vendredi 28 septembre 2012

Entre les lignes




- Pourquoi es-tu venue si tu n'as pas confiance ?

- Je ne sais pas encore si j'ai confiance ou pas, je suis venue parce que j'ai lu tes mots, parce que personne ne m'avait encore touchée à ce point, personne ne m'avait autant donné envie de baisser la garde, d'y croire une nouvelle fois. Je suis venue parce que tu sais me lire comme on ne m'a jamais lue.

- Alors pourquoi cette arme ?


- Parce que je pourrais tuer l'auteur de tels mots s'ils n'étaient pas écrits avec la même force, la même vérité, la même bouleversante profondeur que celles qui m'ont emportée pendant la lecture...

- Pourquoi t'écrirais-je ces mots si je les écrivais comme on achète du pain ?

- Je ne sais pas... pour séduire jusqu'à la dernière miette ? A combien de femmes as-tu écrit ces mots ? Combien ont vibré devant tes douceurs, tes caresses, combien de serrures se sont offertes à ta clé Raoul ?

- D'accord. Je vais tout te dire, comme je l'ai toujours fait dans mes écrits, en toute transparence, avec mes rondeurs et mes failles. Oui, j'ai déjà écrit de tels mots à d'autres femmes. Mais jamais les mêmes. Et si certains se ressemblaient, ils prenaient tellement la couleur de celle à qui ils étaient destinés qu'ils s'inventaient un nouveau destin. Pourquoi avoir peur des mots que tu lis ? Pourquoi se demander s'ils sont neufs ? S'ils sont exclusifs ? Bien sûr qu'ils le sont ! Mais si amour ne s'écrit que d'une seule façon, si lèvres, cuisses, courbes, envies, frissons, nuit, romance, matin, séduction ne s'écrivent que d'une seule façon, ils se déclinent à l'infini ! Pourquoi demander si j'ai écrit ces mots avant toi ? Pourquoi ne pas demander à l'homme qui embrasse avec un regard profondément amoureux à combien de femmes a-t-il déjà offert ce regard ? Il l'aura déjà offert autant de fois qu'il a aimé. Mais il aura toujours aimé avec autant de vérité, sans tricher.

- Si tu trichais avec moi Raoul, je ne m'en relèverais pas. Si je me donne à toi, et que tu pars demain matin, ou la semaine suivante, je te chercherai jusqu'à la fin des temps, pour que tu ne sèmes plus jamais d'amour sur d'autres matins.

- J'ai aimé avant toi Simone. Et je vais même te provoquer un peu, je pourrais aimer pendant toi, le temps d'un regard, d'une conversation, d'un souvenir, d'un regret, sans jamais que mon amour pour toi ne soit trahi. Parce qu'il sera entier, complet, accompli, jusque dans ses imperfections.

- Ah mais je ne partage pas mon bon Monsieur !

- Non, ne réagis pas sans prendre de recul. Je veux juste te dire que si l'amour peut être pluriel, il n'est total qu'au singulier, et au plus-que-parfait. Je te dis ici ma transparence, je veux qu'elle soit la terre de ta confiance. Je ressentirai forcément des sentiments amoureux, précis ou flous, offerts par ces hasards qui n'existent pas. Mais si je te choisis, c'est parce que tu es exceptionnelle, unique, celle pour laquelle je suis fait. Et je me contrefous de l'exceptionnelle d'avant ou de l'exceptionnelle d'après, si tu me choisis, tu seras mon éternité. Mieux, mon exception dans l'éternité. Tu me figeras dans cette éternité qui sera la nôtre.

- Merci d'oser me dire ce que nous savons toutes mais que nous refusons d'entendre. J'aime ça. Et je dois te rendre cette sincérité. J'aurai moi aussi des moments où l'amour me frôlera, où la fièvre fera brûler mon corps. Mais si je suis celle que tu décris, que tu écris, si je suis celle qui te bouleverse autant que je le lis entre tes lignes, aucun amour ne saura être plus fort que le nôtre. Le mot alchimie sera bien trop faible, il faudra en inventer un autre. Tu l'inventeras pour moi ?

- Simone... La première fois que je t'ai vue, sur cette photo, j'ai su. Je ne savais rien de toi, je ne connaissais ni ta voix, ni ton caractère, ni la force de ton regard, mais j'ai su. Une femme est comme un livre. Une femme exceptionnelle sur votre route, c'est LE livre que vous devez ouvrir, vous le sentez, vous en brûlez. Ne me demande pas combien de livres j'ai eu envie d'ouvrir.

- J'y ai pensé mais non... répond Simone en souriant et en baissant doucement son arme.

- Quand je me suis retrouvé face à ton existence, plus rien d'autre ne m'intéressait que te lire, tout savoir de toi, ouvrir ton livre et tourner les pages, comme on fait tourner le monde. Un livre, on le lit, on le dévore, on le comprend, il vous fait rêver, il vous transporte, il vous bouleverse, il vous excite, il vous fait fantasmer, réfléchir, il vous fait vous remettre en question, il vous nourrit. Vous savez lire entre ses lignes, vous le protégez, vous le respirer, ses pages sont élégantes, parfumées, pleines de toutes les empreintes qui font les belles histoires. Oui, j'ai lu d'autres livres, mais je n'ai pas lu tous les livres, et votre chair est heureuse.

- J'adore quand tu me vouvoies... J'ai l'impression d'être une héroïne, d'être la femme la plus élégante, sensuelle, désirable du monde...

- Vous êtes mon héroïne Madame, et vous êtes tout cela. Et mille choses encore. L'histoire que vous allez me raconter chaque jour pourrait m'enivrer de bonheur pour plusieurs vies. Je vous regarde, et j'ai envie de vous lire, encore, et toujours...

- Vous voudriez écrire mes frissons sur plusieurs volumes encore ?

- Je vous lirai, je vous écrirai, nous nous écrirons ensemble, j'ajouterai votre voix aux chapitres les plus doux, je graverai vos promesses comme vos cris d'amour dans le cuir de la reliure, je soufflerai sur vos peurs et vos larmes pour qu'elles sèchent bien avant qu'on les lise, je passerai les doigts sur vos secrets pour que mes yeux aveugles connaissent l'immense plaisir de la lecture du cœur...

- Je te sens Raoul, je te ressens, définitivement. Ces mots-là, je sais qu'ils sont pour moi. Je sais que tu en aurais trouvé d'autres pour une autre, et je suis absolument à ma place avec ces mots-là. Je n'en aurais pas voulu d'autres. Et je n'aurais pas voulu être la femme d'avant ni celle d'après. Parce que tu m'aimes parfaitement, magnifiquement, délicieusement. Parce que tu es ma réponse. Mon cadeau.

- Tu es la plus belle histoire qu'on puisse offrir à un amoureux des couleurs de l'âme...

- Voudriez-vous laisser votre signature sur ma quatrième de couverture pour que je garde un souvenir de cette merveilleuse conversation ?

- Je préfère la laisser en pages intérieures Madame, je ne voudrais pas marquer votre cuir...

- Marquez mon cuir Monsieur, et feuilletez-moi sans jamais vous arrêter...





Franck Pelé - Septembre 2012

3 commentaires:

  1. Magnifique Franck... Je me sens également à ma place avec cette histoire qui trouve un écho direct avec mon âme et mon instinct. Magnifique texte et magnifiques dialogues entre ces deux êtres qui ce sont trouvés, qui ce sont reconnus et qui finissent par s'accepter pour fusionner. Ah Simone!! J'ai l'impression d'y reconnaitre ma Femme Daniela. L'Amour nous fait infiniment grandir l'Âme.
    Merci et belle journée à toi.
    <3

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  2. J'aime ... vos mots et votre imagination sont très belles. Un vrai régal ... un cadeau à moi sur ce brumeux, morne, jour sombre

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  3. Il y a tant de belles choses dites, qui peut m'empêcher de partager si jolies lignes ?
    Christine E.R

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