lundi 23 août 2010

Retour vers le futur

- Raoul, je crois qu'on devrait descendre... S'ils revenaient ?

- A l'heure qu'il est, ils sont déjà loin.

- Mais on parle de qui là ?

- Les petits hommes verts, Simone.

- Mais qui nous dit qu'ils sont verts ? C'est dans les bouquins ça !

- Oui, les soucoupes volantes, c'était dans les bouquins aussi, et là, y'en a une dans le jardin. Il faut fouiller dans leurs affaires, on va peut-être trouver des choses étonnantes...

- Raoul, regarde, là, cette pile de journaux. Alors ils savent lire notre langue ?

- Le Figaro, daté de juillet 2010... Libération, Le Parisien, L'Equipe... 2010... Incroyable...

- Mais on est en 1958 Raoul, c'est impossible !!!

- Ils viennent du futur...

- Ce ne sont pas des extraterrestres alors ?

- Sauf si on livre nos journaux dans l'espace...

- Remarque, ça va être facile de les repérer en ville du coup.

- Pourquoi ?

- Bah tous ceux qui ont 52 ans de plus que nous, ce sont forcément eux !

- Ah d'accord, donc tous les retraités sont des extraterrestres ?

- Heu... Pas faux... Ceci dit, quand on voit comment ils s'habillent, on peut se poser des questions...

- Tu parles pour mes parents là ?

- Raoul, tu ne vas pas me dire que tes parents sont les ambassadeurs du bon goût...

- Ah parce que ta mère avec ses chapeaux qui captent l'ORTF, elle a la classe internationale ?

- Quoi ma mère ?? Au moins, elle capte quelque chose ELLE !

- Bah voyons ! Parce que mes parents, ils sont cons comme la lune !

- Je sais pas mais on n'a qu'à décoller tiens, on pourra vérifier !

- Dis donc Simone, t'as mal dormi ou quoi ? C'est quoi cette agression gratuite là ? T'as un problème avec mes parents ?

- C'est toi qui as fait l'amalgame avec les retraités.

- Ils sont retraités en même temps, donc le raccourci était facile.

- Alors si je parle des retraités, des provinciaux, des dégarnis, des susceptibles, des concierges, des Gaullistes, tu te sentiras toujours visé, via tes parents ?

- Ils ne sont pas susceptibles mes parents !!! Alors que toi, tu sors l'artillerie lourde si j'ose aborder le sujet du chapeau de ta mère !

- Et voilà... Tu recommences. Bon, Raoul, j'ai pas envie de me fâcher, emmène-moi sur la lune... Démarre...

- J'ai pas mon permis soucoupe.

- On s'en fout du permis soucoupe, ça m'étonnerait qu'on croise beaucoup de képis sur la route...

- Peut-être. Mais si on va vers le futur, sans faire exprès, et qu'on se retrouve dans une époque qu'on ne connaît pas ? Avec des gens qu'on ne connaît pas ? Si on se retrouve à devoir utiliser des micro-ondes, des téléphones portables, Internet, si les machines à laver durent cinq ans, si le Président a épousé une chanteuse, si on ne peut plus rouler vite, boire l'apéro, fumer dans les bars, si les villes ont remplacé nos campagnes, si l'économie et le profit ont fait explosé le prix des tomates, du pain, de la salade, des fruits, en même temps que leur goût ? Si les femmes sont séduites par des images, et les hommes par des artifices ? Si les voitures sont tellement nombreuses qu'on ne peut plus avancer sur les routes, et que la pollution de tous les pots d'échappement du monde trouent la couche d'ozone ? Si le petit Domenech, déjà chiant comme la pluie devient sélectionneur de l'Equipe de France ? Si on ne parle plus à table à cause de la télé ? Si on ne s'envoie plus de courrier à cause de l'ère numérique ? Si les femmes se font tirer la peau et refaire les seins pour défier le temps et ressembler à des canards ? Si les....

- D'accord ! D'accord !! D'accord !!!

- Quoi...

- D'accord, j'ai compris, la lune, elle est ici.

- Oui ma chérie, qu'elle soit de miel ou un clair argenté, je suis sûr qu'elle a meilleur goût ici...

- Il fait froid dans le dos ton futur quand même Raoul... Quel pessimiste tu fais.

- Avec tout ce que je lis, je me dis que ça pourrait arriver.

- Mais d'où sors-tu tous ces mots ? Internet, numérique, micro-ondes ?

- Bon, je suis déjà venu cette nuit dans la soucoupe, et j'ai lu un peu leurs journaux, je ne voulais pas te faire peur...

- Raoul, suspends le vol du temps.

- Embrasse-moi...

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