en regardant Raoul :

- C'est à ce magicien que vous devez vous adresser... C'est un cuisinier hors pair, d'un fruit, il vous propose un banquet...

- Un banquet ? Comme celui de Platon ?

- Ah non, celui-là n'avait rien de platonique ! Mais ceci dit cher ami, permettez-moi de voir quelques points commun entre Raoul et Platon...

Raoul :

- Plaît-il ?

L'homme à lunettes :

- Pardonnez-moi mais avec tout le respect que je dois à votre mari, Platon était un grand philosophe qui a invité chacun de nous à réfléchir à la véritable nature des choses. Il nous a appris que connaître une chose consiste à en connaître l'essence, grâce à l'allégorie de la caverne notamment.

- Oui, et bien tiens-toi bien mon Raymond...

- Mais je ne m'appelle pas Raymond...

- Tiens-toi mieux !

- Comme ça ?

- Voilà... Tiens-toi bien donc, parce que figure-toi que Raoul, en plus d'être passé maître dans l'art du délice fruité est aussi un spécialiste de l'allégorie de la caverne ! Et cet homme connaît tellement les sens qu'on peut avancer sans trop se tromper qu'il connaît toutes les choses de la vie !

Raoul :

- Tu vois cette femme resplendissante Raymond...

- Mais je m'appelle pas Raymond !

- Tu la vois ou pas ?

- Bien sûr, elle est si belle votre dame...

- Et bien il y a trois heures, elle était au fond de cette caverne, enchaînée à sa perte, persuadée qu'elle ne me plaisait plus, vidée de sa confiance. Le monde de ses idées était triste, et la nuit tombée sur elle semblait définitive.

- Et alors ?

- Alors nous nous sommes mis à table, le feu a jailli, les ombres ont dansé, les murs ont tremblé, fruits et fleurs ont été cueillis dans un écho délicieux, et le jour s'est levé. Encore... Et vous savez ce qui était le plus étrange mon bon Gustave ?

- Appelez-moi Raymond finalement, je préfère...

- Ce matin était étrange, il semblait être lui-même le fruit de notre extraordinaire odyssée, comme un cadeau. Il n'était pas le début d'un jour de plus. Non... Il était suspendu, comme un cadeau du ciel, un signe. Comme si quelqu'un nous avait offert une nuit, que nous avons vécue mais sans perdre une seule seconde de notre temps. Comme si le temps avait voulu nous remercier de l'avoir accepté, et compris. Une nuit qui jamais ne sera comptée sur nos souches, mais dont le parfum, toujours, restera sur nos bouches...

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