samedi 19 janvier 2013

De l'importance de la liaison


- J'ai très envie de vous...

- C'est beaucoup...

- Pardon ?

- Vous avez treize envies de moi vous dites ?

- Oui.

- On ne m'avait encore jamais précisé à ce point ses envies.

- Ah bon ? C'est pourtant assez commun de dire à une femme qu'on a très envie d'elle.

- Excusez-moi mais pour moi, c'est une grande première. En général, on me parle d'envie au singulier.

- Mais c'est une envie singulière.

- Je la croyais plurielle ?

- Oui, enfin au départ c'est une seule envie mais elle a plein de délicieuses déclinaisons.

- Mais vous m'avez dit avoir treize envies !

- Oui, très très envie...

- Pourquoi ce bégaiement, je vous impressionne ?

- Ah non pas du tout, où avez-vu que je bégayais ?

- Bah là ! "Tre-treize envies".

- Mais enfin, je ne bégaie pas, j'insiste sur le fait que j'ai très envie c'est tout ! Oh vous êtes bizarre vous, je ne suis pas sûr d'avoir autant d'envie finalement.

- Combien ? Quatre ? Bonjour le versatile ! Vous passez de treize à quatre en deux secondes !

- Treize quoi ? Quatre quoi ?

- Treize envies ! Vous le faites exprès ou quoi ?

- Aaaaaaaah mais je n'ai jamais dit que j'avais treize envies comme vous l'entendez, j'ai dit que j'avais très envie de vous, très, comme l'adverbe pas comme le nombre ! Alors forcément, avec la liaison vous avez compris que j'avais treize envies.

- Avec la liaison ? Quelle liaison ??? Vous ne seriez pas en train de vous faire un vieux film cher ami ?

- De me faire un vieux film ? Quelle drôle d'expression... C'est à dire ?

- C'est à dire que vous allez un peu vite en besogne ! Il n'y a rien entre nous et vous parlez déjà de liaison ! Et oui, je vous confirme que j'ai bien compris que vous aviez treize envies de moi, et ce depuis le début !

- Très envie, avec "très" l'adverbe on est d'accord... ?

- Je serais étonnée qu'un adverbe soit aussi précis.

- Remarquez je comprends votre étonnement, c'est rare d'avoir treize envies d'une femme.

- C'est ce que je me tue à vous dire depuis le début !




Franck Pelé - Janvier 2013 - textes déposés

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