Toutes les femmes du monde en une seule. Simone est une femme française à l'élégance rare, sensuelle et lumineuse, parfois insupportable, très souvent délicieuse. Entrez dans le monde de Simone et Raoul, vous n'en reviendrez pas, c'est le vôtre. Le principe ? Une photo m'inspire et j'invente des textes, des dialogues, librement inspirés de ces photos, trouvées au hasard sur la toile. Bon voyage...
mardi 11 juillet 2017
Plus belle la fin
- Pourquoi ça n'arrive jamais dans un couple qu'on respecte les choix de l'autre même quand ils disent la fin du couple ?
- Je ne te suis pas chéri...
- Pourquoi, lorsque l'un des deux désire que ça s'arrête, ça n'arrive jamais que l'autre le comprenne et l'accepte sans insulter ou traîner dans la boue ?
- Y'a un message là Raoul ?
- Non y'a pas de message, c'est une constatation, une pensée, presque un principe. Parce qu'on exprime la vérité d'un coeur qui s'éteint doucement à quelqu'un il faudrait qu'on devienne subitement un salaud, une ordure, un traître, mais merde !
- Tu es très très remonté là... Et pourquoi ce soudain plaidoyer en faveur des incompris dont le coeur s'éteint doucement ? Attends je me mets dans le canapé, j'ai l'impression qu'il va me falloir moins d'altitude au cas où je tombe... Parce que tu sais parfois, on tombe de haut...
- Je vais te raconter une histoire... C'est une histoire vraie qui est arrivée à une amie. Elle vivait avec une célébrité, elle était très fidèle et très amoureuse mais elle sentait que celui qui lui avait donné un enfant était lui seulement très amoureux. Elle a pardonné la première tromperie mais elle l'a quitté à la seconde. Elle a rencontré un autre homme, assez célèbre lui aussi, non pas que c'était une condition à son état séduit mais il se trouve qu'elle évoluait dans un monde artistique. Coup de foudre mutuel, ils vivent ensemble, ils achètent une maison ensemble, et quelques mois avant d'emménager dans cette nouvelle maison il lui dit "j'ai rencontré la femme de ma vie". N'importe quelle femme à ce moment là l'aurait encastré dans le mur, frappé, giflé, insulté, réduit à une image de merde absolue. Elle, elle savait que l'âme de cette homme était belle, elle savait qu'il ne pouvait pas dire cela gratuitement. Elle a juste répondu "je veux la rencontrer". Il a accepté de lui présenter. Et quand elle les a vus, là c'est elle qui me l'a raconté, elle a su. Elle m'a dit "il avait raison, c'était la femme de sa vie, elle était faite pour lui, ça me rendait malade mais c'était le couple parfait, il avait trouvé son autre."
- Et alors ?
- Elle a mis des mois à s'en remettre évidemment mais quelques mois plus tard elle a aussi rencontré son autre, l'homme de sa vie à elle, cette épaule chaleureuse, son ours idéal. Elle m'a alors dit "si on était restés ensemble, ça aurait peut-être marché, peut-être pas, si je l'avais empêché de vivre cet amour évident, je l'aurais détruit, je nous aurais détruits, et aujourd'hui, on est heureux, chacun de notre côté, et heureux d'être restés très complices. La bienveillance est parfois aussi chaleureuse que l'amour."
- Je veux la rencontrer.
- Pardon ?
- Tu ne me dis pas ça pour me raconter l'histoire du jour je te connais, et comme tu adorerais que je réagisse comme cette femme, je te dis que je veux la rencontrer.
- Mais rencontrer qui ?
- Oh arrête Raoul ! Tu me fais Acte II Scène 3 pour me préparer à quelque chose d'assez difficile à digérer je dois te le dire, je te fais l'honneur d'écouter ton discours avec respect et empathie, je suis honnête dans ma réaction parce que je te dis sans détour, là, tout de suite, que j'ai envie de t'encastrer dans le mur mais je sais que tu as raison avec ton histoire et qu'il faut respecter les choses qui arrivent naturellement sans tricherie ni trahison alors ne trahis pas cette réaction et dis-moi à ton tour les choses avec la transparence qu'elles méritent !
- Je t'aime tu sais...
- Mais ?
- Mais quoi ?
- Il y a un mais j'imagine...
- Oui
- Ton coeur s'est éteint
- Un peu oui
- On vit dans le noir et dans le froid depuis des mois si tu crois que j'avais pas remarqué qu'il s'était éteint...
- Mais le tien aussi non ? Un peu...
- Oui un peu c'est vrai...
- Et tu as souvent dit que c'était à cause de moi mais c'est parce que tu avais besoin d'un coupable... Toi aussi tu as parfois compris que la fin rôdait sans qu'on ne puisse faire quoi que ce soit.
- Oui... et ça m'emmerde profondément Raoul excuse-moi d'être vulgaire. Je ne voulais pas de fin moi, quand je signe c'est pour toujours. Mais c'est vrai que certains hivers s'installent plus durablement que d'autres.
- Moi non plus je ne voulais pas de fin, je ne suis pas sûr qu'on décide qu'une histoire dure ou non. Bien sûr si on met tous les ingrédients nécessaires à l'éternité, la compréhension, l'acceptation, la bienveillance encore une fois, si on étouffe un peu son orgueil, son intolérance, si on offre à l'autre autant d'indulgence qu'on en a pour soi-même, alors on peut aller très loin... mais c'est bien plus facile à dire qu'à faire...
- Je la connais ?
- Non
- Tu es amoureux ?
- Oui
- N'aie pas peur de me faire mal, je saurai entendre ce que je te demande maintenant. Dis-moi quelques mots en me parlant d'elle. Je veux sentir ce qui t'anime quand tu en parles.
- Tu ne pourras pas supporter...
- Si je pourrai. Parce que je viens de le décider. Et parce que je sais que tu as raison. Et que l'histoire de ton amie a raison. On ne peut jamais empêcher l'amour, on ne peut que détruire le sien en essayant d'en empêcher un autre. Alors par amour, j'accepte de ne plus être la seule à qui tu ne peux dire ces mots. Parce que tu as déjà voulu me les dire n'est-ce pas ?
- Mille fois. Mais comment raconter à une femme à qui on a tout donné une autre femme à qui on veut tout donner...
- Ce n'est possible que si elle accepte d'aller au-delà de cette douleur orgueilleuse et fière, ce n'est pas simple, il se peut que je lacère la canapé avec mes ongles, mais je suis prête. Fais-le pour moi. S'il te plaît... J'ai besoin de savoir si tu ne te trompes pas toi-même.
- D'accord... C'est elle. Quand je l'embrasse, quand elle m'embrasse, c'est tellement exactement ça... C'est tellement le meilleur baiser possible qu'il est inconcevable de penser qu'une autre femme puisse me dire mieux avec sa bouche. Quand elle me regarde, la couleur de ses yeux repeint le monde entier et tout devient beau. Quand elle me dit son amour, il est parfait, idéal, définitif, fort de tout ce qu'elle attend et qu'elle sait avoir trouvé, fort du mien qui est fait du même feu. Elle sait tout de la routine qui use, de la vie qui sépare ou des mirages des débuts, mais là elle sait, ça bat dans son ventre, et le manque de l'un chez l'autre invente un vide insupportable. Elle pourrait finir toutes mes phrases, je pourrais commencer les siennes, elle sait me lire, elle comprend l'existence de ces imperfections que les autres utilisent pour condamner et elle en fait des fleurs. Elle...
- Tu es amoureux Raoul. Comme tu en rêvais... Comment s'appelle-t-elle ?
- Tu ne chercheras pas à la voir ?
- Ah si ! Je t'ai dit que je voulais la rencontrer. Mais finalement, je n'en ai pas besoin, tes mots à l'instant suffisent. Et je crois qu'ils ont même dessiné son visage tellement ils parlent bien d'elle. Tu sais, mon orgueil de femme devrait te laisser seul sur la chaise du coupable mais je suis tombée amoureuse moi aussi. Il n'est pas aussi bien que toi, il ne me va pas aussi bien que toi, mais il m'aime avec un coeur allumé. Et je me suis laissée faire...
- Elle s'appelle Simone.
Franck Pelé - Juillet 2017
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