mardi 11 septembre 2012

Plongée en eaux troubles



- Je peux vous aider ?

- Je veux bien merci, je n'arrive jamais à fermer cette combinaison...

- Vous ne mettez rien en-dessous ?


- Pourquoi vous mettez un slip sous votre maillot de bain vous ? C'est une combinaison de plongée !

- Je me disais aussi...

- Quoi ?

- Votre décolleté était déjà très plongeant, ça m'a mis sur la voie... Vous devez être très bonne en apnée dites-moi.

- Pourquoi dites-vous ça ?

- Non pour rien.

- Ceci dit vous avez raison, je dois être assez bonne parce que mon professeur me le dit très souvent.

- Bah tiens...

- Vous voulez bien remonter la fermeture s'il vous plaît ?

- On devrait faire une loi sur les fermetures, interdiction de les fermer, une fermeture, ça se baisse sinon ça emprisonne, ça cloisonne, ça claque la porte au nez du plaisir !

- Si on ne pouvait plus fermer les fermetures ça s'appellerait des ouvertures.

- Pas faux...

- Allez-y, pendant que je rapproche les deux parties vous remontez la fermeture.

- Stooooop !!! Comment vous voulez que je tire le rideau sur un spectacle pareil ?

- Que se passe-t-il ?

- Une bombe à air comprimé... Vous êtes une bombe à air comprimé Mademoiselle ! Pardon, mais je ne peux pas ne pas vous le dire ! Si vous ouvriez votre combinaison à quarante mètres de profondeur, vous savez ce qui se passerait ?

- Non...

- Les requins seraient marteau, les baleines bleues, les poissons rouges, votre charme abyssal ferait pleurer les sirènes, vous exploseriez chaque palier de décompression, parce que vous n'êtes pas le genre de femme à rester sur le palier, et la pression libérée vous propulserait directement dans la stratosphère !

Un peu plus loin, une voix résonne :

- Raoul ! Raaaaaaoul !!!

- Ah je crois qu'on vous appelle...

- Où ça ?

- Là-bas, sur le ponton, derrière vous, une jolie femme brune.

- Oh la la... Il faut absolument refermer cette fermeture, vite, vite !!!

- Je n'y arrive pas ! Il y a un coup à prendre avec cette fermeture, on va faire le contraire, vous rapprochez les deux parties et je ferme la combinaison.

- Mais vous êtes inconsciente ou quoi ? Vous ne connaissez pas ma femme ! Je suis censé être au marché là, en train de choisir des melons pour midi, vous imaginez ce que je vais prendre si elle me voit avec les vôtres dans les mains ?

- C'est élégant...

- Remontez, remontez cette putain de fermeture !

Simone arrive, essoufflée :

- Raoul, ça fait une heure que je te cherche j'ai fait deux fois le tour du marché ! Qu'est-ce que tu...

Devant le spectacle proposé par la jeune femme, elle change de regard, de ton, elle fulmine, mais garde son calme :

- Ah d'accord...

- Quoi ? Mais c'est rien, ça va... Mademoiselle n'arrivait pas à fermer sa combinaison, moi je passais par là et elle m'a demandé de l'aider, ce n'est pas non plus LA faute grave de l'année...

La fille :

- Ah non pardon mais c'est vous qui avez demandé si vous pouviez m'aider.

Raoul :

- Elle est gonflée celle-là ! Ah bah si j'avais su, je vous aurais laissée avec vos problèmes !

Simone :

- Ce ne sont pas SES problèmes ce sont les tiens mon chéri. Elle, ce sont SES seins, et toi, ce sont TES problèmes.Tu as raison, elle vraiment gonflée, et c'est probablement ce qui t'a poussé à l'aider dans ce superbe élan de générosité... n'est-ce pas mon grand serviable ?

- Mais chérie...

- Dès qu'il y a une ouverture, tu fonces toi, un vrai radar mobile le Raoul ! Tu le mets au bord d'une plage, y'a pas une paire qui ne se fait pas flasher par le spécialiste !

- Mais ce n'est pas une histoire d'ouverture c'est une histoire de fermeture ! Je venais justement pour fermer la combinaison de Mademoiselle qui semblait vraiment avoir du mal !

- Ah bon ? Pourquoi ? Tu ne trouves pas ça beau ? Une fermeture ça ne devrait jamais se fermer...

La fille :

- C'est exactement ce que disait votre mari tout à l'heure !

Simone :

- Je vais vous aider Mademoiselle...

- Vous n'allez pas me faire mal ?

- Non... Je vais faire mal à mon mari, uniquement.

Simone s'approche alors doucement de la jeune femme, passe sa main droite sous sa combinaison, prend son sein gauche à pleine main et tout en le caressant, propose sa bouche, magnifiquement douce. La jeune femme ne peut résister, elle embrasse Simone follement, langoureusement, profondément, l'atmosphère est brûlante, Raoul déglutit avec peine, les deux femmes s'embrassent de longues minutes avec fougue et passion, puis Simone recule, rapproche les deux parties de la combinaison en comprimant les seins de la jeune femme avec ses deux mains, et avec les dents, elle remonte la fermeture jusqu'en haut, son regard de feu terminant sa course dans celui de la plongeuse, totalement subjuguée.

- Merci Madame...

- Je vous en prie Mademoiselle, tout le plaisir était pour moi.

Puis elle revient vers Raoul, encore figé :

- C'est exactement comme ça que tu rêvais de l'aider non ?

- Mais enfin Simone, ça ne se fait pas de faire une chose pareille... Et devant moi en plus...

- C'est mieux que dans ton dos non ? Tu vois Raoul, ta faiblesse m'a offert une délicieuse ouverture, tu t'es puni tout seul et tu m'as autorisé un interdit, tu as bien fait d'avoir voulu aider cette femme, ta générosité me touche mon amour... Tu fantasmais de toucher une de ces somptueuses rondeurs, même dans tes rêves les plus fous tu n'aurais pas pu imaginer embrasser cette sirène et moi, j'ai fait les deux, avec un plaisir dingue, sans que tu puisses me le reprocher. Merci chéri...

- Tu sais très bien que j'adore tes seins et que ça ne change rien à mon amour pour toi.

- Ah mais moi non plus ça ne change rien ! Je t'aime toujours autant que je ne te fais pas confiance ! Je sais bien que tu ne peux pas t'empêcher de plonger dans les courbes ! Mais tu aurais dû aller au bout de tes envies, j'aurais eu la même image de toi finalement... Sauf que j'aurais eu, en plus, l'image de quelqu'un qui sait prendre une décision, et qui l'assume. Mais ça, c'est un truc de femme, vous ne pouvez pas comprendre vous...

- Ah non, pas de généralités hein ! Ne me fais pas le coup de "vous les hommes" !

- N'empêche que lorsqu'on va au bout des choses, on prend beaucoup de plaisir, et je peux te dire qu'au bout de cette jeune femme, c'était tendu, très excitant, tu as raté...

- Bon, ça va Simone, j'ai compris ! La prochaine fois je resterai sur le quai !

- Mais non pourquoi ? La prochaine fois, assume, aide-la, plonge avec elle, fais juste attention à la profondeur, si tu vas trop loin, tu pourrais ne plus remonter...

- Arrête Simone, tu n'es pas crédible dans ton costume de grande prêtresse de la liberté amoureuse, je sais très bien que tu es jalouse à mort et que c'est ça qui t'a fait faire cette folie.

- La folie la plus douce de ces dernières années... Jalouse ? Je crois surtout que c'est toi qui es jaloux mon amour là... Tu aurais vu ta tête... On va choisir les melons ? Je me sens forte là... Je vais forcément tomber sur du sucré...




Franck Pelé - Septembre 2012 - Textes déposés SACD

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